Un terrain agricole communal productif et solidaire à Lanvallay (22)

Des arbres fruitiers, des légumes bios, des fleurs locales et un large volet social ! Ti Rouffs, c’est tout cela à la fois. À Lanvallay, cette parcelle communale de 6 hectares répond en effet à la fois à des enjeux alimentaires durables, sociaux et économiques. Imaginé il y a quelques années grâce à l’impulsion de l’équipe municipale, ce projet porte aujourd’hui ses fruits. « Il a fallu beaucoup de temps et aller chercher les partenaires nécessaires », résume le maire Bruno Ricard.

Tout débute vers 2017. Le conseil municipal souhaite éviter l’étalement urbain. Il décide alors de reclasser en parcelle agricole un terrain que l’ancienne équipe avait destiné à de l’équipement public (mais précédemment agricole). « Plutôt que de reconstruire une salle des fêtes, nous avons réhabilité et amélioré celle qui existait en centre bourg, explique Bruno Ricard. Même chose pour les terrains de foot qui, de ce fait, demeurent à proximité de l’école. » Restait alors à définir la vocation du terrain ainsi libéré. L’idée germe de l’utiliser pour approvisionner la cantine de l’école et l’Ehpad. Au fil des mois, le projet s’étoffe avec toutes les bonnes volontés citoyennes et associatives. Si bien que le terrain abrite désormais différents projets d’agriculture biologique : une maraîchère qui fournit notamment la restauration collective de Lanvallay, ainsi qu’un jardin solidaire qui produit des légumes distribués aux associations d’aide alimentaire. Le terrain accueille aussi l’association « cueillies tout près » qui produit des fleurs et la Pépille, une pépinière citoyenne et collective. Il a abrité également, tout au long de l’année 2023, une artiste en résidence, auteure d’une bande dessinée qui retrace l’historique de cette aventure collective.

Des partenaires techniques et juridiques

« Pour lancer le projet, nous avons eu un accompagnement décisif mené par Terre de liens, qui nous a permis d’étudier sur les aspects juridiques et de rédiger des baux environnementaux passés avec les différents occupants du site »*, indique le maire. Si les élus ont été des acteurs essentiels du projet, le soutien des deux directeurs généraux des services successifs a été également précieux. Autres partenaires décisifs : l’association Agriculture paysanne a aidé à structurer le projet sur le volet production, en préconisant que planter sur quelle surface. Enfin, la Maison de l’agriculture biologique (MAB) des Côtes d’Armor a participé à identifier les besoins des cuisinières du restaurant scolaire et de l’Ehpad, avant de travailler à la définition du calendrier et de la logistique, et de mettre en relation les cuisinières avec la maraîchère.

Sont ensuite arrivés les différents occupants du site, à commencer par Les Jardins solidaires, une association installée à Dinan qui produit des fruits et légumes et les distribue à des personnes vulnérables (via le Secours populaire). « L’association cherchait à s’agrandir, se souvient le maire. On leur a proposé de disposer de 8 000 m² sur notre site. Ça a commencé par un bail précaire sous le régime du commodat. Finalement, cela devient un projet pérenne car il y a un fort impact social. Avec la collaboration de notre centre communal d’action sociale, cela a permis de mettre en place un réseau de 20 à 30 bénévoles, qui cultivent cette parcelle tous les mercredis. »

Des réussites et un « phosphore » d’idées !

Parmi les principales difficultés rencontrées, figure la gestion de l’eau. Si l’équipe avait anticipé les besoins en eau, la sécheresse de l’été 2022 a imposé une nouvelle réflexion : celle d’améliorer l’irrigation et de creuser un forage. La mare et le puits présents sur la parcelle se sont en effet révélés insuffisants pour couvrir les besoins d’eau en cas de sécheresse.

Cet aléa n’aura toutefois pas eu raison de l’enthousiasme du maire. Pour cause : « ce projet nous permet de respecter la loi Egalim qui encadre l’alimentation dans les collectivités, se félicite-t-il. Nous avons ainsi une production locale et bio ! » Autre satisfaction : le prix Acteur public reçu en 2022 par la commune aux Trophées bretons du développement durable. D’autant que « cela a attiré l’attention du sous-préfet de Dinan qui a, notamment, salué le volet social ». 

Le prochain défi ? La construction d’un hangar pour le stockage des productions et des outils. « En raison du contexte économique, nous avons abandonné le projet. » Pour l’heure, la commune bute sur la manière de porter ce projet et de le financer. Mais sur la parcelle de Ti Rouffs, le maire l’assure : « ça phosphore beaucoup ! Tout le monde est en train de réfléchir à une solution. »

**La première loi Egalim a été promulguée en 2018, elle a été suivie d’Egalim 2 en 2021 puis Egalim 3, en 2023.