Théza consomme l'énergie qu’elle produit sur ses bâtiments communaux (66)
Les toitures photovoltaïques se développent depuis plusieurs années sur les équipements municipaux. La commune de Théza va plus loin : elle est la première à consommer sa propre production solaire dans le département des Pyrénées-Orientales. Avec la toiture photovoltaïque de sa nouvelle salle polyvalente, elle économise déjà 25 % de sa facture électrique annuelle. Convaincue par cette solution, elle a décidé d'équiper aussi son école et ses ateliers techniques. Et réfléchit à créer un groupement local de production et de consommation d’électricité solaire.
Avec 2 800 heures d'ensoleillement par an contre 1 700 à 1 800 en moyenne en France, le soleil du Roussillon est particulièrement généreux. « Transformer ce soleil en énergie pour notre propre consommation électrique nous a semblé une solution intéressante », indique Jean-Jacques Thibaut, le maire de la commune de Théza, située dans la première couronne de Perpignan. Le dynamisme démographique local pousse à la construction d'équipements communaux et la commune cherchait des solutions pour faire baisser ses frais de fonctionnement, ainsi que de nouveaux revenus, autres que les impôts sur les ménages.
Plutôt économiser sur la facture
En 2020, la construction de la nouvelle salle polyvalente donne l'occasion de tester une solution innovante, encore inexistante dans le département : l'autoconsommation électrique solaire. « Les panneaux photovoltaïques installés alimentent notre propre consommation électrique. S'il y a de l'excédent, il est ensuite revendu à Enedis », explique le maire. Entre la simple production et l'autoconsommation, il n'y a pas photo : « le kilowattheure que nous économisons sur notre facture en autoconsommant est à 16 centimes quand le prix à la revente est de 3 à 6 centimes aujourd'hui », souligne l'élu. Résultat, la toiture solaire sur ce bâtiment neuf permet un retour sur investissement à 10 ans (voir chiffres clés).
L'installation de Théza bénéficie aussi d'un programme informatique particulièrement malin : « Il affecte l'électricité produite selon le coût du kilowattheure de chaque équipement communal. » La salle polyvalente utilise d'abord la production pour son propre fonctionnement – en hiver, elle autoconsomme 80 % de sa production - puis, s'il en reste, l'électricité alimente le compteur de l'équipement le plus coûteux et ainsi de suite. À la fin, s'il reste un surplus, il est réinjecté et revendu au réseau Enedis. Cette production électrique relève d'un budget annexe dédié.
Construction neuve : intégrer dès le début du projet
Les plans et l'implantation de la nouvelle salle polyvalente ont intégré dès le départ le principe de la toiture solaire, condition transmise à l'architecte en préalable. « Nous avons aussi été bien accompagnés par un bureau d'études local leader sur le solaire, c'est essentiel », souligne le maire. La seule difficulté notable a été le temps de raccordement au réseau Enedis, entre 6 et 7 mois, du fait de la nouveauté du dispositif sur le territoire. « Je conseille aux élus de se rapprocher dès le départ de l'opérateur, pour ne pas perdre de temps », précise le maire. Au-delà de cette première réalisation inaugurée au printemps 2021 et qui a convaincu après une première année de fonctionnement, le conseil municipal a poursuivi la démarche et réalisé une étude sur l'ensemble des bâtiments communaux.
« Nous avons analysé le potentiel solaire de 10 bâtiments. Nous en avons éliminé 7 pour cause de mauvaise orientation, d'ombres portées trop conséquentes. » La commune a ensuite réalisé des études de renforcement de charpente sur les 3 bâtiments éligibles, nécessaires pour installer les panneaux. Elle a alors laissé de côté la salle des fêtes qui demandait trop de travaux. « Pour finir, l'école et les ateliers municipaux étaient adaptés pour accueillir ces panneaux solaires avec un retour sur investissement à 15 ans ». Les ateliers municipaux sont équipés depuis le printemps 2022, et l'installation solaire est programmée à l'été 2022 sur l'école.
Ajuster production et consommation
L'électricité n'étant pas stockée, une vraie réflexion porte sur l'ajustement en temps réel entre production et consommation pour autoconsommer au maximum. « Cette installation solaire nous a amenés à passer à l'électrique pour le matériel d'entretien communal : tondeuses, taille-haies… Nous recherchons aussi un camion électrique », indique le maire. Avec un confort acoustique apprécié par les habitants. Une borne d'alimentation électrique pour les voitures a aussi été installée sur le site par la communauté de communes Sud-Roussillon. Mais c'est l'alternance été/hiver qui pose le plus question : la production électrique est très forte en été, alors que l'école est fermée et l'activité des associations dans la salle polyvalente plutôt réduite. Comment utiliser au mieux cette électricité en local ?
« Nous projetons la construction d'un lotissement en face de la salle polyvalente, pourquoi ne pas accorder la gratuité de l'électricité aux locataires du parc social ? », imagine l'élu. À plus long terme, la solution pourrait consister à créer une communauté locale d'autoconsommation avec d'autres partenaires : la commune héberge en effet une clinique psychiatrique climatisée en été et une coopérative fruitière où les fruits sont conservés en frigo. Ces structures ont des besoins électriques conséquents en été. « Nous étudions le sujet avec notre avocat, la production d'électricité est très contrainte en France ! », conclut l'édile.
Le projet en quelques chiffres
- 53 761 € (75 000 € TTC, y compris fonctionnement à 10 ans) : le coût de la toiture solaire photovoltaïque de la salle polyvalente ;
- 10 ans : le temps de retour sur investissement pour cet équipement solaire ;
- 78 % de subventions obtenues pour ce projet : 40 % de l’État, 20 % de la région Occitanie et 18 % du département des Pyrénées-Orientales ;
- 7 700 € : le montant total « gagné » sur la première année de production, dont 6 200 € de consommation évitée et 1 500 € d'électricité revendue ;
- 25 % de la facture électrique communale est « effacé » avec la toiture solaire de la salle polyvalente ;
- 45 % de la facture électrique communale actuelle devrait être « effacée » avec les 3 toitures solaires supplémentaires (salle polyvalente, école et ateliers techniques).
Commune de Théza
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