Suresnes mobilise l'IA pour une démocratie locale plus inclusive (92)

À Suresnes, les élus sont convaincus que les collectivités locales ont beaucoup à gagner de l'intelligence artificielle (IA), et notamment de l'IA générative, qui permet de créer toutes sortes de contenus numériques. « Notre approche est celle d'une IA responsable. Nous voulons la déployer avec pondération, pour des usages réellement utiles, en mettant l’accent sur la pédagogie », résume Thomas Klein, conseiller municipal délégué aux systèmes d’information et à l’intelligence artificielle responsable à Suresnes.

Concrètement, l'IA générative offre aux agents municipaux la possibilité de réduire le temps nécessaire pour effectuer certaines tâches routinières. La ville, qui compte plus de 1 200 agents, utilise de plus en plus la visioconférence pour organiser des réunions d’équipes. Leur compte rendu est désormais réalisé à l’aide d’une une IA, via une fonctionnalité payante intégrée à la plateforme de visioconférence Teams. Un compte rendu que l'agent n'a plus qu'à relire avant de le transmettre à ses collègues. Le gain est évalué à une dizaine de minutes, « ce qui n'est pas négligeable », souligne l’élu. D'autres pistes sont à l'étude : l'IA peut faciliter la recherche de réponses juridiques, la restituer dans un langage simple, tout en renvoyant vers la source juridique utilisée pour la réponse.

Un chatbot de dernière génération

La vocation de l'IA est aussi d'améliorer le service aux citoyens, en facilitant l'accès aux informations administratives. Suresnes s'est ainsi dotée d'un serveur vocal pour répondre 24 heures/24, 7 jours/ 7 aux questions des habitants. « Ce chatbot n'a rien à voir avec ce qui était proposé aux mairies il y a quelques années », fait valoir Thomas Klein. Le service mobilise en effet l'IA générative pour produire des réponses personnalisées, fondées sur des informations fiables provenant notamment du site internet de la ville. Horaires, jour de collecte des encombrants, quand et où s'inscrire pour les activités périscolaires… « Son objectif est de fournir des informations pratico-pratiques. Il n'est pas question de supprimer l'humain. Il s'agit de décharger les agents pour leur permettre de se concentrer sur les publics les plus fragiles », précise Thomas Klein.

Exploitation des vidéos des conseils municipaux

La ville, qui peut s'appuyer sur des compétences IA internes, explore par ailleurs d'autres usages, en lien avec d'autres communes du Grand Paris. Le constat de départ de Suresnes est simple : les conseils municipaux ont beau être intégralement filmés, disponibles en replay sur internet, l'exploitation de ces contenus reste laborieuse pour les usagers. L'objectif de la ville est donc d'utiliser le potentiel de l'IA générative - capable de transcrire la bande-son d'une vidéo en texte et d'en faire un résumé structuré - pour permettre à tout un chacun de rechercher une information dans un ou plusieurs conseils municipaux. « Par exemple, on pourra rechercher toutes les actions de la ville en matière de droits des femmes », illustre le conseiller municipal.

Une charte de l'IA coconstruite

Tous ces usages s'inscrivent dans une stratégie d'acculturation à l'IA. « La technologie peut faire peur et il est très important d'impliquer les citoyens comme les agents à notre démarche », appuie l'élu. Un programme de formation des agents a donc été mis en place et les écoles sont également mobilisées. Il s'agit par exemple de sensibiliser les plus jeunes aux « deepfakes », ces contenus où l'intelligence artificielle est utilisée pour créer des vidéos, images ou propos trompeusement réalistes. Ces manipulations peuvent avoir un effet dévastateur sur l'image et la réputation de la personne concernée. Parallèlement, la ville travaille sur une charte coconstruite avec les habitants pour définir sa ligne de conduite sur les usages et les principes éthiques que la collectivité s'engage à respecter en matière d'IA.