Glanges crée un pôle santé cofinancé par un prêt participatif (87)

Située à 20 minutes de Limoges, la petite commune de Glanges compte une école, une église, et pour l’instant, aucun commerce. Depuis novembre 2023 pourtant, elle peut s’enorgueillir de proposer un pôle santé à ses administrés, avec deux infirmières, et, la mairie l’espère : un médecin, une sage-femme ou un ostéopathe.

Tout a commencé par le souhait de la municipalité de rénover un logement communal aménagé en 2001 dans l’ancien bureau de poste. Cette « passoire thermique » était vacante depuis six ans, tant les frais de chauffage étaient lourds pour les locataires… La réflexion est en cours quand deux infirmières de Limoges, désireuses de s’installer à la campagne, contactent la mairie pour savoir si un local est disponible. La jeune maire de Glanges, Émilie Gillet, élue en 2020, saisit la balle au bond. Et se dit qu’il serait opportun de profiter des travaux de rénovation du bâtiment pour le réaménager entièrement, afin d’y créer à la fois un local pour des praticiens de santé au rez-de-chaussée, mais aussi un logement T4 en duplex tout neuf au premier étage en investissant les combles.

Impliquer les habitants dans un projet collectif

« En 2020, année du Covid, en participant en distanciel au Salon des maires, j’ai découvert l’existence d’une start-up spécialisée dans le prêt participatif, la plateforme Villyz », se souvient Émilie Gillet. Une structure créée par d’anciens cadres de direction de la Banque de France, « désireux de redonner du sens à l’épargne des Français ». « Nous prévoyions justement d’impliquer davantage nos habitants dans les projets municipaux, mais nous n’allions pas jusqu’à envisager qu’ils mettent la main à la poche… » sourit l’élue. L’idée fait pourtant son chemin ; la start-up vient présenter le projet au conseil municipal. Qui le valide.

Quelques semaines plus tard, la start-up revient à Glanges, présenter le projet à la population au cours d’une réunion publique, et répond à toutes les questions. Succès total. « Nous avons été très agréablement surpris par la façon dont les habitants ont reçu ce projet participatif, indique l’élue. Et encore plus du montant collecté : 65 000 euros ! Il s’agissait d’un prêt à 1,20 % remboursé par la commune sur 7 ans. Au total, 114 personnes ont participé au tour de table et nous avons même reçu des dons venant des quatre coins de la France, à hauteur de 3 000 € ». Chiffrée au total à 500 000 €, l’opération a été financée à 40 % par des subventions publiques (département de la Haute-Vienne, région Nouvelle-Aquitaine, fonds européens Feader et Leader pour la rénovation du logement). Les 65 000 € recueillis via ce prêt citoyen ont permis de diminuer le montant de l’emprunt de la commune.

Un important travail de communication

Aujourd’hui, le conseil municipal est aussi ravi que fier d’avoir mené à bien ce projet. Mais il reconnaît que ce n’était pas si simple : « C’est vraiment une opération de communication. La start-up nous a beaucoup aidés et accompagnés, mais c’est nous qui étions acteurs. Nous avons d’abord organisé une conférence de presse pour médiatiser le projet : la presse locale est venue, relayée par l’Agence France Presse… puis par les télévisions : M6, TF1, France 2, on n’avait jamais vu autant de journalistes à Glanges ! C’est beaucoup de travail, il faut recevoir tout ce monde, mais c’est aussi très fédérateur pour les habitants. »

Bientôt un tiers lieu et d’autres projets participatifs

Aujourd’hui, le pôle santé compte trois espaces médicaux qui seront loués aux praticiens. L’immeuble, auparavant classé G en performance énergétique, vise le A, et le label BBC. « Nous sommes une collectivité, nous nous devons d’être exemplaires », ajoute l’élue. La commune travaille désormais sur deux nouveaux projets : un tiers lieu et un atlas de la biodiversité. Un collectif d’habitants s’est constitué pour réfléchir à l’élaboration de ce tiers lieu, et ambitionne de réouvrir un restaurant désaffecté à l’aide du programme 1 000 cafés, développé par le groupe SOS. « Si on n’avait pas eu cette dynamique sur le pôle santé, on n’aurait jamais eu cet élan pour le tiers lieu… », reconnaît l’élue.