Social - La DGCS et l'Unccas dressent un premier bilan encourageant sur le coffre-fort numérique
La direction générale de la cohésion sociale (DGCS) et l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) pilotent, depuis six mois, une expérimentation au sein de 16 CCAS issus de territoires divers, pour mieux comprendre l'utilité des solutions de coffre-fort numérique. Les publics cibles sont à la fois les personnes accompagnées et les travailleurs sociaux. Cette expérimentation s'inscrit dans un contexte d'intérêt croissant des acteurs publics, mais aussi des associations, pour le coffre-fort numérique.
Accéder à tous ses documents administratifs pour justifier de sa situation ou entamer une nouvelle démarche pour trouver un travail, un logement, obtenir une prestation sociale : un geste de tous les jours qui, pour certains publics fragiles, peut relever du parcours du combattant. Pour ceux qui n'ont pas de domicile ou peinent à rassembler leurs papiers, le coffre-fort numérique pourrait être une solution. Cet espace en ligne sécurisé permet de stocker de manière fiable, confidentielle et pérenne, les documents dont l'usager a besoin au quotidien.
Une telle solution trouve les faveurs d'un nombre croissant d'usagers et les banques en mettent en place. Fin 2016, c'est le ministère de l'Education nationale qui a annoncé recourir au coffre-fort numérique de La Poste, Digiposte+, au bénéfice de tous les élèves qui le souhaiteraient, pour stocker les e-diplômes, les attestations de diplômes et de réussite. Du côté de l'économie sociale et solidaire, le groupe SOS avait en 2015 lancé Reconnect, un "cloud solidaire" permettant de stocker les documents administratifs des personnes en grande précarité, avec le soutien du conseil régional d'Ile-de-France et de la direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement (Drihl).
La DGCS et l'Unccas main dans la main contre la fracture numérique
C'est dans ce contexte que, mi-2016, la DGCS et l'Unccas se sont associées pour diffuser cet outil auprès de CCAS pilotes. "L'Unccas a pu identifier des CCAS intéressés au sein de son réseau", précise Mathilde Duval, chargée de mission à la direction générale de la cohésion sociale. "Ce co-pilotage avec l'Unccas nous a permis de toucher une très grande diversité de territoires ; ultramarins, urbains, périurbains, mais aussi ruraux. Au terme de l'expérimentation, en octobre 2017, nous pourrons, avec l’Unccas, entreprendre la rédaction d'un vade-mecum qui apportera des indications concrètes aux CCAS qui veulent recourir aux solutions de coffre-fort numérique."
L'expérimentation intervient dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté, mais aussi du plan national pour le travail social. En effet, 240 agents sont engagés dans le projet et la plupart a reçu une formation spécifique. Ils estiment, majoritairement, que le coffre-fort numérique peut s'avérer utile dans l'exercice de leur mission. En effet, la médiation numérique prend une place croissante dans l'accompagnement que les travailleurs sociaux doivent assurer auprès des publics en besoin. "Notre expérimentation vise à mettre en valeur cette nouvelle solution et à aider les CCAS à l'apprivoiser", analyse Stéphanie Brun, cheffe du bureau de l’animation territoriale à la DGCS. "Favoriser l'appropriation, à la fois par les travailleurs sociaux et les personnes accompagnées. Ce type de partenariat avec des CCAS pilotes est à même ensuite d'accélérer, si l’expérimentation s’avère concluante, la diffusion de cet outil, sans qu'il ne s'agisse à aucun moment de créer une nouvelle obligation."
Dans les CCAS, le numérique de plus en plus crucial
Du côté du terrain, l'initiative fait sens. "Ces dernières années, le rythme de dématérialisation des démarches administratives a été très soutenu", observe Muriel Lamarche, coordinatrice des services publics de quartier à Amiens, une des villes impliquées dans l'expérimentation. "Au-delà des publics très précaires qui ne peuvent pas garder leurs documents en sécurité, toutes les personnes que nous prenons en charge auront besoin, d'ici quelques années, d'avoir un double numérique de l'ensemble de leurs pièces justificatives. Il s'agit d'un chantier de premier plan, car pour l'heure les personnes que nous accompagnons peinent avec la dématérialisation." Pour faciliter les démarches des demandeurs, Muriel Lamarche espère la mise en place rapide de solution de transferts d'informations automatisés entre différentes administrations. Une logique déjà défendue par la SGMAP, par exemple avec le projet FranceConnect, qui permet peu à peu la complétion automatique des données fiscales sur les formulaires des portails familles des collectivités qui le souhaitent.
Pour l'heure, la DGCS et l'Unccas vont réaliser une étude approfondie pour mieux comprendre les usages du coffre-fort numérique. On connaît, d'ores et déjà, les noms des cinq offreurs de coffre-fort numérique auxquels les 16 CCAS expérimentateurs ont fait appel ; il s'agit d'Adileos, CDC-Arkhineo/Primobox, Coffreo, La Poste,et Reconnect de SOS. L'expérimentation proprement dite, quant à elle, prendra fin en octobre prochain.