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Grenelle de l'environnement - La Fnaut veut un programme ambitieux pour les transports alternatifs à la voiture

D'ici le 25 septembre, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), qui participe au groupe de travail 1 du Grenelle de l'environnement, aura dévoilé l'ensemble des mesures proposées au gouvernement dans une perspective de réduction de l'impact des transports sur l'environnement et la santé publique. "Non pas quelques mesurettes pour faire beau mais bien un programme, un effort de fond qui nous a mobilisés tout l'été afin que le Grenelle puisse déboucher sur des solutions concrètes et cohérentes", insiste Jean Sivardière, président de la Fnaut.

Premier axe de progrès : l'efficacité énergétique. Au lieu de focaliser sur les seules avancées technologiques des moteurs et carburants, l'écoconduite préconisée par l'Ademe doit être promue, la publicité pour les routes et avions mieux réglementée et la vitesse maximale légale sur routes et autoroutes réduite de 10km/h. Ce qui suppose un vif renforcement des contrôles. Malgré des sondages confirmant l'intérêt des Français pour de telles mesures, Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, s'y oppose pour l'instant.

Deuxième levier : s'appuyer sur les outils réglementaires, financiers ou techniques pour favoriser les transferts modaux au profit des transports collectits (TC), où les besoins de financement sont conséquents. Sans oublier les piétons et le vélo, "qui peut devenir un transport de masse à condition d'y mettre les moyens et de miser pour commencer sur un code de la rue adapté", défend Jean Sivardière. Et d'ajouter qu'"agir sur la tarification est nécessaire car chaque mode doit payer ce qu'il coûte à la collectivité". D'où trois mesures dédiées : une hausse progressive et programmée de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), supérieure de 1% à l'augmentation du salaire moyen afin de dégager des financements attendus du côté des TC en veillant toutefois à ne pas pénaliser les ménages modestes, une écoredevance kilométrique sur le transport de fret et une taxation du kérosène couplée à une écotaxe sur le transport aérien intérieur.

Côté infrastructures, la Fnaut prend àcontre-pied les orientations prises en 2003 en préconisant d'abandonner les programmes de construction d'autoroutes et d'aéroports afin d'investir dans d'autres modes que la voiture et l'avion, par exemple dans ces milliers de kilomètres de voies ferrées à régénérer dans le Sud de la France. Ainsi, le produit des nouvelles écotaxes serait affecté à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), aux ressources financières insuffisantes, et aux régions mais non aux départements "suffisamment riches et n'ayant qu'à dépenser moins pour les routes s'ils veulent encore développer leurs transports par autocar", estime Jean Sivardière. Légaliser le péage urbain est une autre piste d'avenir, tout comme la décision d'encourager les plans de déplacements d'entreprises et d'administrations (PDE-PDA) et les plans de déplacements urbains (PDU) en agglomération moyenne, qui devraient devenir obligatoires.

Les objectifs du plan de la Fnaut se concrétisent dans la formulation d'un troisième axe consacré à la maîtrise de la mobilité et à la manière d'enrayer l'étalement urbain par le biais de mesures foncières et fiscales. Ce qui suppose de revoir les mécanismes de décisions actuels et de rechercher plus de démocratie lors des procédures de consultation et de concertation, qui, aujourd'hui, ne vont pas toujours dans le bon sens, selon la Fnaut. Et, enfin, de clarifier les compétences des collectivités et des autorités organisatrices des transports (AOT) pour en finir avec l'éternel problème de chevauchements de responsabilités. Sur ce dernier point, la Fnaut préconise de renforcer le rôle des agglomérations, notamment en matière de politique vélo et de gestion du stationnement de surface, ainsi que celui des régions. Partant du principe que le département, entité administrative définie "à l'ère du cheval", n'est plus adapté à l'économie d'aujourd'hui, la Fnaut souhaite que les régions aient la responsabilité de définir et de mettre en oeuvre la politique des transports sur leur territoire, aussi bien pour les transports collectifs (TER et liaisons interurbaines par autocar) que pour les grandes voiries routières.

Morgan Boëdec / Victoires Editions