En bref - E-administration et difficultés sociales : la "double peine"
Lorsque l'on demande aux Français "l’objectif principal que doivent se fixer les pouvoirs publics en matière d’administration en ligne", la réponse la plus souvent citée (28%) est de "proposer une aide et un accompagnement dans des lieux de proximité aux personnes qui souhaitent apprendre à réaliser de telles démarches sur internet", loin devant la sécurisation des sites (9%), la mise en place d'outils d'aide en ligne (15%), ou encore une plus grande communication autour de l'e-administration (16%). C'est l'un des résultats qui ressort de l'enquête Credoc "Conditions de vie et aspirations" menée mi-2016 ; preuve que les Français sont attachés aux initiatives de proximité que peuvent déployer les collectivités au service de la médiation numérique.
Le Credoc fait paraître, en ce mois d'avril, un quatre-pages consacré à la "double peine des personnes en difficulté" face à l'e-administration : les publics pour qui les démarches administratives sont les plus cruciales s'avèrent aussi être celles pour qui la mutation numérique est la plus difficile. Ainsi, 40% des interrogés sont inquiets face à la perspective d'une dématérialisation totale des démarches administratives, mais ce taux monte à 72% chez les plus de 70 ans, et 68% chez les non-diplômés. Selon le Credoc, l'e-administration, manquant de souplesse, correspond mal aux situations complexes de certains demandeurs. La difficulté à trouver les informations pertinentes en ligne serait donc "une des raisons du non-recours à certaines prestations sociales", de même que les difficultés à gérer les mots de passe, ou encore les pièces justificatives dématérialisées. Des constats qui viendront confirmer les récentes inquiétudes du Défenseur des droits, quant à la dimension inégalitaire de l'administration électronique (voir notre article du 3 avril 2017).