Vallée de l’Orne et de l’Odon : pour une gestion collective des énergies renouvelables (14)
Depuis cinq ans, la communauté de communes de la Vallée de l’Orne et de l’Odon en Normandie propose à ses administrés de reprendre en main la gestion des énergies renouvelables pour l’orienter dans le sens de l’intérêt général et atteindre 100 % d’énergie renouvelable en 2040. Le dispositif se met en place en concertation avec les habitants.

© Nolwenn Le Goff / VOO
Début 2024, la première boucle d’autoconsommation d’électricité collective a vu le jour sur le territoire de la communauté de communes de la Vallée de l’Orne et de l’Odon. L’énergie est produite par des panneaux photovoltaïques qui appartiennent à la communauté pour une capacité totale de 74 kilowatts crêtes. L’équipement alimente 5 bâtiments communautaires. C’est la première étape d’une stratégie ambitieuse lancée en 2020. La communauté de communes a alors décidé de s’impliquer dans la démarche 100 % énergies renouvelables (EnR) pour 2040. En 2023, à la suite d’une étude de gisement éolien et photovoltaïque au sol, elle a proposé aux habitants de reprendre en main la gestion des équipements auparavant confiée à des opérateurs privés. « Les maires étaient harcelés par les développeurs d’éoliennes. Une de ces entreprises avait même installé un mât de mesure sans même en avertir la collectivité », se rappelle Alain Gobé, vice-président en charge des finances et de la transition énergétique. « Nous ne voulions plus subir la logique des opérateurs privés », martèle-t-il. Cette reprise en main s’intègre dans une stratégie qui compte de nombreux objectifs : atteindre 100 % d’EnR sur le territoire, réduire en parallèle les consommations de 50 %, de ne pas subir les aléas du marché de l’énergie, minimiser les nuisances et optimiser les retombées locales de la production d’énergie verte, dans l’intérêt les habitants.
D’abord une étude de gisement éolien et photovoltaïque au sol
Une étude générale de faisabilité et de connaissance du gisement potentiel des EnR éolienne et solaire a été réalisée sur le territoire communautaire. Des secteurs à prospecter sont identifiés dans le but de minimiser les nuisances qui résulteraient de la production d’EnR. Sur cette base, la coconstruction du futur énergétique de la collectivité avec les acteurs locaux, les habitants, les élus municipaux et les entreprises est lancée et un courrier cosigné par les 23 maires est adressé aux 21 développeurs d’EnR du territoire. Il les invite à suspendre toute prospection, dans l’attente du positionnement officiel de la communauté de communes et de ses communes.
« La gouvernance de l’étude est assurée par le comité de Transition énergétique qui regroupe treize élus et deux citoyens. Les agents de la communauté de communes accompagnent les élus et agents municipaux dans les prises de décisions et les acculturent aux nouvelles compétences et enjeux qui en résultent », explique Alain Gobé. Au printemps 2023, les élus sont invités à des événements et des visites de partage d’expériences sur des sites d’EnR d’autres territoires. À la rentrée 2023, une exposition itinérante se rend dans les collèges et les écoles primaires pour inviter tous les habitants à participer aux ateliers. Une journée dédiée à la Fresque du climat et un atelier 2030 Glorieuses sont organisés avec une quarantaine d’élus présents. Sept ateliers de coconstruction de l’étude de gisement sont lancés en octobre 2023. Ils réunissent des habitants, des entreprises et des élus locaux pour prendre en considération leurs souhaits et étudier leurs projets.
Il en ressort notamment un besoin d’information sur la transition énergétique en général et sur l’éolien en particulier. La réponse de la communauté de communes ne se fait pas attendre, relate Annaïg Rivoal, chargée de mission transition énergétique : « Au printemps 2024, nous avons organisé des conférences avec les grands acteurs du secteur tels que les Shifters, l’Ademe, le GIEC Normand ou RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité. À l’automne 2024, nous avons réenclenché un cycle de quatre conférences, avec deux conférences dédiées au sujet éolien, une dédiée à l’alimentation, et une dédiée à l’habitat. »
Les communes restent souveraines
Si l’intercommunalité est très active sur la mise en place de la gestion des EnR, Alain Gobé souligne que « les communes sont souveraines » et décident seules : « Notre rôle consiste à les informer, à les soutenir, à coordonner les initiatives, à leur donner les moyens de prendre les décisions qui leur conviennent. » L’implication des communes est variable selon leur taille : les plus petites s’investissent moins mais toutes ont adopté la démarche 100 % EnR. Elles y travaillent avec plusieurs partenaires dont le Syndicat départemental d’électrification du calvados (SDEC), Énergie Partagée, GRDF, Enedis et avec l’appui de bureaux d’études.
Les premières installations EnR
Fin 2024, les communes ont défini dix-sept zones d’accélération des EnR sur leur territoire. Après la première boucle d’autoconsommation d’électricité collective, plusieurs projets de développement des EnR sont en cours, comme un projet de méthanisation en lien avec un industriel du compostage et des agriculteurs du territoire. L’intercommunalité s’engage à accompagner les projets d’installations photovoltaïques d’une entreprise et d’un collectif de citoyens. L’objectif est d’installer pour chaque projet des boucles d’autoconsommation collective. « Si le photovoltaïque et la méthanisation prennent leur essor, l’éolien est encore en phase de réflexion », constate Alain Gobé.
Mais atteindre 100 % d’EnR exige aussi de réduire les consommations actuelles de 50 %. Parallèlement à la croissance des EnR, des actions pour la sobriété sont donc engagées sur l’habitat (une OPAH est en cours), sur le covoiturage, sur le réseau de pistes cyclables et la croissance des mobilités douces. Aux yeux d’Alain Gobé, l’objectif de la neutralité carbone en 2040 « est un cap que nous ne pourrons atteindre qu’en agissant à la fois sur le développement les EnR et la réduction des consommations. »
Budget de la transition énergétique de la Vallée de l’Orne et de l’Odon
Toutes actions confondues, le budget est de :
100 000 euros pour la rénovation du bâti, l’animation territoriale, l’autoconsommation collective, l’aide à l'acquisition et à la réparation de vélo, les frais de personnel...
100 000 euros pour la mise en place de stationnement sécurisés, le savoir rouler à vélo, le covoiturage…
Communauté de communes Vallées de l’Orne et de l’Odon
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Alain Gobé
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