Dans l’Orne, le Médicobus rencontre les habitants sans médecin traitant (61)

Grâce à un large partenariat, les professionnels de santé de l’est de l'Orne ont pu lancer le Médicobus : une offre de soins mobile dans les territoires où la part de la population sans médecin traitant est importante. Les premiers mois d’expérimentation démontrent l’utilité du véhicule.

« Dans l’est du département de l’Orne, nous pensons qu’environ 12.000 des 90.000 assurés du régime général ne disposent pas de médecin traitant en raison, principalement, de départs à la retraite non remplacés », explique Jean-Michel Gal, médecin généraliste et président de la communauté professionnelle territoriale de santé Orne-Est (CPTS, voir encadré) et de l’association Médicobus. Depuis l’automne, grâce à la mobilisation des acteurs de la santé de ce territoire, réunis au sein de la CPTS, les habitants dans cette situation peuvent solliciter n’importe quel professionnel de santé – un pharmacien, un infirmier… - ou appeler le 06 24 79 58 44 pour demander un rendez-vous auprès d’un médecin. La « coordination des soins non programmés » (CSNP, voir encadré), s’occupe de prendre en charge sous 48 heures les soins qui ne relèvent pas des urgences de l’hôpital (renouvellement d’ordonnances, maladies saisonnières…). La CSNP dirige les patients vers trois solutions : le Médicobus, en circulation depuis le 5 octobre 2020, des plages de consultations dédiées au sein des cabinets de médecins généralistes du territoire ainsi que, prochainement, des téléconsultations.

Des tournées toute la semaine

Le Médicobus est un véhicule équipé pour la consultation médicale. Il dispose notamment d’une valise de télémédecine, offrant des outils de diagnostic comme l’échographe, le stéthoscope… Il effectue ses tournées selon un planning hebdomadaire défini à l’avance, mais adaptable en fonction de la fréquentation constatée. Il circule ainsi toute la semaine, par demi-journées ou journées complètes, sur sept communes du territoire. Il ne prend les patients que sur rendez-vous. Animé par une douzaine de médecins volontaires, il est préparé et conduit par deux assistants médicaux. « Dans certaines communes comme Vimoutiers, tous les créneaux sont généralement pris entre 9 heures et 18 heures, avec une vingtaine de patients reçus. L’emplacement que nous attribuent les élus influe beaucoup sur la visibilité du Médicobus, l’idéal étant la place du village », ajoute le docteur Gal. Dans certains secteurs, comme Nocé, les trois demi-journées de permanence du Médicobus font déjà le plein, avant même le départ à la retraite de deux médecins, qui est imminent.

Des médecins volontaires en activité

Le Médicobus est porté par un centre de santé créé pour le projet. Il est géré par l’association Médicobus et salarie les deux assistants médicaux ainsi que les heures des médecins. « Au départ, l’équipe des médecins était surtout composée de retraités volontaires. Avec l’arrivée de la crise sanitaire, il ne restait que trois médecins en juin 2020 pour faire les tournées. Après un appel lancé auprès de mes collègues en activité, j’ai été très surpris, car huit d’entre eux ont répondu présent. C’est un système qui plaît beaucoup, qui permet de sortir du cabinet », poursuit le docteur Gal, président de la CPTS.

Une dynamique partenariale constructive

La mise en œuvre de ce dispositif a rassemblé de nombreux partenaires et professionnels de santé du territoire, déjà habitués à travailler ensemble dans le cadre du CPTS : l’union régionale des médecins libéraux (URML) de Normandie, l’agence régionale de santé (ARS) de Normandie, la région Normandie, la préfecture de région, la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de l’Orne et le conseil de l’Ordre des médecins de l’Orne. « Ce large partenariat, et le fait que ce projet soit mis en œuvre par les professionnels de santé, est un vrai gage de réussite, car l’enjeu et le diagnostic en matière de démographie médicale ont été partagés par tous », commente Élise Jeanne, chef de projets pour l’offre de soins ambulatoire de Normandie. Un plan de financement a été défini sur 4 ans, qui intègre un volet investissement (équipements Médicobus et de télémédecine) et une partie fonctionnement (charges salariales, location du camion…). Le budget total consacré à ce dispositif de 2020 à 2023 est de 1.852.575 euros. La région et l’État (FNADT) ont participé à l’investissement à hauteur de 72.131 euros chacun. Des aides au fonctionnement ont été attribuées par l’ARS (722.859 euros), l’État (FNADT, 407.869 euros), la CPAM de l’Orne (42.000 euros) et l’entreprise Dok’Ici (24.252 euros) pour la mise à disposition gracieuse du Médicobus pendant les six premiers mois.

L’URML a soutenu et animé la méthodologie de la démarche. L’engagement des élus municipaux, qui accueillent le Médicobus, est également déterminant pour positionner le véhicule au bon endroit et relayer l’information auprès des habitants. Ces derniers avaient par ailleurs été informés du dispositif par la presse locale, une information envoyée aux professionnels de la santé, des flyers, le numéro affiché sur le véhicule… Depuis le lancement du Médicobus, le comité de pilotage qui réunit l’ensemble de ces acteurs, se retrouve régulièrement pour faire évoluer le projet en l’adaptant au contexte et aux besoins des populations des territoires ruraux.

Qu’est-ce que la communauté professionnelle territoriale de santé Orne-Est (CPTS) ?

La CPTS de l’Orne-Est, créée en janvier 2020, a pour objet d’assurer une meilleure coordination de l’action des professionnels de santé sur son territoire. Elle a également vocation à concourir à la structuration des parcours de santé. Ces parcours visent, par la coordination des acteurs sanitaires, sociaux et médicosociaux, en lien avec les usagers et les collectivités territoriales, à garantir la continuité, l'accessibilité, la qualité, la sécurité et l'efficience de la prise en charge de la population, en tenant compte des spécificités géographiques, démographiques et saisonnières du territoire Orne Est, afin de concourir à l'équité territoriale.
De la même manière, la CPTS concourt à la réalisation des objectifs du projet régional de santé.

Qu’est-ce qu’un centre de santé ?

Les centres de santé, définis par l’article L.6323 du code de la santé publique, sont des structures d’exercice regroupé de premiers recours, qui permettent de coordonner la prise en charge des patients, notamment dans des territoires soumis à la désertification médicale. Gérés par des associations, des mutualités, des collectivités locales, des régimes de sécurité sociale, des fondations, des congrégations, des établissements de santé ou des sociétés coopératives d’intérêt collectif, ils élaborent un projet de santé et mettent en place des actions d’éducation thérapeutique, de prévention et de santé publique. Ils appliquent les tarifs conventionnés de l’Assurance Maladie et pratiquent le tiers payant. Les professionnels de santé y sont salariés.

Qu’est-ce que la coordination des soins non programmés (CSNP) ?

Cette organisation reçoit, qualifie et oriente les demandes de soins non programmés sur un territoire défini. Elle est composée d’assistants de coordination médicale et d’un médecin superviseur qui peut être sollicité à tout moment. Il sécurise l’ensemble des décisions prises au sein de la CSNP.

Communauté professionnelle territoriale de santé Orne-Est (CPTS)

23 rue Ferdinand-de-Boyeres
61400 Mortagne-au-Perche

Jean-Michel Gal

Président

Union régionale des médecins libéraux (URML) de Normandie

7 rue du 11-Novembre
14000 Caen

Région Normandie - Site de Caen

Abbaye-aux-Dames, Place Reine Mathilde, CS 50523
14035 Caen Cedex 1

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