Séduire plutôt que courir, Apt mise sur le logement des internes en médecine (84)

La commune a transformé, rénové et réuni deux appartements mitoyens lui appartenant en un seul grand appartement d’environ 136 m2 pour y loger des Internes en médecine. Une opération rondement menée durant l’été 2022, afin de pouvoir accueillir les premiers locataires dès octobre. Les services techniques de la commune ont abattu une cloison séparative, réalisé les travaux d'isolation (remplacement des baies vitrées) et amélioré le logis qui compte désormais deux grandes pièces communes, une cuisine totalement équipée, cinq chambres, une salle de bains, une salle de douche, trois WC, et un espace à vélos. Le tout meublé et aménagé « comme nous l'aurions fait pour nos enfants, simple mais mignon », glisse la maire, Véronique Arnaud-Deloy. Les internes n'ont « que leur couette, draps et oreillers à apporter ». Le tout moyennant un loyer modique, 200 euros par mois, « pour les fluides ».

La difficulté de trouver un logement, qui plus est à un coût abordable, est « un vrai problème » pour les internes. Et certainement un critère de choix pour leurs stages d'internat. « Ce sont généralement des jeunes gens entre 26 et 30 ans qui ont déjà une vie ailleurs, en l'occurrence à Aix et Marseille, près des facultés. Ils ne peuvent pas se permettre un autre loyer trop élevé », comprend la maire.

une liste d'attente

En octobre, trois jeunes étudiants ont choisi d’effectuer leur internat à Apt grâce à ces nouveaux logements. Les prochains internats commencent en avril. L'élue sait que « les candidatures se bousculent déjà ». Il se pourrait que leur nombre double donc en avril. « Le bouche-à-oreille fonctionne à merveille entre les internes » se réjouit-elle, voyant là l'opportunité de démultiplier les chances que des futurs médecins découvrent la ville, sa médecine libérale, son centre hospitalier… « Si au bout du compte, sur une dizaine de jeunes accueillis chaque année, l'un revient s'installer une fois diplômé, nous aurons gagné », espère-t-elle. Car ici aussi le désert médical avance. Quelques médecins s'approchent de l'âge de départ en retraite.

Ces deux appartements - auparavant dédiés à l'accueil de femmes victimes de violence – étaient inoccupés depuis que la mairie avait décidé de loger ces personnes plutôt à l'hôtel, « pour qu'elles ne soient plus seules ». « Nous ne savions pas quoi en faire, nous hésitions à les revendre. Aussi, lorsque nous avons réuni les professionnels de santé pour savoir comment nous pouvions les aider, et que des médecins maîtres de stage nous ont demandé un coup de pouce pour le logement des internes, nous n'avons pas hésité. » La maire assume le choix politique et son coût financier. « Nous aurions gagné peut-être 80 000 euros en revendant ces appartements, cela nous a coûté 50 000 euros de les retaper, mais nous avons investi sur l'avenir. »

Gestion partagée avec les professionnels de santé

La commune ne s'occupe pas de la gestion au quotidien des logements, ni de la réception des loyers. C'est la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), qui réunit notamment les médecins, qui s'en charge. La commune et la CPTS ont signé pour cela une convention. La CPTS collecte les loyers qu'elle reverse au trésor public une fois par semestre.