Nevers s’engage pour un numérique responsable (58)

« Notre volonté est de construire un territoire intelligent, tout en étant respectueux de notre environnement, en visant la neutralité carbone et en emmenant dans ce vaste projet l’ensemble de la population, les professionnels, mais aussi les élus et les services », résume Denis Thuriot, maire de Nevers et président de l’agglomération. L’investissement de la ville de Nevers dans cette politique représente 250 000 € sur trois ans. Actuellement, internet représente 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, et 2,5 % de l’empreinte carbone nationale, selon une étude menée en 2023 par l’Autorité de régulation des communications électroniques (arcep).

À Nevers, pour mettre en œuvre concrètement ce Territoire numérique responsable les élus ont noué un partenariat avec l’Institut du numérique responsable et l’agence Lucie. « Avec six autres collectivités territoriales, nous avons construit ce label qui, jusque-là, s’appliquait uniquement aux entreprises », explique Bertrand Couturier, adjoint au maire délégué aux mobilités, au stationnement et à l'économie sociale et solidaire. Première étape pour tous ceux qui souhaiteraient s’engager dans cette démarche d’amélioration continue : réaliser un état des lieux de l’usage du numérique et de ses conséquences environnementales, mais aussi économiques et sociales. Deuxième étape : identifier les bonnes pratiques et indicateurs déjà existants. « Il s’agit d’une démarche transversale, qui s’applique à toutes les directions, parce que le numérique impacte la totalité des activités du territoire et l’ensemble des services proposés aux habitants. »

Une gouvernance spécifique

Troisième étape de la méthode, mettre en place une gouvernance spécifique, incarnée par un comité de pilotage d’une dizaine de personnes, membres de différents services de la ville et de l’agglomération. Chaque trimestre, le comité de pilotage fait le point sur les actions en cours, les projets à venir, sans oublier la mesure des performances. À noter, la labellisation a un coût : 10 000 € par an pendant trois ans.

Outre ce comité de pilotage, une direction mutualisée du territoire numérique responsable (DMTNR) de la ville et de l'agglomération de Nevers sera créée à compter du 1^er janvier 2024, comptant vingt personnes. Cette direction symbolise à la fois l’ambition du territoire sur ce sujet et la philosophie qui l’inspire, à savoir, permettre l’essaimage dans les directions opérationnelles et le portage en mode projet. Bertrand Couturier précise l’objectif : « que tous les élus s’approprient le cadre de référence, que l’administration locale acquière ce réflexe de penser sobriété en même temps qu’innovation, que les bonnes pratiques soient valorisées ». Ce mouvement d’acculturation bénéficie aussi au comité de pilotage, avec deux journées de formation dispensées à chacun de ses membres.

Inclusion sociale

Rendre la ville numérique accessible à tous fait partie intégrante du programme des élus nivernais. Aussi, en parallèle au travail mené par les conseillers numériques, la ville est-elle attentive à préserver la qualité d’accueil de sa population. À ce titre, les horaires d’accueil du public par les mairies annexes ont été élargis pour répondre aux besoins des citoyens peu familiers avec l’usage d’internet ou ne disposant pas de matériel.

Parmi les applications expérimentales de numérique responsable, citons Flowell, qui éclaire les passages piétons quand ils sont empruntés. En alertant les automobilistes, ce système homologué par l’État, renforce la sécurité. À la demande des habitants, la ville prévoit de déployer le dispositif dans d’autres zones. Améliorer la vie quotidienne des « co-citoyens » comme les nomme Denis Thuriot, passe aussi, par le stationnement connecté dont le déploiement est à l’étude.

Concernant l’eau, Nevers Agglomération a signé avec le groupe Lacroix, un projet expérimental dédié aux réseaux d’eau (360 km). Un système d’intelligence artificielle détecte les fuites et permet, selon une première expérimentation, de réaliser des économies substantielles : 20 % de rendement supplémentaire obtenu en moins de six ans. Des résultats non négligeables, alors qu’on estime en France, la perte d’eau potable pendant son transport à environ 25 %.

Économie circulaire

Ordinateurs, tablettes, smartphones… Le reconditionnement de ces objets du numérique est incontournable. Aussi l’agglomération s’est-elle engagée avec les partenaires, dans le développement de cette filière : formation des acteurs, ateliers d’intelligence collective… La création d’une coopérative regroupant les industriels, des acteurs de l’économie solidaire, des collectivités est également à l’étude. Nevers ambitionne de devenir un des 120 pôles territoriaux de coopération économique.

Enfin, le troisième axe du numérique responsable concerne la donnée : la création d’un data center à l’échelle de l’agglomération est en cours d’étude. Objectif : un poste dédié à la structuration d’une plateforme unique et commune à tout le territoire. Tous les objets connectés seraient ainsi reliés, au service d’une information et d’une prise de décision plus rapide et plus efficiente. À condition d’être peu émetteurs de CO2…