Une ceinture vivrière autour de Toulouse (31)
En Haute-Garonne, une société coopérative d'intérêt collectif s’est donné pour mission d’accompagner les communes périurbaines et les porteurs de projets agricoles dans la création d’une ceinture vivrière autour de Toulouse. Exemple à Cugnaux, qui lance sa ferme communale en 2024.
« Notre projet initial est de redonner une identité au territoire périurbain et de faire en sorte que ce ne soit pas un non-territoire, voué à l’étalement urbain et à la spéculation », explique Amandine Largeaud, codirectrice et cofondatrice en 2015 du 100e singe. Cette association, transformée en société coopérative d’intérêt collectif (Scic) en 2022, a été créée pour accompagner les collectivités et les porteurs de projets dans l’installation d’exploitations agricoles périurbaines. « Il y a un enjeu majeur à ce que les communes périurbaines soient facilitatrices pour l’installation d’activités nourricières. Les porteurs de projet aujourd’hui sont à 60 % non issus monde agricole, mais ils n’ont pas accès au foncier car tout le modèle agricole a été conçu pour la transmission familiale. Beaucoup de néopaysans ont des attaches en milieu urbain, par exemple un conjoint qui y travaille. Enfin, c’est bien la ville qui représente le potentiel commercial », argumente la codirectrice.
Un déploiement en archipel dans l’aire urbaine de Toulouse
La scic se déploie en archipel autour de la métropole toulousaine. Le site principal, constitué de 700 m² de bâtiments et trois hectares de terres, se trouve à Castanet Tolosan, à 11 km de Toulouse. Il comporte un espace test agricole pour sécuriser les trois premières années des porteurs de projet par la mise à disposition de terres, de moyens de production, d’une structure juridique et un accompagnement au projet. « Le site fonctionne comme un tiers lieu, avec également des bureaux et du coworking, c’est-à-dire un espace où les personnes se croisent pour remettre l’agriculture au cœur de la société. » Six autres sites servent uniquement à la production agricole et sont exploités soit directement par des agriculteurs, soit par des communes en régie ou en délégation.
Accompagnement des porteurs de projet et des communes
La scic accompagne aussi des communes dans leurs projets : fermes communales, tiers lieux nourriciers, fermes pédagogiques, régies agricoles… Elle intervient en assistance à maîtrise d’ouvrage, de l’étude de faisabilité jusqu’à la mise en œuvre. Cofondatrice du collectif Nourrir la ville, la scic le 100e singe a pu répondre à l'appel à projet de Toulouse Métropole (37 communes) pour l’accompagnement des communes dans la mise en œuvre de son Projet agricole et alimentaire métropolitain (PAAM) grâce à ce collectif d'acteurs locaux de la transition agricole: Adear31, Terre de Liens, Réseau Cocagne et Bio-Ariège Garonne. « Lorsqu’une commune a un projet de relocalisation agricole, il s’agit vraiment d’une question transversale qui touche à l’urbanisme, aux finances, aux espaces verts, à la restauration collective. Il n’est pas rare qu’un comité de pilotage compte une quinzaine de personnes », témoigne la codirectrice de la scic.
Cugnaux recrute ses futurs maraîchers
Dans le cadre du PAAM de Toulouse Métropole, Le 100e singe coordonne depuis 2022 l’accompagnement du projet de la ville de Cugnaux. La commune a lancé en 2021 un projet de service public visant à relocaliser des productions agricoles, pour s’assurer une alimentation saine et durable, en particulier pour les enfants des écoles et les seniors. « Il s’agit de mieux manger, en favorisant les productions du territoire et une agriculture respectueuse de l’environnement. Les futurs légumes bios ne feront que quelques kilomètres pour rejoindre les assiettes », explique le maire de Cugnaux, Albert Sanchez, dans une vidéo publiée sur le site de la ville. La commune a acquis 52 hectares d’espaces naturels et agricoles, dont 11 hectares sont réservés au maraîchage et 2 hectares d’espaces boisés classés. L’acquisition foncière et les travaux d’aménagement d’une ancienne exploitation de polyculture élevage (réhabilitation de 3 000 m² de bâtiments, système d’irrigation…) ont coûté 2,4 millions d’euros, amenés par la commune et ses partenaires (département de Haute-Garonne et Toulouse Métropole, chambre d’agriculture). « Nous avons mené l’étude de faisabilité pour requalifier le site, déterminer le type d’activités à implanter et leur dimensionnement », explique Amandine Largeaud.
Fin 2023, la ville a ouvert les appels à candidature pour recruter ses futurs maraîchers. Ceux-ci seront accompagnés par le collectif Nourrir la terre dans le développement de leur activité. La scic Le 100e singe aura notamment la tâche d’accompagner les porteurs de projet qui ne sont pas encore juridiquement en activité.
Plan de financement du maraîchage communal de Cugnaux (hors acquisition foncière)
Dépenses prévisionnelles :
- réhabilitation des bâtiments : 186 000 euros
- système d’irrigation : 84 000 euros
- équipements techniques (serres, stockage…) : 180 000 euros
Recettes prévisionnelles :
- dotation d’équipement aux territoires ruraux : 225 000 euros
- fonds de compensation pour la TVA : 74 000 euros
- fonds propres municipaux : 151 000 euros
Commune de Cugnaux
Nombre d'habitants :
Albert Sanchez
Scic Le 100e Singe
Amandine Largeaud
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