Les chèques "médiation numérique" entrent dans leur première phase d'expérimentation nationale
L'Agence du numérique annonce la mise en place d'une expérimentation du "chèque numérique", ou chèque #Aptic, dans quatre villes de trois départements. Il s'agira, avec ce dispositif, de valoriser la filière de la médiation numérique et de lutter contre les effets pervers de la dématérialisation administrative.
Du 19 avril à la fin mai 2017, les usagers des centres des finances publiques de Romans-sur-Isère (Drôme), Libourne et La Réole (Gironde) et Saint-Denis de la Réunion, pourront se voir distribuer des "chèques numériques" et s'adresser à des professionnels locaux afin d'être assistés dans leur démarche de déclaration des revenus en ligne. Dans chaque département, cent chéquiers de cinq chèques seront répartis pour cette première expérimentation. A la Réunion, c'est le Crij (centre régional d'information jeunesse) et le Cemea qui assureront l'accompagnement des usagers et recevront un paiement via le chèque numérique. A Romans-sur-Isère, les formations seront assurées par la médiathèque et l'espace public numérique de l'entreprise Archer. Ces différents cas de figure représentent bien la diversité de l'écosystème de la médiation numérique : le "chèque numérique" vise, avec un fonctionnement proche de celui du chèque restaurant, à valoriser l'impact social positif de cette filière méconnue et disparate.
Financer et rendre visibles les activités de médiation numérique
De nombreuses enquêtes montrent que le besoin de formation sur les démarches administratives en ligne se fait de plus en plus pressant. Dernière en date, une étude du Credoc qualifiait la dématérialisation de "double peine" pour les publics fragiles, avec notamment une augmentation possible du non-recours aux prestations sociales (voir notre article du 13 avril). La coopérative d'intérêt collectif Médias-Cité, basée à Bordeaux, a donc développé un chèque permettant de faciliter le parcours des usagers souhaitant s'initier au numérique. En recourant au chèque, l'administration améliore la maîtrise de son outil numérique par ses usagers ; de son côté, l'acteur de la médiation numérique améliore son modèle économique. Il s'agit de l'une des pistes possibles pour équilibrer le coût de la dématérialisation. En effet, pour l'heure, certaines structures publiques rationalisent leur activité grâce au numérique, quand d'autres prennent en charge le coût de la formation des usagers - et parmi elles les collectivités. Gérald Elbaze, associé à Médias-Cité et initiateur du chèque en Nouvelle-Aquitaine, se réjouit d'un début de généralisation au niveau national. "Le chèque prend tout son sens s'il se déploie partout en France", déclarait-il à Localtis. "La plupart des structures qui dématérialisent leur démarche agissent en effet au niveau national". C'est le cas de la DGFiP, qui devient donc le premier partenaire de choix du chèque numérique.
Le projet dispose de nombreux soutiens
L'Agence du numérique annonce une première évaluation du dispositif en juin, pour une possible généralisation dans le courant de l'année. Outre les apports des commanditaires des chèques, l'initiative de Médias-Cité dispose du soutien de la fondation Afnic, l'organisme qui gère le registre des noms de domaine en .fr, qui complète les fonds alloués aux chèques. Enfin, le chèque numérique est lauréat de La France s'engage, un label officiel décerné aux projets prometteurs de l'économie sociale et solidaire. Parce qu'il est porté par une coopérative, et non par l'Etat, le projet pourrait continuer à se développer, même si le niveau de soutien politique à la médiation numérique venait à évoluer.