Le gouvernement finalise le plan Loup avec des règles de tirs assouplies
Le gouvernement a annoncé ce 21 février avoir finalisé le nouveau plan Loup avec, comme souhaité par les éleveurs, des règles assouplies pour tirer sur les bêtes menaçant les troupeaux, au grand dam d'associations de défense de l'environnement.
"Nous aurons un arrêté de tir d'ici la fin de semaine, qui est simplifié conformément aux demandes qui avaient été formulées par beaucoup d'éleveurs", a déclaré le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, ce 21 février lors d'une conférence de presse organisée à trois jours du Salon de l'agriculture, dans un contexte de fronde du monde agricole.
Selon le ministre, le plan Loup 2024-2029, dont la préfète d'Auvergne-Rhône-Alpes est la coordinatrice, a été présenté mardi "dans sa version définitive". La préfecture l'a décrit dans un communiqué comme un plan "soucieux de la préservation de l'élevage extensif et pastoral" grâce notamment à "un protocole de tirs révisé", une nouvelle "méthode d'estimation de la population lupine" ou encore "une revalorisation de 11 à 32/33% des barèmes d'indemnisation des pertes directes des éleveurs touchés".
Censé représenter un "tournant" vers un "meilleur équilibre" entre protection des troupeaux et conservation de cette espèce menacée, ce texte, qui a été mis en consultation publique à l'automne dernier doit remplacer le précédent plan expiré depuis fin 2023.
Les arrêtés du plan devraient être "tous signés vendredi" et le plan définitif "sous doute publié à l'occasion du Salon de l'agriculture", a indiqué la Fédération nationale ovine (FNO), branche spécialisée de la FNSEA, à l'issue d'une réunion au ministère à laquelle ont assisté certains de ses représentants. "Nous sommes plutôt contents", a déclaré Claude Font, éleveur ovin en Haute-Loire et "référent loup" de la FNO, après cette réunion en se félicitant notamment d'un "vrai travail de transparence" sur les méthodes d'estimation des effectifs. "Il y a des avancées et des choses positives, (....) ces annonces vont dans le bon sens", a commenté Michèle Boudoin, présidente de la FNO. "Nous cherchons simplement à protéger nos troupeaux."
Inquiétudes des associations de défense de l'environnement
De leur côté, les associations de défense de l'environnement, qui avaient claqué la porte des négociations à l'automne dernier, se disent "déçues" et "inquiètes". "Simplifier les tirs, c'est envoyer un très mauvais signal et ce n'est pas acceptable", a fustigé auprès de l'AFP Cédric Marteau, directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui dit "réfléchir aux moyens de contrer" le plan et l'arrêté, y compris par la voie judiciaire.
"Cela va conduire à pouvoir tirer sur davantage de loups et cela nous inquiète particulièrement, car on sait que les éleveurs ont pour ambition d'augmenter le quota de loups" à abattre chaque année, a indiqué Sandrine Bélier de l'association Humanité et Biodiversité. Augmenter les tirs, "ça ne réglera absolument pas le problème", selon elle. "Pire, ça risque même de l'aggraver en dispersant davantage les meutes, ce qui entraînera davantage d'attaques de loups solitaires", renchérit Cédric Marteau.
Ces deux associations dénoncent par ailleurs la "méthode de dingues" selon eux du gouvernement. "On nous a fait croire que le débat était ouvert, mais ni la consultation publique ni l'avis du Conseil national de protection de la nature (CNPN) n'ont été pris en compte. On a l'impression de prêcher dans le vent", déplore Cédric Marteau, appelant au lancement d'un "vrai débat public" et à "écouter davantage ce que dit la science" plutôt que de "céder toujours à ceux qui hurlent".
Une version présentée en septembre - décriée tant par les organisations environnementales que par les éleveurs (voir notre article du 18 septembre 2023) - prévoyait déjà une simplification des protocoles des tirs destinés à abattre les loups attaquant les troupeaux.
Lettre de six départements du Sud-Est dénonçant l'"inaction" des autorité
Plus d'un mois après la clôture de la consultation publique, six départements du Sud-Est avaient adressé une lettre au ministre de l'Agriculture pour dénoncer "l'inaction" des autorités et réclamer une "accélération de l'application de mesures renforcées de protection des troupeaux et des filières". "Nous sommes consternés par cette inaction et par cette paralysie de l'action publique alors que la crise liée aux attaques lupines n'est pas apparue subitement mais s'est aggravée progressivement au cours des dernières années", disait leur courrier.
Après avoir un temps disparu en France, le loup, une espèce strictement protégée, est réapparu au début des années 1990 en traversant les Alpes depuis l'Italie, et ses rangs ont progressivement grossi. Leur nombre a été estimé début septembre à 1.104. Avec un quota de tirs de 19% de la population lupine par an, jusqu'à 209 loups peuvent actuellement être abattus en France. Les éleveurs ont déploré plus de 12.000 têtes de bétail attaquées en 2022.