Plévenon s’assure la présence future d’un médecin généraliste (22)
La commune de Plévenon dans les Côtes-d’Armor a opté pour une solution originale afin de disposer des services d’un médecin généraliste. Elle finance les études d’un étudiant en médecine, qui viendra y exercer sa profession pendant une durée au moins égale à celle de ses études.
Trouver des soignants dans les déserts médicaux relève de plus en plus de la gageure, même dans une commune telle que Plévenon, réputée pour le site très renommé du Cap Fréhel. « Parmi les médecins généralistes les plus proches, certains ne prennent plus de patients faute de temps et nos habitants doivent aller jusqu’à Lamballe et Saint-Brieuc, à plus de 40 kilomètres pour consulter. La recherche d’un spécialiste ou d’un dentiste est encore plus compliquée », constate le maire de Plévenon Hervé Van Praag. Aussi lorsqu’un étudiant en médecine lui demande un rendez-vous, il accepte de le recevoir, sans trop comprendre pourquoi le jeune homme le sollicite.
Un contrat protège la commune
L’étudiant lui soumet un projet très bien ficelé, consistant à se faire financer une partie de ses études de médecine en contrepartie, une fois son diplôme obtenu, de son installation dans la commune pendant une durée minimale de sept ans. « Il m’a présenté les copies de tous les documents légaux autorisant une collectivité à accepter une telle démarche », précise le maire qui se montre d’emblée favorable à cette demande. Mais des élus du conseil municipal expriment des réticences. Trop long et trop risqué, invoquent-ils. Un rendez-vous est donc organisé pour les convaincre. L’étudiant leur explique son souhait de s’installer dans la commune où il a des attaches fortes. Ses grands-parents y habitent et il y passe ses vacances depuis son enfance. Mais tous les élus ne sont pas convaincus, huit mois de discussions ont été nécessaires avant que le projet soit accepté.
Un contrat, établi sur un modèle défini par les pouvoirs publics, est alors rédigé. Validé par l’agence régionale de santé en mai 2023, il spécifie notamment que l’étudiant s’engage à ne pas faire de demande identique à une autre collectivité et qu’en cas de désistement, il doit rembourser la totalité des sommes perçues, soit 33 600 euros.
Une maison de santé bientôt ouverte
Afin d’élargir l’offre de soins en attirant des professionnels de santé, les élus de Plévenon ont pris la décision d’ouvrir une maison de santé. Elle verra le jour fin 2023 ou début 2024 et comportera trois cabinets médicaux ainsi qu’un logement à l’étage. Un rapprochement avec la maison de santé d’Erquy, située à une quinzaine de kilomètres, et un projet de convention avec les communes proches sont en discussion. L’idée est d’organiser des permanences hebdomadaires de soignants à Plévenon et de mutualiser les moyens, « pour faire face à une désertification médicale qui s’aggrave » explique le maire (Lire l’encadré). « Nous sommes aussi conscients de l’évolution des mentalités chez les jeunes qui ne veulent plus travailler avec les conditions des générations précédentes. La maison de santé est une réponse à leur volonté d’exercer leur métier en équipe. » Le recrutement d’un dentiste pour une demi-journée par semaine est à l’étude, mais l’investissement nécessaire à l’acquisition des équipements de soins dentaires est très élevé. Par ailleurs, la commune bénéficie également de la présence d’un infirmier en pratique avancée (IPA) qui s’y est installé depuis trois ans.
Certes, malgré les clauses du contrat qui protègent l’investissement de la commune, le risque de désistement du futur médecin ne peut pas être totalement exclu. Hervé Van Praag l’assume complètement : « Si on refuse le moindre risque, on ne fait rien et nous sommes dans une situation où nous avons le devoir d’agir. » Une opinion qui ne semble pas aussi partagée qu’on le croirait. L’étudiant avait proposé son offre à sept communes et seulement deux l’ont reçu, dont Plévenon.
Une offre de soins en forte baisse
La France compte 8 millions d’habitants confrontés aux déserts médicaux. Une étude publiée en mai 2023 fait apparaître que 78 % des généralistes contre 67 % en 2019 considèrent qu’ils ne sont pas assez nombreux sur leur territoire. 47 % d’entre eux anticipent même une forte baisse de l’offre de soins dans leur secteur d’activité.
Commune de Plévenon Cap Fréhel
Nombre d'habitants :
Hervé Van Praag
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