En Albret, une SEM pour favoriser la transition énergétique (47)

Albret Communauté, située au sud-ouest d’Agen dans le Lot-et-Garonne, est à mi-chemin des métropoles de Toulouse et Bordeaux. Depuis 2018, elle est lauréate de l'appel à projet Territoire à énergie positive piloté par l'Ademe et la région Nouvelle-Aquitaine. Doté d’une autonomie énergétique de seulement 18 % en 2017, le territoire mise sur son potentiel d’ensoleillement et développe les énergies renouvelables. « La rentabilité des projets photovoltaïques sur des moyennes toitures est bonne, mais pas suffisamment pour les entreprises du secteur, explique Alain Lorenzelli, président d’Albret Communauté. Pour la collectivité, l’intérêt d’investir dans l’installation de panneaux photovoltaïques est de capter la chaleur, et redistribuer de l’énergie. Les projets sur toiture, enfin, conservent la valeur paysagère du territoire. »

En juillet 2021, Albret Communauté crée la Société d’économie mixte (SEM) Albret avec 4 partenaires privés. La part d’investissement public est de 50,2 % (voir encadré). « Les entreprises ont souhaité mettre leur savoir-faire au service du développement local, explique le président. Elles ont été séduites par la dynamique du territoire. Avant de se lancer, il est important de bien analyser son potentiel solaire et de s’appuyer sur des acteurs locaux. »

Le principe de la SEM est d’investir dans des projets d’énergie renouvelable et de revendre l’électricité en sécurisant le coût pour les acheteurs. C’est un modèle d’autoconsommation collective : l’énergie produite est répartie entre plusieurs consommateurs proches les uns des autres.

Priorité au photovoltaïque sur les bâtiments communaux

Une priorité est donnée aux projets photovoltaïques en toiture, en commençant par les bâtiments publics, pour une rentabilité au-delà d’un seuil déterminé. Les installations doivent faire en moyenne 100 kilowatt-crête de puissance, ce qui correspond à des toitures d’environ 600 m² : salles des fêtes, salles de sport… 20 toitures sont identifiées comme prioritaires, dont 10 devraient être équipées d’ici fin 2023. Une douzaine d’autres projets sont actuellement en phase d'étude de faisabilité. La construction des premières installations a débuté en septembre 2023. Les premières productions d’électricité de la SEM sont attendues pour 2024.

Accompagner les entreprises, les collectivités et les particuliers

La SEM propose ses services aux communes et aux entreprises du territoire. « L’idée est d’installer, à terme, une centrale photovoltaïque dans chaque commune, pour les aider dans leur transition énergétique et la maîtrise de leurs dépenses », explique le président. La SEM prend en charge le projet, du montage du dossier à la réalisation technique, en passant par l’exploitation de la centrale et de sa maintenance. De son côté, Albret Communauté a lancé une plateforme (cadastre solaire), destinée aux particuliers et aux entreprises, pour calculer le potentiel solaire de leur toiture. Cet outil en ligne gratuit évalue le dimensionnement de l’installation, son coût et sa rentabilité à terme.

Diversification des sources d’énergie

La SEM étudie également la faisabilité de porter des projets de réseaux de chaleur (bois énergie) et de développer une filière hydrogène locale pour le transport routier. L’hydrogène pourrait être distribué sur l’autoroute pour les transporteurs. Des projets d’électromobilité sont aussi en réflexion pour utiliser l’électricité produite afin d’alimenter les bornes de recharge des véhicules électriques.

En parallèle, Albret Communauté souhaite accélérer les projets photovoltaïques au sol, tout en préservant son patrimoine paysager et son potentiel agronome. La SEM suit également un projet de méthanisation collectif (MéthAlbret).

« Le contexte énergétique de 2022-2023 nous a donné raison, estime le président. Cela nous conforte et nous impose d’être plus rapides dans la mise en œuvre. Il faut tenir le rythme de 8 à 10 centrales photovoltaïques en toiture par an, soit 800 à 1 000 kilowatt-crête. En 2030, notre territoire devrait être au double des objectifs d’autonomie énergétique », conclut-il.