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Sports - Jean-Paul Huchon : "La région proposera une concertation avec la population sur la candidature de Paris aux JO 2024"

C'est officiel depuis le 23 juin : Paris est candidate à l'organisation des Jeux olympiques de 2024. Face à de sérieux concurrents - dont la liste définitive sera connue en septembre -, la capitale française entend proposer une organisation vertueuse, c'est-à-dire économe en équipements, compatible avec les exigences du développement durable et porteuse d'un legs social, économique et culturel. L'expérience montre pourtant qu'en la matière les meilleures intentions sont parfois difficilement compatibles avec la réalité. Ainsi les budgets initialement prévus sont quasi systématiquement dépassés. Celui de Londres 2012 est passé de 7,4 à 14,8 milliards d'euros. Pour Paris 2024, le chiffre de 6 milliards annoncé pourrait grimper jusqu'à 10 milliards en ajoutant les frais de sécurité. Avec 62% de Franciliens favorables à la tenue des Jeux dans leur région, selon un sondage Ipsos pour L'Equipe paru en février dernier, les principaux acteurs du dossier surfent pour le moment sur une vague favorable. Et alors qu'une consultation de la population, aux contours encore très flous, a été annoncée par différents acteurs du dossier, on sait que le soutien populaire sera l'une des clés du succès. Boston venant de jeter l'éponge faute d'un tel appui. Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France, fait le point pour Localtis sur l'avancée de la candidature de Paris et revient plus largement sur la politique sportive de la région.

Localtis : Quelle place la région revendique-t-elle dans le projet de candidature et comment vont se répartir les rôles avec le mouvement sportif, la ville de Paris et l'Etat ?

Jean-Paul Huchon : Le mouvement sportif, mené par Bernard Lapasset, dirige la candidature. La région, la ville et l'Etat, sur un pied d'égalité, forment un pack pour le soutenir.

Les trois quarts des sites pressentis pour accueillir les Jeux étant situés hors de Paris, comment la région va-t-elle organiser le dialogue avec les collectivités concernées ?

En ce qui concerne l'implantation des sites, l'Association Ambition Olympique et Paralympique, où siègent mouvement sportif et pouvoirs publics, rendra sa décision dans le courant de l'automne. Il ne faut cependant pas se focaliser sur les sites, la candidature devra avoir des retombées pour tous les Franciliens. Elle est pensée en ce sens et la région profite du dialogue permanent qu'elle entretient avec l'ensemble des collectivités franciliennes pour faire avancer le projet. Elle proposera au mouvement sportif des initiatives pour une concertation et une mobilisation de l'ensemble de la population. Naturellement, les jeunes seront appelés en priorité pour nourrir le projet.

Où en est le choix des futurs sites olympiques ?

La plupart des infrastructures existent déjà car la candidature de 2012 a laissé un héritage. La région et l'Etat s'étaient engagés à construire les équipements structurants du territoire régional. L'engagement a été tenu : le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines a ouvert ses portes début 2014 et a déjà accueilli les championnats du monde de cyclisme sur piste. De la même manière, les travaux de la base nautique de Vaires-sur-Marne ont d'ores et déjà commencé, financés par la région. La candidature ne devrait donc pas être trop coûteuse et est évaluée à 3,1 milliards d'euros [pour les infrastructures, hors frais d'organisation des compétitions et de sécurité, ndlr]. Le Stade de France devrait jouer un rôle majeur. Il ne manque finalement plus que trois équipements majeurs : la piscine, le village olympique et le centre des médias.

Alors que les frais pour mener à bien le dossier de candidature durant deux ans, estimés à 60 millions d'euros, devaient être financés par le secteur privé, les pouvoirs publics prendront finalement en charge au moins 30 millions. En cas de défaillance des partenaires privés, qui ne se sont pour l'instant pas manifestés pour compléter la cagnotte, la région aidera-t-elle à boucler ce budget ?

La région s'est engagée, au même titre que l'Etat, la ville et le mouvement sportif, à financer la candidature à hauteur de 10 millions d'euros. La qualité de la candidature et l'engouement qu'elle suscite nous mettent pour le moment à l'abri d'une défaillance des partenaires privés. Je ne pense pas que cela changera.

En matière de sport pour tous, quelles sont les priorités de la région et comment les met-elle en œuvre ?

Le rôle de la région est d'accompagner le mouvement sportif pour que tous les Franciliens pratiquent leur passion. L'Ile-de-France est fortement carencée en équipements sportifs de proximité. C'est pourquoi la région finance la construction de très nombreux équipements. Nous avons lancé un plan Piscines permettant de financer plus de 40 piscines depuis 2008. Nous avons aussi aidé depuis 2011 à transformer plus de 70 terrains en stabilisé en terrains synthétiques, ce qui accroît considérablement leur temps d'utilisation. Nous avons aussi fait le choix d'accompagner le mouvement sportif selon deux principes : la confiance et la durée. Cela se traduit par des conventions pluriannuelles que nous avons signées avec près de 80 comités régionaux et ligues afin que le mouvement sportif puisse assurer son développement. Nous les accompagnons également pour mieux former dirigeants et encadrants ou organiser des grandes compétitions, régionales, nationales et internationales. Enfin, il y a les pratiques sportives de loisirs. De ce point de vue, les douze bases de loisirs régionales offrent aux Franciliens des activités très diversifiées et des espaces naturels magnifiques.

Quel est le rapport de la région avec le sport de haut niveau ?

La région ne soutient pas directement le sport de haut niveau. Ce n'est pas son rôle de financer le sport professionnel. En revanche, elle finance des équipements structurants du territoire régional comme l'INF Clairefontaine [de la Fédération française de football, ndlr], le centre du rugby à Marcoussis, le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, l'ArenIce de Cergy-Pontoise ou la Maison du handball. Tous ces équipements permettent aussi bien l'excellence que l'initiation et la pratique sportive du grand public.

 

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