Un réseau de chaleur alimenté par du bois local à Saint-Affrique (12)
Portée par une société d’économie mixte associant collectivités et acteurs de la filière bois-énergie, l’installation consomme pour moitié des plaquettes forestières issues du territoire.
Mis en service en janvier 2020, le réseau de chaleur urbain de Saint-Affrique (12) dessert, via 35 points de livraison, des clients publics et privés, soit l’équivalent de 1.050 foyers. 400 logements sociaux, un centre nautique, un hôpital, plusieurs établissements scolaires de la primaire au lycée, ainsi qu’un petit supermarché et un hôtel reçoivent ainsi de l’eau chaude destinée au chauffage et à un usage sanitaire. Ce réseau est alimenté à hauteur de 12,5 Gwh/an par une chaufferie bois (deux chaudières d’une puissance respective de 2 MW et 1 MW, couplées à une chaufferie gaz de 5 MW en appoint de secours), qui fonctionnent à partir de ressources exclusivement locales.
Énergie et paysage
Trois types de bois approvisionnent la chaufferie de Saint-Affrique. Un quart des 5.000 tonnes absorbées annuellement est constitué d’accessoires en bois « sortis du statut de déchet » tels que des palettes. Un autre quart provient de produits connexes de l’industrie du bois, et enfin, au moins la moitié est formée de plaquettes forestières, issues de bois ayant poussé dans un rayon maximal de 70 km. Si les coupes d’éclaircies fournissent une grande part des bois valorisés en plaquettes, l’initiative saint-affricaine a ceci d’original qu’elle offre un débouché à la coupe des pins sylvestres, nécessaire à l’entretien des paysages caussenards ouverts, où le résineux a désormais tendance à s’étendre.
Une ingénierie renforcée
Quatre entreprises locales approvisionnent la chaufferie : la coopérative forestière Sylva bois, l’association Bois du Larzac, l’entreprise de travaux publics Sévigné ainsi que le paysagiste Bois&Energie. Les quatre sociétés sont actionnaires de la structure porteuse du réseau de chaleur, Causses Energia. Cette société d’économie mixte, créée en 2016 sous l’impulsion du Parc naturel régional des Grands Causses, réunit en effet des collectivités du sud Aveyron (dont la ville de Saint-Affrique), qui détiennent 51 % du capital, et des acteurs de la filière bois-énergie du territoire.
« En 2014, le PNR a été élu Territoire à énergie positive pour la croissance. Deux volets figurent dans sa stratégie énergie : la réduction des consommations et la production d’énergie renouvelable, explique le chargé d’affaires de Causses Energia Rémy Blazin. Le territoire du PNR dispose d’une ressource abondante en bois. Problème, les petites communes n’avaient jusqu’à présent ni les moyens ni l’ingénierie pour développer des projets bois-énergie, leurs initiatives n’intéressaient pas les grands opérateurs nationaux, tandis que la filière locale souffrait d’un manque de demande. C’est pourquoi Causses Energia a été fondée. »
La société d’économie mixte vise à renforcer la capacité des communes « de mener à bien leurs projets en assumant le développement, le financement et l’exploitation de réseaux de chaleurs et de chaufferies dédiées ».
Pédagogie
C’est à l’occasion de la rénovation du chauffage de son centre nautique, important poste énergétique pour la commune, que Saint-Affrique a envisagé dès 2009 le recours à une énergie renouvelable locale. À la suite d’une procédure de délégation de service public (DSP), Causses Energia s’est vu confier la conception, la construction et la gestion du réseau de chaleur urbain et de la chaufferie bois, en partenariat avec Dalkia.
« Le projet, avec ses 5,5 km de tranchées, a suscité de nombreuses inquiétudes chez les Saint-affricains, qui craignaient de voir se multiplier les passages de camion ou que le bois soit importé. Il a fallu faire preuve de pédagogie auprès des habitants et des prestataires afin que les plaquettes répondent à nos attentes », se remémore Rémy Blazin. « Le volume de bois nécessaire faisait craindre que la chaufferie ne dégrade la ressource locale mais il ne s’élève qu’à 1 % de l’accroissement naturel annuel du territoire où il est prélevé », appuie de son côté le premier adjoint au maire de Saint-Affrique, Arnaud Durand.
Factures allégées
L’élu se réjouit par ailleurs que le réseau permette des développements ultérieurs : « des raccords en attente ont été prévus et nous allons connecter une petite surface de commerces locaux que la commune vient d’acquérir pour y proposer une offre de produits locaux ».
Outre son intérêt écologique, le réseau de chaleur bois-énergie de Saint-Affrique garantit à ses usagers une stabilité à long terme du prix de l’eau chaude : « 40 % de celui-ci vient du bois et 40 % du remboursement du prêt octroyé par la Banque des Territoires, précise Rémy Blazin. Nous prévoyons une économie moyenne de 7 % au démarrage du réseau ».
Le projet en chiffres
Coût de l’installation du réseau de chaleur et de construction de la chaufferie : 6.968.000 € HT, à la charge de Causses Energia.
Financement :
- soutiens : Ademe Occitanie 1.450.000 €, Feder 1.246.411 €, région Occitanie 1.176.915 €
- prêts bancaires (Banque des territoires : 2.918.000 €)
La création de cette installation a permis de générer 4 emplois à temps plein, non délocalisables, pour le réseau de chaleur (déchiquetage déchets bois, entretien, etc.).
Budget alloué à l’achat de bois en local pour une année : 350.000 €
Commune de Saint-Affrique
Nombre d'habitants :
Arnaud Durand
Causses Energia
Séverine Peyretout
Rémy Blazin
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