Lutte contre l'exclusion - Hébergement des sans-abri : pas de loi pour contraindre, mais plus de moyens pour agir
A l'occasion d'un déplacement le 6 janvier à Nancy - ville particulièrement touchée par la vague de froid -, Christine Boutin est revenue sur la question de l'hébergement des personnes sans abri. Après la polémique sur le sujet à la fin du mois de novembre dernier (voir notre article ci-contre), elle a clairement indiqué qu'elle n'entendait pas légiférer sur la question d'un éventuel hébergement forcé en cas de grand froid. Pour la ministre du Logement, "il ne s'agit pas de légiférer, mais de trouver la bonne réponse, et elle n'est pas facile à trouver". Si la voie législative semble désormais exclue, le dossier n'est pas clos pour autant. "On ne peut pas en France, cinquième puissance mondiale, ne pas se poser la question de personnes à qui on propose un hébergement, qui le refusent, et que l'on retrouve mortes le lendemain. Ca n'est pas possible", a expliqué la ministre. Poursuivant ses échanges musclés avec les associations, Christine Boutin a également pris soin de rappeler que "toutes les personnes qui sont décédées étaient des personnes connues des maraudes, à qui on avait proposé un hébergement, et que l'on a retrouvées mortes le lendemain matin". La polémique peut toutefois paraître vaine, dans la mesure où le cas de figure de l'hébergement d'office est déjà prévu dans une instruction ministérielle du 17 octobre 2008 (voir notre article ci-contre). Seul problème : la mise en oeuvre d'un hébergement d'office suppose l'intervention d'un médecin du Samu ou, à Paris, d'un médecin des sapeurs-pompiers, afin de constater l'urgence vitale d'une mise à l'abri. Or, il semble difficile, alors que les hôpitaux sont eux-mêmes en difficulté, de mobiliser les médecins du Samu pour constater un danger évident par des froids extrêmes.
Christine Boutin a également indiqué qu'elle disposait des crédits et des moyens suffisants pour accueillir l'ensemble des sans-abri. Environ 11.000 places supplémentaires d'accueil d'urgence ont été dégagées par les administrations, les villes ou les hôpitaux, dont près de 6.000 en Ile-de-France. Elles s'ajoutent aux 99.000 places prévues par le plan Hiver 2008-2009. Selon le ministère du Logement, environ 5.800 de ces places supplémentaires - dont moins de 2.000 en Ile-de-France - sont déjà utilisées, ce qui laisse encore une marge de manoeuvre. Une centaine d'équipes de maraude seraient en action sur toute la France, dont 25 à Paris. Dans la capitale, les moyens du Samu social ont été renforcés par des véhicules de la ville, de la Croix-Rouge et de l'Ordre de Malte. Enfin, Christine Boutin a affirmé disposer d'une enveloppe de 160 millions d'euros en 2009 pour humaniser l'hébergement des personnes sans abri, en éliminant "la quasi-totalité des dortoirs qui peuvent exister en France".
Jean-Noël Escudié / PCA