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Joëlle Martinaux, présidente de l'Unccas : l'accompagnement social est "non-substituable"

L'Union nationale des centres communaux et intercommunaux d'action sociale vient de publier la synthèse des échanges qui se sont tenus lors de son congrès à Reims, les 17 et 18 octobre 2017. Au même moment, le réseau des CCAS était présent au lancement par le président de la République de la stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes. L'occasion pour l'Unccas de porter une certaine approche de l'"investissement social" dont Joëlle Martinaux, sa présidente, nous a parlé.   

"La lutte contre la pauvreté et l'accompagnement des personnes vulnérables nécessitent un investissement social", insiste Joëlle Martinaux, maire-adjointe de Nice et présidente de l'Union nationale des CCAS. Réunies à Reims pendant deux jours, les 17 et 18 octobre, quelque 850 personnes – principalement élus et agents de CCAS et CIAS – se sont attachées à donner du sens à cette notion d'investissement social. Le maintien d'un service d'aide à domicile, la lutte contre les inégalités territoriales, l'action en faveur des enfants et des jeunes ou encore l'accompagnement social ont notamment été abordés (ces échanges ont fait l'objet d'une synthèse publiée le 8 novembre - voir lien ci-dessous).

L'accompagnement social, indispensable et incompressible

Au premier jour de ce congrès, le 17 octobre, Joëlle Martinaux a de surcroît eu l'occasion de porter le message des CCAS à l'Elysée, au moment où le président de la République lançait la concertation sur la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes (voir notre article du 17 octobre).
La présidente de l'Unccas a insisté sur le caractère "inconditionnel et non-substituable de l'accompagnement social" et sur le rôle des travailleurs sociaux. "Les associations sont indispensables pour la cohésion des territoires mais ne peuvent pas remplacer des travailleurs sociaux", estime-t-elle. Pour qu'une personne très vulnérable retrouve de l'autonomie – par le travail, le logement –, "un accompagnement de 18 mois, de deux ans est parfois nécessaire".
L'ajointe au maire de Nice a par ailleurs défendu le rôle des CCAS et CIAS, "portes d'entrée de premier recours, de premiers secours pour les publics les plus vulnérables". Pour éviter les "déserts sociaux", l'Unccas souhaite qu'un "schéma d'accompagnement très social" soit obligatoire sur tous les territoires, et notamment les territoires très ruraux.

Un partenariat avec les départements jugé insuffisant sur certains territoires

Autre point d'importance pour Joëlle Martinaux : le nécessaire décloisonnement entre les différentes institutions. Si la présidente de l'Unccas juge plutôt favorablement le partenariat entre CCAS et associations, elle estime que, sur certains territoires, la collaboration entre CCAS et départements laisse à désirer. "Nous revendiquons d'être systématiquement associés à la conférence des financeurs qui est portée par le conseil départemental ; ce n'est pas le cas sur tous les territoires", illustre-t-elle. "C'est un réel état d'esprit. On peut faire aussi bien avec un peu moins, quand on mutualise nos actions", poursuit-elle.
Le réseau des CCAS et CIAS entend partager son expertise localement, ainsi que dans le cadre des différentes concertations actuellement conduites par le gouvernement – sur la pauvreté, mais aussi le logement ou encore les Ehpad. Pour Joëlle Martinaux, la méthode présentée le 17 octobre par Emmanuel Macron est "rassurante", dans la mesure où celle-ci doit s'appuyer sur "les retours de terrain", valoriser "ce qui fonctionne" et "remettre en question ce qui pourrait ne pas être efficace".

Ce qui fonctionne : écoles de la deuxième chance, apprentissage, pensions de famille...

Il y aurait ainsi de nombreux exemples d'"actions innovantes qui sont tuées dans l'œuf pour des raisons réglementaires, administratives ou juridiques". Il serait notamment "quasiment impossible" à l'heure actuelle pour un CCAS de "mixer des financements publics et privés", explique la présidente de l'Unccas.
Du côté de ce qui fonctionne, Joëlle Martinaux cite les écoles de la deuxième chance, l'apprentissage et, plus globalement, les réorientations de personnes ayant décroché de la formation et de l'emploi - notamment des jeunes, mais aussi des femmes élevant seules leurs enfants. Sur "le parcours résidentiel des personnes vulnérables", la vice-présidente du CCAS de Nice met en avant les pensions de famille. Sur ce sujet comme sur d'autres, elle appelle à "lever les réserves" et à "construire mieux avec toutes les exigences budgétaires auxquelles on est contraint". 

 

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