Ondes électromagnétiques - Hérouville-Saint-Clair applique le principe de précaution
Le maire d'Hérouville-Saint-Clair (Calvados), Rodolphe Thomas, a annoncé, le 27 avril en conférence de presse, son intention de supprimer, d'ici la fin de l'année, l'ensemble des équipements Wi-Fi installés dans les équipements municipaux (12 écoles primaires, bibliothèque, piscine). Les raccordements haut débit seront remplacés par des connexions filaires ADSL ou fibre optique. "Cela fait des années qu'il y a des pour et des contre concernant les effets sur la santé des champs électromagnétiques émis par les hot spots Wi-Fi, les antennes-relais, les téléphones sans fil ou autres objets bluetooth...", a justifié l'élu, s'appuyant sur les conclusions du rapport Bio Initiative. Réalisée par des scientifiques indépendants, cette étude, publiée en août 2007, compile 1.500 travaux de recherches sur une période de 10 ans. "Cette synthèse montre, par exemple, que l'utilisation à long terme des téléphones portables peut augmenter les risques de leucémie infantile et de tumeurs cérébrales", a-t-il poursuivi. "Alors pour ne pas recréer le scandale de l'amiante, et dans le doute, j'applique le principe de précaution au nom de la santé publique qui n'a pas de prix", a repris le maire en indiquant que la ville travaillait sur ce dossier avec les services municipaux, depuis plusieurs mois. En parallèle, une campagne d'information va être menée auprès des Hérouvillais afin de renforcer l'utilisation des kits mains libres filaires et de limiter l'utilisation des téléphones mobiles et sans fil pour les enfants et les adolescents. Enfin, une étude "d'experts indépendants" de mesure des champs électromagnétiques émis par les antennes-relais est prévue sur tout le territoire de la commune. Cette cartographie "constituera, le cas échéant, une base de discussion avec les opérateurs de téléphonie mobile qui ont multiplié le déploiement anarchique d'antennes, ces 3 ou 4 dernières années", a précisé le maire. Pour l'accompagner dans ses décisions, la ville a décidé d'adhérer au Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) et à l'association Robin des Toits.
Réduire la puissance d'émission des antennes
La ville s'inscrit dans un contexte d'urgence qui est de répondre à la crise engendrée par les récentes décisions de justice qui ont conduit les opérateurs à inactiver, démonter ou suspendre l'installation d'antennes dans le Rhône, à Angers ou Carpentras. Elle se replace dans le contexte du "Grenelle des antennes", lancé par le gouvernement le 23 avril dernier. Les associations, comme Robin des Toits justement, y ont réclamé un moratoire sur l'installation des antennes et surtout la limitation de leur puissance d'émission à 0.6 volt/mètre maximum, contre 41 volt/mètre actuellement. "Il ne s'agit pas de supprimer les antennes mais de réduire leur puissance", a insisté le maire. Face au lobby des industriels des télécoms, les pouvoirs publics ont déjà imposé une réduction d'émission dans certaines régions européennes : Toscane (Italie), Valence (Espagne) et Salzbourg (Autriche). "Si nous en sommes pour le moment à la prévention et à la prise de conscience, nous agirons ouvertement, y compris au moyen de recours juridiques, si les opérateurs ne mettent pas en place des antennes moins puissantes et mieux intégrées dans l'environnement, en partenariat avec la ville", a prévenu Rodolphe Thomas. De leurs côtés, les associations de collectivités demandent une conférence citoyenne pour éclairer la controverse, à l'exemple de la démarche engagée à Paris, suite à la désactivation puis à la remise en fonction du Wi-Fi dans certaines bibliothèques municipales. Ailleurs en France, une vingtaine de communes se seraient déjà rapprochées du Criirem.
Luc Derriano / EVS