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Transports - Grand Paris Express : les élus du Grand Roissy tirent la sonnette d'alarme

Alors que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault doit rendre ses arbitrages sur le Grand Paris Express et le calendrier de sa réalisation courant février, une soixantaine d'élus franciliens montent au créneau pour ne pas être les oubliés du Grand Paris.

"C'est un front commun. Malgré les diverses sensibilités politiques, notre position est unanime sur la question." Pour Bernard Corneille, vice-président du conseil général de Seine-et-Marne et maire d'Othis, la mobilisation est exemplaire. A ses côtés et à l'appel de l'association des collectivités du Grand Roissy, qui regroupe une cinquantaine de communes, des intercommunalités et trois conseils généraux, ils sont une soixantaine d'élus du Val-d'Oise, de Seine-et-Marne et de Seine-Saint-Denis à s'être mobilisés, le 23 janvier, contre les conclusions du rapport de Pascal Auzannet sur le Grand Paris Express, remis en décembre 2012 à Cécile Duflot, ministre de l'Egalité des territoires et du Logement.

Une desserte "vitale"

Ce qu'ils y trouvent à redire ? Selon eux, ce rapport néglige la "nécessité majeure" que représente pour ces territoires la réalisation du tronçon nord-est du futur métro automatique du Grand Paris Express, notamment la ligne prévue entre le Bourget et le Mesnil-Amelot, qui passe par Roissy. "Cette desserte est vitale pour créer 100.000 emplois sur ces territoires d'ici 2025", estime Patrick Renaud, à la tête de cette association d'élus. Citant à l'appui une étude économique prospective, cet élu, qui préside la communauté d'agglomération Roissy Portes de France, a rappelé que ces créations d'emplois sont directement liées à la "charpente" qu'apporterait cette ligne rouge du Grand Paris Express. "Or, dans le rapport Auzannet, la ligne s'arrête au Bourget, créant comme un cul-de-sac. Charge à nous de convaincre le gouvernement que nos territoires ne doivent pas être écartés", observe-t-il.
Dans un courrier adressé à Jean-Marc Ayrault, auquel s'ajoute une pétition en ligne, les élus de l'association des collectivités du Grand Roissy exigent que la ligne en question soit bien réalisée en 2025.

Lignes opposées

En fait, ces élus craignent qu'un autre projet, le CDG Express, véritable serpent de mer un temps relancé puis abandonné et à nouveau remis en selle au printemps dernier, ne prenne le pas sur la desserte qui les concerne. C'est-à-dire qu'un séquençage dans le temps soit effectué à son détriment, en repoussant sa réalisation cinq à dix ans après. "La liaison directe Roissy-Gare de l'Est ne doit pas être réalisée au détriment de cette ligne rouge. Ce CDG Express n'améliorera ni la desserte du territoire ni les transports au quotidien pour les habitants. Il ne relie pas les principaux pôles de développement", dénoncent-ils dans la pétition.
Dans son rapport, Pascal Auzannet avance uniquement qu' "une relance du projet CDG Express est possible". Et que "SNCF, RFF et ADP explorent actuellement un scénario de relance du projet basé sur un montage public. Le résultat de ce travail sera connu au début de l'année 2013". Pour autant, l'auteur n'évacue pas l'intérêt de la ligne rouge, soulignant même sa pertinence pour le "désenclavement" du territoire desservi et l'effet de "levier économique", de "mise en relation de pôles de développement".
Visiblement, cela n'a pas suffi aux élus locaux. Même si certains, comme Michel Montaldo, vice-président du conseil général du Val-d'Oise, sont plus nuancés et soulignent qu'"il ne s'agit que d'un rapport et qu'il revient au Premier ministre de statuer sur les tronçons prioritaires". "Mais maintenant que nous avons travaillé sur des contrats de développement territoriaux (CDT) ambitieux et des projets porteurs d'espoir pour une population rudement touchée par le chômage, tout retour en arrière serait redoutable", ajoute-il. "Ce serait une catastrophe !", insiste Gérard Ségura, vice-président du conseil général de Seine-Saint-Denis et maire d'Aulnay-Sous-Bois.

Morgan Boëdec / Victoires éditions

Orbival veut être reçue à Matignon
L'association Orbival, qui regroupe plus d'une cinquantaine de collectivités et d'acteurs socio-économiques du sud-est parisien, a demandé le 21 janvier à être reçue par les services du Premier ministre avant que les arbitrages sur le Grand Paris Express ne soient rendus mi-février. "Les territoires ne peuvent plus attendre. Sans métro, il n'y aura aucun espoir de relancer la construction et faire reculer la pénurie de logements qui frappe notre région et nos concitoyens", a déclaré le président d'Orbival, Christian Favier, également président PCF du Val-de-Marne. L'association, qui a réuni son conseil d'administration à l'aéroport d'Orly et vient d'enregistrer les adhésions de la ville d'Orly et d'Aéroports de Paris (ADP), la société gestionnaire des aéroports parisiens, est particulièrement inquiète depuis la publication mi-décembre du rapport Auzannet. Celui-ci propose en effet un étalement des travaux en raison des surcoûts du supermétro évalués à 10 milliards d'euros.
Orbival milite pour le lancement immédiat de l'enquête publique sur la DUP (déclaration d'utilité publique) pour l'intégralité de la ligne rouge sud reliant les gares de Pont-de-Sèvres à Noisy-Champs, qu'elle considère comme "un ensemble cohérent et structurant du Grand Paris Express". L'association a demandé en outre la création d'une commission chargée d'élaborer des propositions concernant les financements complémentaires, associant l'Etat, la région, des parlementaires, les conseils généraux et une représentation de la chambre régionale de commerce et d'industrie.
A.L.
 

 

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