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Social - Familles monoparentales : plus nombreuses et plus fragiles

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux (Drees) consacre le dernier de ses "Dossiers solidarité et santé" aux familles monoparentales depuis 1990. Le premier constat est démographique : le nombre de ces dernières n'a cessé de progresser, passant de 900.000 en 1990 à 1,6 million en 2011, soit 20% des familles comptant au moins un enfant mineur. Au total, les familles monoparentales comptent 2,4 millions d'enfants mineurs. Les causes de la monoparentalité ont également évolué. Le veuvage - première cause dans les années soixante - est de moins en moins à l'origine de cette situation, alors que les célibataires, les divorces et les séparations progressent.

Un décrochage social

Les familles monoparentales recouvrent des situations diverses. Ainsi, si 190.000 parents isolés n'ont jamais vécu en couple, 130.000 parents "isolés" ont un conjoint qui vit dans un autre logement, tandis que 200.000 vivent avec d'autres adultes (un ascendant, dans quatre cas sur dix). Il s'agit également d'une population qui se renouvelle et rares sont les enfants qui grandissent jusqu'à leur majorité dans une famille monoparentale : entre 2010 et 2011, le taux de renouvellement des familles monoparentales a ainsi été de 15%.
Mais l'étude met surtout en évidence un certain nombre de traits communs à l'ensemble des parents isolés : "des niveaux de vie plus bas, de fortes contraintes familiales et généralement des conditions d’accès au marché du travail ou d’emploi moins favorables".
Ce décrochage social des parents isolés se retrouve dans de nombreux aspects. Par exemple, le niveau de diplôme des parents isolés progresse moins vite que celui des parents en couple (écart de quatre points en 1990 et de dix points en 2012). Les inégalités sont plus marquées encore en matière d'emploi, particulièrement pour les femmes. En 2012, les parents seuls et actifs sont deux fois plus souvent au chômage que ceux en couple (16% contre 7%). Ils sont aussi 16% d'inactifs contre 12%.

Accès à l'emploi et qualité de l'emploi n'ont cessé de se dégrader

La qualité de l'emploi s'est également dégradée pour les mères de familles monoparentales. En 1990, les mères isolées étaient aussi souvent cadres ou professions intermédiaires que les mères en couple : 22% de professions intermédiaires et 8% de cadres. Mais en 2012, seules 23% des mères isolées sont professions intermédiaires contre 29% pour les mères en couple. Pour les cadres, les proportions sont respectivement de 13% et 17%. A l'inverse, les mères isolées sont plus souvent ouvrières (9% contre 7%) ou employées (52% contre 42%).
Cette situation s'explique par un désavantage durable des mères isolées pour accéder à l'emploi. En ce domaine également, la situation s'est fortement dégradée : en 1990 - et hors tout autre facteur -, 84% des mères isolées étaient actives, contre 67% des mères en couple, soit 17 points d'écart. En 2012, l'écart n'est plus que d'un point...
Au final, l'étude très fouillée de la Drees permet de comprendre comment les mères isolées, qui étaient encore une question de société dans les années soixante (hors cas du veuvage), sont devenues aujourd'hui une question sociale majeure...

 

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