France 2030 devrait (finalement) s’appuyer sur les collectivités

Les échanges menés ces dernières semaines entre le secrétaire général pour l’investissement et les associations d'élus laissent espérer une plus grande place des collectivités dans le plan France 2030. A la logique d'appels à projets devrait se substituer celle d'appels à manifestation d'intérêt, plus propices à l'éclosion de pépites, le tout dans le cadre de feuilles de routes pour chacune des dix filières identifiées.

Annoncé en grande pompe sans égard pour les collectivités, le plan France 2030 devrait rattraper le coche. Le secrétaire général pour l’investissement (SGPI) Bruno Bonnell a mené ces dernières semaines une série d’entretiens avec les associations d’élus pour voir quelle sera la place des collectivités, en particulier des régions et des intercommunalités, dans la sélection et l’accompagnement des projets. L’enjeu : ne pas rééditer l’expérience du plan de relance qui, aux yeux des élus, a accordé une trop grande place aux appels à projets décidés depuis Paris. Une tendance qui se profilait avec le démarrage de ce grand plan d’investissement de 30 milliards d’euros pour les années à venir, qui repose sur dix grandes filières (voir notre article du 12 octobre 2021). "Nous avons indiqué qu’il fallait absolument que les intercommunalités soient associées pour éviter une profusion d’appels à projets plutôt qu’une logique dynamique reposant sur les filières locales", souligne Floriane Boulay, la directrice générale d’Intercommunalités de France, qui fait valoir l’importance de s’appuyer au contraire sur des "écosystèmes territoriaux plutôt que sur une logique descendante".
L’un des griefs souvent formulés par les associations d’élus est que les appels à projets favorisent les grandes entreprises. La complexité des dossiers et l’ingénierie requise sont rédhibitoires pour des PME. En revanche, quand il s‘agit de renforcer les compétences, de détecter les entreprises innovantes locales, les collectivités sont plus alertes que les grands opérateurs de l’Etat. D’autant qu’elles ont la main sur le foncier disponible, un des enjeux majeurs des politiques de réindustrialisation au moment du zéro artificialisation nette. "Le développement de la filière hydrogène par exemple, pose une vraie question de foncier mais aussi de compétences qui peuvent être développées localement, ensuite il faut s’occuper de toute la maintenance. En cela les collectivités peuvent être un très bon moyen", argue Floriane Boulay.

Privilégier les appels à manifestation d'intérêt

Les intercommunalités mettent en avant la difficulté d’attirer de nouveaux entrants, comme ces PME et startups capables de faire effet de levier. Ainsi se dessine un partage des rôles entre régions, chargées de définir leur stratégie, et les intercommunalités. Ce qui tombe bien car les régions sont précisément en train d’élaborer leurs nouveaux schémas régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII), avec des degrés de concertation variés.
Intercommunalités de France partage avec le secrétaire général pour l’investissement l’idée d’être plus dans une logique d’appels à manifestation d’intérêt, c’est-à-dire de couveuse, les projets étant financés dès qu’ils parviennent à un certain niveau de maturité. De quoi transformer des "champions cachés" en écosystèmes industriels. C’est un peu ce qui a prévalu pour le volet relocalisation du plan de relance. "C’est beaucoup moins chronophage qu’un appel à projets qui n’offre aucune garantie pour l’entreprise candidate, et cela laisse le temps d’accompagner. Faire basculer une PME ou une startup vers un modèle plus important ne se fait pas en un jour", insiste Floriane Boulay.
S’il est trop tôt pour dire ce que Bruno Bonnell tirera de ces échanges, il semble privilégier des "feuilles de routes" pour l’accompagnement de chacune des dix grandes filières, qui seraient partagées entre l’Etat et ses opérateurs mais aussi les collectivités. D’autres échanges avec les élus sont prévus pour faire remonter les projets industriels prêts à démarrer.

 

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