À Malaunay, l’énergie solaire produite localement se partage (76)

Engagée depuis plus de 20 ans dans une ambitieuse politique de transition environnementale, Malaunay est à l’affût de toutes les innovations qui lui permettent d’atteindre son objectif de neutralité carbone. C’est ainsi qu’elle est la première collectivité à avoir mis en place l’autoconsommation électrique collective. Si le principe est très simple – consommer sur place l’électricité produite localement – sa mise en œuvre a été longtemps complexifiée par la réglementation.

À Malaunay, le projet a été pensé dès 2015, lorsque la commune intègre la sélection des lauréats de l’appel à projets Territoire à énergie positive pour la croissance verte. Les bâtiments municipaux ont été équipés progressivement de panneaux solaires. On compte aujourd’hui 13 sites : église, groupe scolaire, gymnase, école de musique, boulodrome… La surface de panneaux représente 1 700 m2 et une capacité de production de près de 300 MWh. Si les énergies renouvelables font désormais partie de tous les projets de construction de la municipalité, certains sites se sont cependant avérés inadaptés. L’hôtel de ville s’est par exemple révélé insuffisamment exposé.

Dans un rayon de 2 km

« Aujourd’hui, 75 % de l’électricité que nous produisons est autoconsommée », se félicite Guillaume Coutey, maire de Malaunay. Un taux très élevé, obtenu grâce au système de l’autoconsommation étendue. L’arrêté du 21 novembre 2019 autorise en effet à rediriger le surplus d’électricité produit vers des bâtiments situés dans un rayon de deux kilomètres autour du lieu de production. Ainsi l’église, dont la toiture est intégralement couverte de panneaux solaires, ne consomme que 5 % de ce qu’elle produit et alimente la mairie et le centre de loisirs. Ces échanges d’électricité portent à 19 sites le nombre total de bâtiments bénéficiant de l’énergie produite localement. Les compteurs communicants Linky permettent du reste de mesurer et contrôler les entrées/sorties d’électricité pour chaque bâtiment. Et lorsqu’il y a un surplus non consommé, celui-ci est revendu à Enercoop, générant une recette de quelque 2 500 euros en 2022.

La maximisation du potentiel photovoltaïque de la commune est « à la portée de tout territoire, car les panneaux captent de l’énergie même avec un ciel couvert comme en Normandie », souligne le maire. Elle a permis à Malaunay d’aborder la crise énergétique fin 2022 avec sérénité : « Nous n’avons pas été obligés de baisser la température de la piscine ou dans les salles de classe, car cela fait longtemps que nous anticipons une hausse du coût de l’énergie ». Le seul effet de la crise a été d’accélérer le retour sur investissement de la collectivité, même si l’élu relativise ce concept, lui préférant celui de « coût de l’inaction climatique ». « Ce qui est important c’est le volume de CO2 évité, indicateur que nous mesurons chaque année », précise le maire qui ajoute que « l’argent économisé a vocation à être investi dans d’autres actions de transition ».

Vers une communauté énergétique citoyenne

Pour important que soit le chemin parcouru, l’indépendance énergétique de la commune n’est pas pour demain. La collectivité n’assure par exemple que 35 % de sa propre consommation électrique. Au-delà d’une incitation des particuliers à intégrer les énergies renouvelables à leurs projets de rénovation, la ville souhaite désormais créer « une communauté énergétique citoyenne ».

L’idée serait qu’une diversité d’acteurs du territoire, la collectivité, des acteurs économiques, des bailleurs, des habitants mobilisent leurs toitures et parkings pour couvrir tout ou partie de leurs besoins en électricité et vendent le surplus, lorsqu’il existe à des habitants, acteurs économiques et autres consommateurs du territoire. Le concept de communauté d’énergie inscrit dans le droit européen est transcrit progressivement mais trop lentement, aux yeux de Guillaume Coutey, dans le droit français. Mais ces obstacles ne font pas peur à l’élu, habitué aux méandres administratifs et qui n’hésite pas à se faire aider d’experts ou à faire venir des ministres pour faire avancer ses dossiers.