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Transports - La Fnaut formule des propositions aux candidats à la présidentielle

Le 22 février, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports a transmis aux candidats à l'élection présidentielle ses propositions en matière de transports. Et dressé à l'occasion un bilan critique des actions menées dans le domaine.

C’est sous la forme d’une charte que la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a rappelé les principes d’une politique transports. "Si les transports sont un enjeu fondamental, c’est parce que l’organisation de la mobilité des personnes et des marchandises conditionne ou interagit avec de nombreux paramètres de la vie collective tels que la santé publique, le fonctionnement des entreprises, l’urbanisme, l’aménagement du territoire et bien sûr le réchauffement climatique", explique-t-on à l’association. Celle-ci dresse un état des lieux peu optimiste des transports en France. "La mobilité des piétons et cyclistes reste entravée par un trafic routier omniprésent et celle des handicapés ne progresse que lentement", détaille son président, Jean Sivardière. La dégradation des infrastructures, "faute d’investissements réalisés à temps", et les problèmes de desserte des petites villes et zones rurales ou périurbaines n’échappent pas à ce constat. La Fnaut insiste plus particulièrement sur les difficultés rencontrées dans le secteur ferroviaire, où des services tels que le TER ou les trains Intercités sont menacés selon elle de déséquilibre. De même du côté du fret, qui "a diminué de moitié depuis 2000 alors qu’il a bondi de 50% en Allemagne". Elle juge "décevant" le bilan de l’action menée jusque-là par le gouvernement. En effet, aux nombreux espoirs suscités par le Grenelle de l’environnement ont suivi de "sérieuses déceptions".

Un bilan en demi-teinte

Au rang des actions positives, la Fnaut cite la réussite des appels à projets de transports collectifs en site propre (TCSP), ainsi que la généralisation de la prime transport pour les déplacements domicile-travail. Elle considère aussi comme un progrès la meilleure prise en compte des spécificités propres à la pratique du vélo dans le Code de la rue. La décision de généraliser le cadencement des services ferroviaires la satisfait également. L’association se réjouit encore de l’émergence de nouvelles sources de financement, avec la possibilité par exemple de taxer les sociétés autoroutières pour financer le sauvetage des trains d’équilibre du territoire (TET). Un même enthousiasme est à l’oeuvre vis-à-vis du mécanisme affectant les plus-values foncières au financement des TCSP. En revanche, elle regrette l’abandon de la taxe carbone, le retard de certaines mesures (taxe poids lourds) ou la mise à l’écart d’autres projets (taxation du kérosène). Elle estime que "les réouvertures de lignes périurbaines ont été bloquées par l’absurde circulaire Bussereau, qui exige la suppression systématique de tous les passages à niveau". Et ajoute que "les difficultés de financement du transport collectif n’ont au final pas été résolues", avec pour preuve l’abandon du troisième appel à projets prévu pour les TCSP, qui n’a pas eu lieu.

Trois principes-phares

Partant de là, la Fnaut relève trois principes-phares qui devraient sous-tendre les mesures que proposent les candidats à la présidentielle. A savoir : cantonner chaque mode de transport à son domaine de pertinence, faire assumer à chacun de ces modes ses coûts externes en actionnant le levier tarifaire et infléchir l’aménagement du territoire et la politique industrielle dans une perspective de réduction globale des besoins de mobilité. Une dernière voie qui ne peut être explorée que par davantage de densification urbaine, par un effort de revitalisation des villes moyennes et de relocalisation des activités. Pour la Fnaut, une politique nouvelle et efficace des transports ne peut passer que par "une profonde révision du choix des infrastructures nouvelles, encore beaucoup trop axé sur la route". Elle exige en ce sens l’abandon des projets d’infrastructures autoroutières, aéroportuaires (Notre-Dame-des-Landes) ou de canaux à grand gabarit (Seine-Nord, Saône-Moselle). Et considère, entre autres, qu’il reste à accélérer les investissements dans les TCSP urbains, à régénérer et moderniser le réseau ferré classique et à mieux hiérarchiser les projets de LGV. En matière de fiscalité, elle préconise une diminution du niveau du barème fiscal kilométrique, une taxation du kérosène consommé par les avions en trafic intérieur, l’introduction d’une écoredevance sur le billet d’avion (pour financer les LGV) et la hausse des taxes sur les péages autoroutiers (pour financer les trains Intercités). Enfin, en matière de réglementation, elle milite en faveur d’un approfondissement du Code de la rue, d’un raffermissement des normes environnementales sur les rejets polluants des véhicules, sur la possibilité d’expérimenter le péage urbain dans toutes les villes et d’augmenter la part régionale de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP).