À Tarnos, l'insertion via le maraîchage bio en cœur de ville (40)

Qu'il s'agisse « de la question de l'accès au logement ou de projets au service de la résilience alimentaire, la mairie de Tarnos est très offensive dans le domaine de la maîtrise foncière. Et ce, depuis plusieurs années ». C'est dans cette logique, explique le maire, Marc Mabillet, que la municipalité a, « il y a plus de dix ans, acquis une zone agricole de dix hectares, en cœur de ville. Acheté à un agriculteur, cet espace est devenu éco-lieu Lacoste. Il abrite aujourd'hui différents projets citoyens, au premier rang desquels une ferme solidaire, un atelier chantier d'insertion par le maraîchage bio installé sur trois hectares. »

Si la ville n'avait, au départ, pas de projet prédéfini pour ces terres, seulement le souhait de les préserver de la spéculation foncière, la qualité des sols et biodiversité ont orienté la réflexion, menée de concert avec le Comité de bassin d’emploi (CBE) du Seignanx et le Pôle territorial de coopération Sud-Aquitaine (PTCE), vers un projet alliant production maraîchère bio et chantier d'insertion de personnes en situation de fragilité sociale.

À la demande de la ville, le CBE a, de 2017 à 2019, animé la conception de ce projet, dans lequel se sont impliqués une vingtaine de structures et d’acteurs locaux, dont des associations d’habitants ou de jardins partagés de Tarnos. Dès 2015, les terrains étaient mis au repos afin de pouvoir accueillir des cultures bios. « C’est en 2020 qu’ont eu lieu les premières interventions sur la Ferme Solidaire Lacoste. Elles ont été accompagnées par des personnes de bonne volonté, dont des agents municipaux de la ville et la première équipe de salariées en parcours d’insertion, qui se sont impliquées dans les travaux préparatoires, comme le drainage et la construction des serres. »

Créée le 26 juillet 2010, la ferme solidaire de l'éco-lieu Lacoste a, après deux années de remise en culture et de plantations, effectué ses premières récoltes et ventes de légumes au printemps 2021.

Une production inscrite dans le PAT 

La structure compte 17,3 équivalents temps plein : 15 salariés en insertion (en contrats à durée déterminée de six mois, renouvelables jusqu’à une durée totale de 24 mois), un directeur, un chef de culture encadrant technique et une accompagnante socio-professionnelle, mise à disposition par le CBE et présente deux jours par semaine, explique Benjamin Lerouge, son directeur.

Jeunes sans qualifications, bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), adultes en reconversion… Depuis la création de la structure, 60 personnes ont été accompagnées dans la construction d'un projet professionnel,dans le maraîchage biologique ou autre.

Sur les trois hectares que compte la ferme solidaire, 1,6 hectare est cultivé et fournit chaque année 25 tonnes de légumes bios. Des légumes qui nourrissent les habitants de Tarnos et des alentours, la ferme livrant les cantines scolaires et les magasins bios du territoire, et les particuliers via la vente, sur place le jeudi, de paniers de légumes frais.

Une serre à plants a également permis d’amorcer la diversification de la production. Et, pour consolider son modèle économique, l’association envisage aussi la plantation de haies et le développement de l'accueil de jeunes publics, qui se fait aujourd'hui gracieusement.

Inscrite dans un territoire « dominé par la monoculture céréalière intensive, mais aussi très marqué par les valeurs de l'économie sociale et solidaire, la ferme participe à la démarche alimentaire du territoire engagée depuis 2016 par un collectif d’acteurs de l’ESS et les collectivités locales », souligne Marc Mabillet. « Elle s’inscrit dans la dynamique du Projet alimentaire territorial porté par le CBE du Seignanx », appuie Benjamin Lerouge.

Dynamique citoyenne

« Véritable poumon vert en cœur de ville, l'éco-lieu Lacoste associe différents projets, qui s'inscrivent dans une même dynamique de transition sociale et alimentaire », souligne Marc Mabilllet.

Situé en pied d’immeubles et au cœur de zones pavillonnaires et d’écoles, cet espace de dix hectares devrait accueillir bientôt, en plus de la ferme solidaire, une zone d'éco-pâturage éducatif ainsi qu’une zone d'animation et de préservation de l'espace naturel, sur lequel mairie et CBE du Seignanx travaillent avec un collectif de citoyens.

Le projet est certes toujours fragile, vu sa dépendance structurelle aux financements publics. « Mais considérant la dynamique en cours, on a bon espoir que tout cet écosystème se complète, et s'entraide », sourit Marc Mabillet. D’ailleurs « c'est déjà le cas aujourd'hui. Rien que sur la ferme solidaire, les citoyens ont été nombreux à s'impliquer, pour un coup de main administratif ou pour la distribution des paniers. »