Finances du football professionnel : les clubs vont mieux malgré une baisse des recettes de billetterie
Les clubs professionnels de football français ont connu, en 2015-16, une saison record en termes de recettes. Selon le rapport financier de la Ligue de football professionnel (LFP) rendu public le 9 mars, l'ensemble des produits réalisés sur la période par les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 a dépassé pour la première fois les 2 milliards d'euros (2,120 milliards exactement), soit 15% de plus que la saison précédente. Conséquence immédiate : après une perte cumulée de 536 millions d'euros sur les sept dernières saisons, le football professionnel français renoue avec les (petits) bénéfices : +3 millions d'euros.
Euro 2016 : des investissements pour rien ?
Ce résultat s'explique avant tout par le quasi-doublement des droits de mutation (achats-ventes de joueurs entre clubs, y compris avec les clubs étrangers), qui passent de 222 millions d'euros en 2014-15 à 429 millions un an plus tard. Il est à noter que les autres types de recettes sont également en hausse, à l'exception des recettes de billetterie. En effet, malgré la construction et la rénovation de huit stades de Ligue 1 en vue de la tenue de l'Euro 2016 en France, les recettes de billetterie des clubs de première division sont en recul (-0,6%) et ne représentent que 9% du produit total. Alors que la LFP souligne que "grâce à son nouveau stade et à ses performances sportives, la croissance des recettes de billetterie de l’Olympique lyonnais lui permet de représenter 18% du total contre seulement 7% en 2014/2015", force est de constater que pour les autres clubs dont la capacité d'accueil a été augmentée et le confort amélioré, la fréquentation n'est pas à la hauteur des attentes, malgré 1,6 milliard d'euros d'investissements.
Parmi les autres postes de recettes, notons que les subventions des collectivités territoriales (autorisées dans la limite de 2,3 millions d'euros par club et par saison sportive, pour des missions d’intérêt général) sont incluses dans la catégorie "sponsors, publicité et autres produits" qui ne permet pas de les distinguer. En 2014-15, ces subventions étaient de 1% du produit d'exploitation pour les clubs de Ligue 1, et de 7% en Ligue 2.
Redevance des stades : une évolution à venir ?
Avec 656 millions d'euros, les recettes issues des droits audiovisuels demeurent les plus importantes pour les clubs de Ligue 1 (44% du total hors droits de mutation). L'emploi de ces recettes était justement au cœur des discussions entre les représentants de la commission "grandes villes - sport professionnel" de l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) et Nathalie Boy de la Tour, présidente de la LFP, le 3 mars dernier. A cette occasion, l'association d'élus locaux a rappelé sa proposition visant à créer un fonds de garantie des clubs qui permettrait de flécher une partie des droits audiovisuels vers l’investissement dans les infrastructures des clubs.
Parmi les charges, le rapport 2015-16 fait état d'un précédent historique : pour la première fois, la masse salariale des clubs de Ligue dépasse le milliard d'euros (1.018 milliard, contre 953 millions en 2014-15). On ne sait rien en revanche sur le montant des redevances des stades, incluses dans les autres charges. En 2014-15, les collectivités propriétaires des stades faisaient payer les clubs de 7 à 8 euros par siège et par an (Montpellier, Lorient ou Evian) et jusqu'à 52 à 93 euros dans les stades neufs ou refaits pour l'Euro 2016 dans le cadre de PPP (Bordeaux, Nice, Marseille et Lille). Cette catégorie de charges pourrait peser bien plus lourd à l'avenir pour les clubs de football professionnels. En effet, une démarche d’encadrement du calcul des redevances d’occupation des équipements sportifs publics a été entreprise par la direction des Sports, la direction nationale d’Interventions domaniales et la direction générale des collectivités locales afin de répondre aux demandes de la Commission européenne dans sa décision du 18 décembre 2013 relative aux stades de l’Euro 2016.