Un court métrage pour attirer étudiants et médecins dans le Tonnerrois (89)

Comme beaucoup de territoires ruraux, la communauté de communes Le Tonnerrois en Bourgogne prévoit une pénurie prochaine de médecins généralistes : sur une quinzaine actuellement installés, six à sept médecins généralistes pourraient partir d’ici cinq ans. « La situation est inquiétante, mais pas dramatique, il est encore temps de l’anticiper », commente Julien Laine-Pradines, responsable de la communication à la collectivité. « Nous avons constaté que les jeunes médecins, notamment ceux dont les conjoints travaillent également dans le domaine de la santé, recherchent une installation en ville, pensant ne pas trouver d’opportunités pour deux dans un territoire rural », s’inquiète José Ponsard, vice-président en charge des services à la personne, de la petite enfance et de la mobilité. « En outre, ils craignent de devoir consulter 60 à 70 heures par semaine, comme le font parfois encore des médecins plus âgés. Ce n’est pas très attrayant pour des jeunes qui recherchent un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Vivre à la campagne ne les intéresse donc pas vraiment. »

Un film contre les a priori

Malgré tout, suite à la crise sanitaire, l’édile remarque que des urbains s’interrogent sur un nouveau lieu de vie au vert. Comment saisir cette opportunité ? Comment leur montrer le vrai visage d’une installation et d’une vie dans un territoire rural ? En leur proposant des visites ? « Je me souviens de l’étonnement de deux jeunes médecins venus récemment visiter notre territoire. Ils étaient très impressionnés par la qualité de nos équipements de santé. C’est très encourageant. » Les étudiants ou les jeunes médecins n’étant pas forcément disponibles pour effectuer ce type de visite, et pour avoir vu des initiatives similaires ailleurs, l’élu envisage alors une autre piste. Il imagine la création d’un court métrage qui donnerait un premier aperçu de la qualité de travail et de vie dans le Tonnerrois et prendrait à contre-pied les a priori.

Il se met en lien avec Christophe Cheysson, réalisateur professionnel et par ailleurs maire de Sainte-Vertu, commune rurale du même département. Ce dernier élabore un scénario avec des professionnels de la santé du territoire et lance un appel à acteurs bénévoles dans la presse locale et sur les réseaux sociaux. Un casting retient des habitants -non médecins- pour jouer les rôles principaux, tandis que des repérages sur les lieux de soins et de santé du territoire lui permettent d’envisager des scènes avec les professionnels de ces établissements.

Un accueil enthousiaste des acteurs locaux

Le film raconte la visite des équipements de santé - hôpital, pôle de santé, plateau santé - de la communauté de communes par un médecin parisien désireux de s’y installer. Avec son épouse et sa fille, ils découvrent ainsi un immobilier plus abordable qu’en ville, une école à petits effectifs ainsi qu’un accueil et un accompagnement pour faciliter leur intégration locale.

Le tournage se déroule en avril 2023 et alterne des scènes jouées et de très belles prises de vues de la région, pour un peu moins de 10 000 euros autofinancés par la collectivité. Le film, d’une durée d’une vingtaine de minutes, fait l’objet d’un teaser pour une diffusion sur les réseaux sociaux et auprès du grand public durant le premier semestre 2024. Un peu avant, en octobre 2023, le film a été présenté - et accueilli avec enthousiasme - aux élus et acteurs du territoire ainsi qu’aux professionnels de la santé. « Il est important de les impliquer dans la dynamique, pour qu’ils en soient aussi les prescripteurs. Nous savons déjà que l’Agence régionale de santé est très intéressée par la démarche », poursuit José Ponsard.

Un accompagnement individualisé

Le film est donc avant tout destiné aux professionnels de santé désireux quitter la vie citadine et aux étudiants, futurs médecins. « Cela signifie que nous visons des salons professionnels, des écoles de médecine ainsi que les Unions régionales des professionnels de santé pour le présenter. »

Et pour la suite ? Tout est prévu pour accueillir les candidats. La coordinatrice du pôle de santé prendra les appels et accompagnera les démarches au cas par cas, en fonction des besoins et des attentes. « Et si besoin, nous pouvons même faire les guides touristiques », précise José Ponsard.