Sobriété énergétique et énergies renouvelables pour Maremne Adour Côte-Sud (40)
Pour diviser par deux sa consommation énergétique et la rendre à 100% renouvelable d'ici 2050, la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud, dans les Landes, a engagé en 2015 un plan d'action à deux têtes : d'un côté, doper sa production d'énergies renouvelables, et de l'autre, viser la sobriété énergétique de tous les acteurs locaux. Elle propose des dispositifs directement opérationnels, sources de changements concrets et visibles.
700 GWh en 2050, c'est l'objectif de consommation d'énergie que s'est fixée la communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (Macs) pour l'ensemble de son territoire : 23 communes et près de 70 000 habitants. Soit deux fois moins d'énergie qu'en 2015. « L'objectif est aussi que cette énergie soit renouvelable à 100%, » souligne le président de Macs, Pierre Froustey. Tour d'horizon d'une politique énergétique multifacettes, qui s'attaque à la consommation des habitants, des collectivités et mobilise aussi les entreprises du territoire.
Sur ce territoire du sud des Landes, la première source d'énergie renouvelable, c'est le solaire. Pour accompagner le développement de l'énergie photovoltaïque solaire, le premier outil opérationnel créé dès 2016 a été la Société d’économie mixte (Sem) MACS Énergies. « Nous en sommes actionnaire à 75 %, précise le directeur général des services de MACS, Guillaume Baudoin. Nous avons d'abord identifié tous les gisements solaires possibles, avant de lancer un appel à manifestation d'intérêt auprès des acteurs socio-économiques du territoire pour installer et gérer des toitures solaires de taille importante, via l'appel d'offres de la commission de régulation de l'énergie ». 3 sites ont déjà été équipés, soit une puissance totale de 6,15 MW : le centre de traitement du SITCOM Côte sud de Landes, les parkings et les toitures d'une entreprise agroalimentaire ainsi que la toiture d'un producteur de béton local. D'ici 2030, l'objectif est d'installer 100 MW.
Diversifier les opérateurs
Si au départ, Macs avait accordé l'exclusivité à cette Sem pour développer le photovoltaïque sur son territoire, le rachat du partenaire privé local de la Sem par une multinationale a fait évoluer sa stratégie : « Aujourd'hui, en fonction des puissances générées dans les projets, nous soutenons aussi d'autres acteurs, notamment des porteurs de projets citoyens », indique le DGS. C'est ainsi que Macs a intégré le capital d'Aloé, une coopérative citoyenne de production solaire opérant sur 4 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) du sud des Landes. Aloé a déjà permis d'équiper plusieurs toitures de groupes scolaires sur le territoire. Macs a également investi en direct en installant des ombrières sur sa cuisine centrale, en autoconsommation. Elle étudie actuellement l'installation d'ombrières sur le parking de son centre aquatique intercommunal Aygueblue et de son siège communautaire, des installations solaires qui seraient également en autoconsommation.
Les réflexions en cours concernent également la production d’énergie par le biais d’une ferme « houlomotrice », qui permettrait de profiter de l’énergie de l’océan pour produire de l’énergie en continu.
Faciliter la rénovation des logements privés
En plus des efforts sur la production, le volet sobriété est indispensable à la réalisation des objectifs. Macs a commencé par s'attaquer au gros morceau que constitue l'habitat privé, un quart de l'énergie consommée sur le territoire. « Nous avons d'abord financé une thermographie aérienne complète et un cadastre solaire, souligne le DGS. Cela permet à chaque ménage de faire une première analyse sur son logement. » Ceux qui souhaitent ensuite réaliser une rénovation thermique peuvent bénéficier des conseils gratuits d'un expert financé par l'EPCI, pour définir les travaux énergétiques à prioriser : c'est le dispositif Réno'MACS. L'EPCI a également financé la formation d'artisans labellisés RGE au sein de sa technopole Domolandes : « En contrepartie, ces artisans s'engagent à présenter des projets de qualité, non surdimensionnés, aux ménages souhaitant rénover. C'est une assurance supplémentaire pour s'engager. » Depuis 2016, Macs a ainsi accompagné 1 500 ménages, engageant 15 à 16 millions d'euros de travaux. Chaque année, 10 à 20 propriétaires aux revenus très limités bénéficient aussi d'une aide financière directe de l'EPCI. Le dispositif est aujourd'hui victime de son succès : « Il y a 6 semaines d'attente pour recevoir la visite du technicien, nous allons augmenter les moyens alloués pour descendre à 3 semaines. »
Agir sur le patrimoine public
Macs vise aussi l'exemplarité de son propre patrimoine : son siège est un bâtiment à énergie positive, elle vient de réaliser un « relamping » complet de ses autres bâtiments, pour économiser près de 65 % sur le poste éclairage. Gestionnaire du port de Capbreton, Macs prévoit d'y installer en 2023 de nouveaux compteurs électriques : « La thermographie du port a révélé que des propriétaires chauffaient leur bateau vide, note le DGS. Au lieu du forfait, nous allons installer des compteurs individuels dans des bornes intelligentes et réinvestir les économies ainsi réalisées dans la modernisation du port. » Pour inciter les communes à s'engager, Macs a également recruté en 2020 un économe de flux. Il accompagne gratuitement les communes volontaires pour réduire leur consommation énergétique et rechercher des financements pour leurs projets. Enfin, le fonds d'investissement local, fonds de concours de Macs doté de 100 € par habitant sur le mandat, accorde des financements bonifiés aux communes (50 % au lieu de 40 %), dès lors qu'ils concernent des projets énergétiquement vertueux.« Le problème des collectivités, c'est souvent le caractère opérationnel des dispositifs, remarque le directeur général des services. Dans ce plan d'action, nous nous sommes mis dans la logique de l'usager, en remontant la stratégie qui l'amène, ou pas, à agir pour améliorer son efficacité énergétique. Nous avons proposé des solutions pour passer de l'intention à la réalisation concrète, des dispositifs simples d'utilisation. » 7 ans après le début de son action, les indicateurs sont plutôt bons côté production d'énergies renouvelables : 19,3 % de l'énergie est désormais renouvelable contre 15 % en 2015. Côté consommation énergétique, c'est plus complexe : un habitant consomme en moyenne 31 MWh par an en 2022 contre 27 MWh en 2015. « Nous restons un territoire attractif. La consommation énergétique moyenne continue donc encore à augmenter, malgré notre engagement en faveur de la sobriété », conclut le président.
Chiffres clés
- La Société d’économie mixte Macs Énergies s'est fixé comme objectif d'installer 100 MW de puissance supplémentaire en énergies renouvelables sur le territoire d’ici 2030, soit un investissement de 100 millions d'euros. Son actionnariat est à 75 % public et 25 % privé.
- 187 000 € : le coût global annuel du dispositif Réno'MACS à charge de l'EPCI ;
- Le service d’économe de flux communautaire : prise en charge des audits sur les bâtiments à 100 %, maîtrise d’œuvre subventionnée jusqu’à 50 %, réalisation de 55 audits par an ;
- Ratio moyen de consommation énergétique par habitant : 27 MWh/hab/an en 2015, 31 MWh/hab/an en 2022 ;
- Part des énergies renouvelables : 15,1 % en 2015, 19,3 % en 2022.
Communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud (Macs)
Nombre d'habitants :
Nombre de communes :
Pierre Froustey
Voir aussi
Découvrez nos newsletters
-
Localtis :
Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. -
Territoires Conseils :
Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.