La FFB reste prudente sur la reprise de la construction, mais l'emploi repart fortement
Rebond des maisons individuelles mais recul des logements collectifs dans les zones tendues, lente reprise en amélioration-entretien, crise des matériaux, dynamique de l'emploi... l'état des lieux dressé par la Fédération française du bâtiment (FFB) est nuancé.
Le 14 septembre, la Fédération française du bâtiment (FFB) tenait sa traditionnelle conférence de presse de rentrée. Le titre retenu – "Une relance bridée" – donne le ton et cache, sans surprise, quelques revendications récurrentes du secteur. Mais il coïncide assez bien avec la réalité de la situation de la construction et du logement à la fin du premier semestre de cette année (voir notre article du 30 juillet 2021).
Après "l'effondrement lié au premier confinement", le premier semestre 2021 "s'inscrit en net rebond par rapport à celui de 2020". Mais ce rebond est très inégal. Il est très prononcé pour les maisons individuelles (+18,3% sur les permis et +16,3% sur les ventes), ce qu'on peut voir comme une conséquence de la crise sur les désirs des Français en matière de logement (même si la tendance existait déjà avant la pandémie). En revanche, "les tendances restent clairement mauvaises pour la construction de logements collectifs et de bâtiments non résidentiels". Si les mises en chantier s'améliorent un peu (+3,5% sur deux ans, en grande partie avec un effet report des projets qui n'ont pu commencer en 2020), les permis et les ventes reculent encore d'environ 7%. La FFB apporte une précision intéressante : "cette crise du collectif s'avère limitée aux grandes agglomérations". La comparaison entre les sept premiers mois de 2019 et 2021 montre en effet une chute de 11% du collectif en zone A, A bis et B1, alors qu'il progresse de 21% ailleurs et que l'individuel se redresse partout.
Ces informations conduisent la FFB à "réviser [ses] prévisions à la marge. Nous anticipons aujourd'hui un repli de 5% de l'activité par rapport à 2019, fruit d'une situation moins dégradée dans le logement neuf grâce à l'individuel, elle-même pour partie compensée par une reprise plus progressive que prévu en amélioration-entretien. Toutefois, ce repli global ne doit pas masquer des carnets de commande qui restent bien garnis et des perspectives d'activité assez bien orientées". Cet optimisme mesuré reste certes soumis à un impondérable : "une crise des matériaux qui reste d'actualité". La FFB indique ainsi que les prix restent orientés à la hausse en septembre, notamment – mais pas seulement – pour les produits en bois, PVC et acier. Pour l'instant, les entreprises "font le dos rond, parfois dans un effort partagé avec les donneurs d'ordres", mais "les trésoreries se détériorent, alors que les marges peinent toujours à se redresser".
La – très – bonne nouvelle vient du côté de l'emploi. La FFB évoque même "l'impressionnante dynamique de l'emploi dans le secteur", qui tiendrait à "la profondeur des carnets de commandes". Résultat : par rapport au premier semestre 2019, près de 70.000 postes ont été créés dans le bâtiment, malgré la perte de 5.300 équivalents-emplois à temps plein en intérim. La FFB ne manque pas de souligner "qu'avec 5,6% de croissance sur deux ans, la construction s'avère le seul grand secteur à afficher des hausses d'effectif salarié". Revers de la médaille : "C'est aussi à la lumière de ces tendances très positives de l'emploi qu'il faut lire les difficultés de recrutement du secteur."