Economie / Finances - Investissement : François Hollande veut apporter des garanties aux PME
"La clé, c'est l'investissement. C'est la raison pour laquelle toute la mobilisation du gouvernement, pour les mois qui viennent, c'est de favoriser la reprise de l'investissement." C'est en ces termes que le président de la République avait conclu son discours du 9 septembre visant à saluer, un an après leur lancement, les 34 plans de la Nouvelle France industrielle. Identifiant "des résistances" et "des obstacles" liés notamment aux fluctuations de la demande, le chef de l'Etat repérait aussi "des contraintes qui peuvent être liées au financement" et confirmait la tenue d'"Assises du financement", "pour que l'épargne des Français - qui est d'ailleurs plutôt abondante par rapport à nos voisins - puisse être orientée vers l'investissement, vers l'économie réelle".
Les entreprises sommées de faire remonter besoins et "bons projets"
Le séminaire en question, les "Assises du financement et de l'investissement", a eu lieu ce lundi 15 septembre, réunissant au palais présidentiel quelque 250 entrepreneurs et financiers. Objectifs indiqués par l'Elysée : recueillir de la part des premiers concernés des témoignages sur les besoins de financement, tant sous la forme de crédits que de fonds propres, évaluer les nouveaux instruments introduits ces dernières années et ouvrir de nouveaux chantiers. "L'enjeu de ces assises est de permettre que tous les financements qui peuvent exister dans notre pays puissent être mobilisés", a expliqué François Hollande ce 15 septembre .
"Il n'y a plus d'argent public et [il existe] une forme d'anémie dans l'investissement privé." Après avoir planté un tel décor, le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a insisté sur la nécessité "d'utiliser l'argent public aux bons endroits, sur les bons acteurs". Et de façon plus simple et plus efficace : "Ce qu'on attend de vous, c'est de nous aider à simplifier et à aller plus vite, de nous faire le maximum de retours, de faire remonter les bons projets", a-t-il ajouté. Emmanuel Macron et Michel Sapin animaient ce jour deux tables rondes, l'une sur le financement de l'investissement, l'autre sur la façon de "mobiliser les financements privés par l'investissement public".
Sécuriser la trésorerie des PME
Après avoir lui aussi animé une table ronde avec cinq entrepreneurs, François Hollande a évoqué plusieurs pistes pour le financement des entreprises en fonds propres et en prêts, ainsi que pour le rétablissement de leur trésorerie.
Au chapitre des prêts, le président de la République est revenu sur le projet de la banque publique d'investissement Bpifrance d'expérimenter la titrisation de crédits accordés à des PME et des entreprises de taille intermédiaire (ETI). En fractionnant des créances bancaires et en permettant aux banques de les revendre à d'autres investisseurs, en l'occurrence des assureurs, ce dispositif vise à inciter les banques à prêter davantage aux entreprises.
Pour répondre aux problèmes de trésorerie, Bpifrance mettra aussi en place un fonds de garantie des crédits de trésorerie pour 10.000 PME, portant sur des crédits jusqu'à 50.000 euros. Concernant les difficultés liées aux retards de paiement des fournisseurs par les grands donneurs d'ordre, le chef de l'Etat a annoncé la mise en oeuvre d'ici la fin de l'année d'une campagne de contrôle, par le gouvernement, de ces grands donneurs d'ordre, et ce après la publication d'ici fin octobre des décrets d'application de la loi du 17 mars 2014 relative à la consommation, qui renforce les sanctions en la matière.
Orienter l'épargne vers le financement de long terme
Par ailleurs, François Hollande en a appelé à "une réflexion sur la fiscalité". "Si on veut que l'épargne aille vers le financement long, il faut qu'il soit davantage encouragé", a-t-il déclaré.
Dernier point évoqué : les fonds propres des entreprises. "Les entreprises doivent disposer des marges nécessaires, c'est-à-dire de leur propre épargne" et "faire en sorte que les entreprises aient davantage de marges, ce n'est pas leur faire un quelconque cadeau mais leur permettre de s'autofinancer", a-t-il conclu.
Bourses d'entreprise et project bonds
En amont de l'intervention présidentielle, d'autres pistes de financement avaient été évoquées, telles que les bourses d'entreprises. Parmi les bonnes pratiques citées, le dispositif "Place d'échange", une bourse locale créée à Lyon par un dirigeant de PME, vise à permettre à de petites entreprises d'ouvrir leur capital.
Parmi les autres "nouveaux instruments" de financement, Pierre-Eric Saint André, président d'Axione Infrastructures, a rappelé la signature récente - le 23 juillet dernier - du premier "project bond" français (voir notre article du 24 juillet). Cet emprunt de 189,1 millions d'euros sur le marché obligataire, doté d'une garantie publique de la Banque européenne d'investissement, est destiné à financer le développement du très haut débit dans dix territoires ruraux.
25.000 logements intermédiaires d'ici 5 ans
En termes d'investissements publics, pour finir, le chef de l'Etat a annoncé que l'Etat et la Caisse des Dépôts financeraient la construction de 25.000 logements dits intermédiaires, dans "les zones tendues", d'ici cinq ans. Un investissement estimé à 1,9 milliard d'euros, pris en charge à hauteur de 900 millions d'euros par la Caisse des Dépôts et de 1 milliard par l'Etat, pris sur "le produit des cessions d'entreprises dont il est actionnaire", a indiqué le chef de l'Etat. "Ce dispositif sera opérationnel à partir du 1er janvier prochain", a-t-il ajouté.