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Culture - La coopération transfrontalière au secours de la langue basque

Les langues régionales vivent actuellement une période faste, avec successivement le débat et la déclaration du gouvernement sur le sujet à l'Assemblée nationale le 7 mai dernier, l'annonce d'un projet de loi et le vote, le 22 mai, d'un amendement au projet de loi constitutionnelle de modernisation des institutions de la Ve République élevant les langues régionales au rang de patrimoine national. C'est désormais au tour de la coopération transfrontalière de voler au secours de ce patrimoine. Le 26 mai, les responsables de l'Office public de la langue basque (OPLB, soutenu par la région Aquitaine et le département des Pyrénées-Atlantiques) et ceux du gouvernement autonome basque espagnol ont annoncé, à Bayonne, le lancement de 62 projets de coopération transfrontalière pour le développement de la langue basque. Sélectionnés à l'issue d'un appel à projets, les dossiers retenus - portés par une cinquantaine d'opérateurs - s'inscrivent dans le cadre de l'accord de coopération transfrontalière pour le soutien à la langue basque, signé en février 2007. En dépit de cet aspect transfrontalier, les projets concernent uniquement la France, où le basque est davantage menacé qu'outre-Pyrénées. Une enquête réalisée lors de la préparation de cet appel à projets, et dont les résultats seront dévoilés le mois prochain, montre en effet un recul du nombre des locuteurs, lié à l'extinction générationnelle. Un engouement - mesuré - se fait toutefois jour chez les plus jeunes : le nombre de locuteurs est désormais plus élevé chez les moins de 20 ans que chez les 30-40 ans.
Les 62 projets retenus vont bénéficier d'une enveloppe de 1,34 million d'euros. Le gouvernement basque participe à ce financement à hauteur de 460.000 euros, bien qu'aucun projet ne concerne directement le territoire espagnol. Les acteurs historiques de la langue basque - Seaska (fédération regroupant les établissements d'enseignement), l'association AEK ou le réseau des radios bascophones - bénéficient de la plus grande part de ces crédits. Le jury a toutefois fait preuve d'une volonté d'ouverture, en sélectionnant notamment 9 projets dans le secteur des médias et 14 dans celui des loisirs.
Selon les chiffres de l'Institut culturel basque - qui remontent à 1993 - 55.000 habitants du Pays basque français parleraient l'euskara, pour une population totale de 212.000 habitants. Selon l'Education nationale, 11.062 élèves suivraient des cours de basque. Même en tenant compte des différences de population, ce chiffre se situe très loin derrière le breton (23.432 élèves), le corse (34.598), le tahitien (50.000), l'occitan (plus de 80.000) et surtout l'alsacien (163.820 élèves, après un doublement en cinq ans).

 

Jean-Noël Escudié / PCA