La Convention de Berne approuve le déclassement de la protection du loup

La Convention de Berne, qui assure la protection de la faune principalement en Europe, a approuvé ce 3 décembre un déclassement du statut de protection du loup, qui va passer d'espèce "strictement protégée" à "protégée". Tandis que l'Association des élus de la montagne (Anem) se félicite de cette décision, les ONG environnementales comme France Nature Environnement (FNE) y voient "un choix démagogique qui n’apporte aucune solution".

Le comité permanent de la convention de Berne, réuni à Strasbourg, a approuvé ce 3 décembre une proposition de déclassement du statut de protection du loup présentée par l'Union européenne (UE), pour le faire passer d'espèce "strictement protégée" à "protégée". "La modification entrera en vigueur dans trois mois, sauf si au moins un tiers des parties à la Convention de Berne (17) s'y oppose", a précisé le Conseil de l'Europe dans un communiqué. "Si moins d'un tiers des parties s'y oppose, la décision entrera en vigueur uniquement pour les parties qui n'ont pas formulé d'objections", a-t-il ajouté. La Convention de Berne est composée des 46 Etats membres du Conseil de l'Europe, exception faite de Saint-Marin, ainsi que de quatre Etats africains : le Burkina Faso, le Maroc, le Sénégal et la Tunisie. L'Union européenne en fait également partie.

Augmentation de la population de loups

L'UE a justifié sa demande de déclassement par la nécessité de mieux protéger le bétail dans un contexte d'augmentation de la population des loups, qui a pratiquement doublé en Europe en l'espace de 10 ans, pour atteindre 20.300 individus en 2023. Si nombre d'éleveurs plaidaient pour cette décision, qui va permettre d'abattre plus facilement le canidé, des associations de protection des animaux ont mis en garde contre un risque de fragilisation de l'espèce. France Nature Environnement (FNE) y voit "un choix démagogique qui n’apporte aucune solution".

Des mesures de protection efficaces plutôt qu'une facilitation des tirs, défend FNE

Pointant le "rôle majeur" de la France dans cette décision et rappelant le choix du gouvernement d’inscrire l’objectif de déclassement dans le Plan national d’actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage, la Fédération des associations françaises de protection de la nature et de l'environnement estime qu'il s'agit d'abord de "faciliter les tirs de loups", "en faisant fi des réalités scientifiques". "Les loups visés ne seront pas forcément ceux qui ont causé des dommages sur des troupeaux, donc cela ne règlera aucunement les difficultés des éleveurs et bergers", affirme-t-elle. "La présence du loup est une réalité durable : la seule voie possible est donc celle de la coexistence, qui passe par des mesures de protection efficaces qui ont fait leurs preuves : chiens de protection, clôtures et présence humaine", souligne-t-elle. "Malgré le déclassement, la Convention de Berne comme la Directive Habitats prévoit que les gouvernements prennent les mesures nécessaires pour que les 'prélèvements' restent compatibles avec le maintien de la population dans un état de conservation favorable, rappelle FNE. Les autorisations de destruction prises devront faire l’objet d’un système de surveillance afin que l’Etat puisse garantir la viabilité de l’espèce."

Les élus de la montagne en soutien des éleveurs

A l'opposé, l’Association nationale des élus de la montagne (ANEM) s'est félicitée de cette décision. "L’Anem a toujours soutenu les éleveurs de montagne et le pastoralisme, activité essentielle à l’aménagement du territoire et au maintien des paysages ouverts, souligne-t-elle dans un communiqué. Les éleveurs de montagne doivent pouvoir assurer la défense de leurs troupeaux et espérer travailler dans des conditions plus sereines." Pour défendre les éleveurs face à la prédation, elle demande, notamment, "des indemnisations plus justes, la prise en compte de l’impact de la prédation sur la santé des éleveurs, un statut du chien de protection de troupeaux et l’organisation de la filière de production des chiens".