Classement - Incroyable ! Saint-Tropez est une station de tourisme !
Onze ans après la réforme sur le classement des stations de tourisme institué par la loi du 14 avril 2006 portant diverses dispositions relatives au tourisme, un décret fait entrer la ville de Saint-Tropez dans le club qui compte déjà plus de 200 communes parmi lesquelles Nîmes, Seignosse, Vannes, mais aussi Saint-Etienne et Roissy-en-France. Les reclassements sous le nouveau régime doivent intervenir avant le 1er janvier 2018.
Un décret du 11 juillet 2017 classe Saint-Tropez comme station de tourisme. La nouvelle peut faire sourire, tant la cité varoise symbolise, depuis les années cinquante, l'explosion du tourisme. Elle n'a pourtant rien d'anormal, dans la mesure où ce classement n'est pas un constat géographique ou touristique, mais le résultat d'une procédure administrative. Tout juste peut-on s'étonner que Saint-Tropez a attendu onze ans - depuis la loi du 14 avril 2006 portant diverses dispositions relatives au tourisme - pour être finalement classée comme station de tourisme.
Déjà 208 communes classées stations de tourisme
Avec le classement de Saint-Tropez et de Gujan-Mestras (Gironde) - dont le décret a été publié le même jour -, la France compte désormais 208 stations de tourisme. En 2017, 16 communes supplémentaires ont ainsi été classées à ce titre. Outre les deux villes déjà citées, la liste - à forte dominante de communes littorales - comprend Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), Agde (Hérault), La Tranche-sur-Mer (Vendée), Sérignan (Vendée), Valras-Plage (Hérault), Port-de-Barques (Charente-Maritime), Châtel (Haute-Savoie), Veyrier-du-Lac (Haute-Savoie), Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), Soorts-Hossegor (Landes), Arès (Gironde), Seignosse (Landes), Pralognan-la-Vanoise (Savoie) et Nîmes (Gard).
La première commune classée a été celle de Vannes (Morbihan), par un décret du 8 juin 2006. Puis deux autres ont suivi en 2007 : Périgueux (Dordogne) et Fort-Mahon-Plage (Somme). Le gros des classements est toutefois intervenu entre 2012 et 2015 (149 classements en quatre ans), avant un net ralentissement en 2016 (16 classements).
En termes de typologie, la grande majorité des 208 stations classées sont des communes littorales, de montagne ou thermales. Mais on y trouve aussi de grandes villes qui, si elles ne manquent pas de ressources touristiques, ne cadrent pas spontanément avec l'idée commune d'une station de tourisme : Saint-Etienne (classée en 2009), Lyon (2012), Nice (2012), Marseille (2013), Toulon (2014), Grenoble (2015), Metz (2015), Brest (2015)... Tout aussi surprenant, à première vue, est la présence de quelques communes plus petites, mais dont le nom et l'image ne renvoient pas à la notion de tourisme, comme Roissy-en-France (Val-d'Oise, classée en 2016).
Six conditions à remplir
Les stations classées de tourisme sont issues de la loi de 2006, complétée par un décret et un arrêté du 2 septembre 2008 et entrée en vigueur le 3 mars 2009. Elles remplacent les 514 stations classées dans l'ancien système remontant à 1919, qui se répartissaient en six catégories : quatre relevant du ministère chargé du Tourisme (stations de tourisme, stations balnéaires, stations de sport d'hiver et d'alpinisme) et deux relevant du ministère de la Santé (stations thermales et stations climatiques).
Le nouveau classement en station de tourisme est délivré par un décret simple, valable douze ans. Pour l'obtenir, les communes candidates doivent remplir six conditions : offrir des hébergements touristiques de nature et de catégories variées ; proposer des créations et animations culturelles ; faciliter les activités physiques et sportives utilisant et respectant leurs ressources patrimoniales, naturelles ou bâties ; offrir à toutes les catégories de touristes des commerces de proximité et des structures de soins ; disposer d'un document d'urbanisme et d'un plan de zonage d'assainissement collectif et non collectif, et s'engager à mettre en œuvre des actions en matière d'environnement, d'embellissement du cadre de vie, de conservation des sites et monuments, d'hygiène publique, d'assainissement et de traitement des déchets ; organiser l'information, en plusieurs langues, des touristes sur les activités et facilités offertes, ainsi que sur les lieux d'intérêt touristique ; faciliter l'accès à la commune et la circulation à l'intérieur de celle-ci pour tous publics.
Un classement à deux étages
Le classement en station de tourisme est ainsi la seconde composante d'un dispositif à deux étages. Le premier étage - soumis à des conditions moins contraignantes (posséder un office de tourisme classé, organiser des animations touristiques et disposer d'une capacité d'hébergement destinée à une population non permanente) - est le classement en commune touristique, délivré par un arrêté préfectoral valable cinq ans. Plus de 1.200 communes en bénéficient.
Deux éléments compliquent quelque peu ce dispositif. D'une part, la réforme territoriale a transféré la compétence "tourisme " aux intercommunalités à compter 1er janvier 2017. Seules les stations déjà classées de tourisme ou les communes touristiques en passe de devenir station classée pouvaient, à titre dérogatoire, conserver cette compétence. D'autre part, les bénéficiaires de l'ancien classement ont jusqu'au 1er janvier 2018 seulement pour renouveler leur classement. A défaut, elles perdront leur classement et les différents avantages qui s'y rattachent (surclassement démographique, majoration de l'indemnité des maires et adjoints, perception directe des droits de mutation lorsque la population est inférieure ou égale à 5.000 habitants).
Signalons au passage que Paris, première destination touristique mondiale, n'est pas classée comme une station de tourisme...