Privas Centre Ardèche mise sur les mobilités alternatives (07)

Située en Ardèche, seul département de France métropolitaine dépourvu de trains voyageurs, la communauté d’agglomération Privas Centre Ardèche (Capca) fait évoluer son offre de transports et développe des alternatives au tout voiture.

« Ce qui nous a guidés, explique Jean-Pierre Jeanne, vice-président chargé des politiques mobilités et transports, c’est la recherche de l’équité sur le territoire. Car la Capca, c’est près de 45 000 personnes vivant sur 42 communes, urbaines, rurales… et très rurales. Or les attentes ne sont évidemment pas partout les mêmes. Nous étions aussi conscients du coût du tout voiture pour les ménages. Nous souhaitons répondre aux enjeux écologiques actuels, qui sont régulièrement mis en relief lors de réunions publiques avec les habitants. »

« Nous sommes dotés d’un réseau de transport collectif développé, mais les enjeux étaient particulièrement forts en zone rurale, terrain d’action prioritaire de la Capca », ajoute Clément Seite, chargé de mission mobilités.

Le vélo électrique dans tous ses états

Dès 2017, la Capca a mis à disposition de ses habitants des vélos à assistance électrique (VAE) en location - 46 aujourd’hui, répartis sur tout le territoire - y associant des équipements type box à vélos et l’aménagement de voies vertes (Dolce Via en vallée de l’Eyrieux, Voie de la Payre entre Le Pouzin et Privas…). L’abonnement coûte 40 euros la semaine, ou 130 euros pour un trimestre. Les demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA et étudiants bénéficient de demi-tarifs.

Depuis juin 2023, une quarantaine de VAE est également disponible à la location pour les entreprises et administrations du territoire qui souhaitent proposer cette offre à leurs salariés et agents pour leurs trajets domicile travail. Une ouverture fruit de « discussions avec les entreprises. Elles sont actrices des politiques transports, dans la mesure où elles s’acquittent du versement mobilité. Certaines avaient d’ailleurs relayé le souhait de nombre de leurs salariés de disposer d’offres de mobilités alternatives. Leur attractivité était en jeu, celle de notre territoire aussi, par ricochet », souligne Jean-Pierre Jeanne.

En 2024, le service a aussi été ouvert aux communes du territoire. Celles-ci commencent à s’en emparer, qui pour un agent communal, qui pour des saisonniers. Pour les entreprises, les administrations et les communes, le tarif de location d’un VAE est de 300 euros pour 6 mois, 550 euros pour un an.

Covoiturage et autopartage

Après une première expérience interrompue en raison de la crise Covid, la Capca a relancé en mai 2023 sa politique de soutien au covoiturage pour les salariés du territoire, en s’associant à l’application Karos et avec le soutien du Fonds vert de l’État.

La Capca prend en charge la moitié des coûts de covoiturage pour les trajets entre 5 et 20 kilomètres : le conducteur perçoit 2 euros, le passager paie 1 euro et la Capca complète d’un euro. Au-delà, le coût pour le passager est de 0,10 euro par kilomètre.

« Plus de 700 personnes sont inscrites sur la plateforme, qui enregistre plus de 550 trajets validés. Cela a permis d’éviter l’émission de 6 tonnes de CO2 et représente 18 956 euros de gain de pouvoir d’achat pour nos administrés », souligne Jean-Pierre Jeanne.

Pour ce qui concerne l'autopartage, deux dispositifs ont été lancés : l’autopartage en libre-service de véhicules électriques et celui entre particuliers.

L’autopartage en libre-service est développé depuis 2021 sur Privas. La Capca met à disposition trois véhicules électriques qu’elle loue à une société (Clem’), chargée de gérer les réservations qui se font via une application. Le tarif est de 5 euros pour deux heures pour un usage occasionnel, ou de trois euros pour deux heures, pour les titulaires d’un abonnement d’un coût de 8 euros par mois. En 2023, il y a eu plus de 600 réservations.

L’autopartage entre particuliers a été lancé en 2024 sur le plateau de Vernoux-en-Vivarais. Il consiste à créer des groupes d’autopartageurs, sur une plateforme. La Capca joue le rôle de tiers de confiance, en apportant l’assurance.

Organiser l’auto-stop en zone rurale

En 2021, la Capca a développé, avec différents partenaires, une ligne d’auto-stop organisé dans la vallée de l’Eyrieux, afin de sécuriser la pratique, répandue en zone rurale mais souvent vue comme peu fiable. Des points d’arrêt ont été identifiés et matérialisés par des panneaux, et « nous sommes allés dans les mairies distribuer des kits pour les autostoppeurs, contenant une ardoise, un feutre effaçable, un brassard réfléchissant et un guide de bonnes pratiques », explique Clément Seite.

Si la pratique est difficilement chiffrable, la Capca a eu des retours très positifs, notamment de la part des moins de 30 ans. Résultat : elle développe aujourd’hui le dispositif sur l'ensemble de son territoire.