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Emploi - Intégrer les missions locales dans les maisons de l'emploi : une fausse bonne idée

Les derniers rapports sur les maisons de l'emploi, le rapport intermédiaire de Jean-Paul Anciaux, et dernièrement celui de Marie-Christine Dalloz, proposent une fusion des missions locales au sein des maisons de l'emploi. Les acteurs concernés ne sont pas convaincus par cette solution. Annie Jeanne, présidente de l'Association nationale des directeurs de missions locales (ANDML), nous explique pourquoi.


Localtis : Que pensez-vous de la proposition de Jean-Paul Anciaux de fusionner les missions locales dans les maisons de l'emploi ?

Annie Jeanne, présidente de l'Association nationale des directeurs de missions locales (ANDML) : C'est une fausse bonne idée pour plusieurs raisons. D'abord les missions locales existent depuis 1982 et couvrent la totalité du territoire français. Elles travaillent en étroite collaboration avec les collectivités locales, les communes, les communautés de communes, les conseils généraux et régionaux. Si vous regardez les maisons de l'emploi, on en est loin : elles ne sont pas présentes sur tout le territoire. D'autre part, les missions locales ont une spécificité : elles s'occupent des jeunes avec un travail de proximité. 1,2 million de jeunes sont en contact avec les missions locales, une proportion beaucoup plus modeste dans les maisons de l'emploi. Enfin, pour cette population, il est indispensable d'avoir une approche éducative et pédagogique qui n'est pas nécessaire pour les autres populations. Nous devons apporter à ces jeunes non seulement un emploi, mais l'accès à l'autonomie.

 

Comment envisagez-vous le positionnement des missions locales dans le service public de l'emploi réformé ?

Les missions locales sont déjà intégrées dans le service public de l'emploi. Elles ont une convention de partenariat renforcé avec l'ANPE et se chargent d'une population, les jeunes, que l'ANPE ne sait pas traiter. On est dans une complémentarité harmonieuse. Nous pensons qu'il faut conserver les missions locales en tant qu'entités indépendantes car elles ont une approche globale des problématiques d'insertion des jeunes : le logement, les déplacements, … Une approche globale qui risque d'être abandonnée au profit d'objectifs à court terme. Nous considérons qu'il ne faut pas traiter ces questions de manière segmentée.

 

Comment allez-vous défendre cette position ?

Le Conseil national des missions locales (CNML), qui conseille le gouvernement, l'Union nationale des missions locales (UNML) qui regroupe les présidents des missions, et notre association partageons la même vision. Le CNML est en train de lancer une consultation nationale basée sur cinq questions (le public, l'offre de service, l'accès à l'offre d'emploi, le pilotage et le financement) et des auditions pour étudier les stratégies envisageables de positionnement des missions locales au sein du service public de l'emploi réformé. Je dois prochainement rencontrer le CNML pour en discuter.

 

 

Propos recueillis par Emilie Zapalski