À Mouen, 10 000 euros pour réaliser un projet participatif (14)

Située dans la périphérie de Caen, la commune de Mouen compte 1 700 habitants, une démographie qui a augmenté ces dernières années. Désireuse d’impliquer davantage ses habitants dans la vie locale, l’équipe municipale les a incités à participer à une action collective via un appel à projets lancé au printemps 2023. Pourquoi ? « Parce que souvent, les habitants viennent se plaindre à la mairie, mais ils ne réalisent pas vraiment comment fonctionne l’action municipale… », sourit le maire, Benoît Lerévérend. « Nous étions persuadés que nous pouvions inverser cette tendance en les mobilisant ». C’est ainsi que le conseil municipal décide d’allouer à des habitants porteurs d’un projet participatif un budget de 10 000 euros.

Trois critères pour l’intérêt général

Chargée de plancher sur l’appel à projets, la commission Communication et vie citoyenne retient trois critères de sélection : le projet devra entrer dans le cadre des compétences communales ; il devra profiter à un maximum d’habitants, offrir quelque chose de plus au niveau social et environnemental, et être réaliste d’un point de vue technique. Enfin, il devra entrer dans l’enveloppe budgétaire allouée. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le projet est lancé via des infos dans les boîtes aux lettres et sur les réseaux sociaux de la commune. 

Deux projets proposés

Très vite, deux propositions sont présentées à la mairie : l’une émane de trois associations locales, FestiMouen, MouenTenBike et CoursMouenVite, qui, ensemble, proposent d’aménager un espace cogéré où les Mouennais pourront se retrouver à l’occasion de moments sportifs et festifs ; par exemple, des journées d’initiation et de démonstrations de vélo, football, pétanque, tennis, slackline, course à pied, molky, barbecue, jeux de société, musique d’ambiance ou concert. Le collectif propose d’installer deux containers maritimes sur un espace situé près du stade municipal pour stocker le matériel, abriter les pratiquants, et créer une buvette, une crêpière ou autres stands. Le tout à proximité du circuit de VTT freestyle, que les porteurs de projets proposent d’améliorer…

Le projet est plutôt bien ficelé : il précise les différentes étapes de sa réalisation, les acteurs et travaux nécessaires, un calendrier, et un budget complet dans l’enveloppe de 10 000 euros pile !

Le deuxième projet est proposé par une femme seule, qui souhaite créer un lieu clos mais assez vaste pour pouvoir y lâcher librement des chiens, sous la surveillance de leurs propriétaires. Car les habitants qui vivent dans de petits logements sans espaces extérieurs ne peuvent promener leur animal de compagnie qu’en laisse, dans les rues. Et un tel espace serait propice aux échanges entre propriétaires de chiens. Coût de la proposition : 3 000 euros

Objectif : que les porteurs réalisent le projet jusqu’au bout

Si la municipalité s’avoue un peu déçue de n’avoir reçu que deux projets, elle est cependant ravie de leurs contenus. « Nous avons choisi le premier projet, explique le maire de Mouen. Et le deuxième projet nous a tellement plu, que nous avons décidé de le réaliser aussi, mais ultérieurement, en l’insérant dans une opération plus globale. »

La municipalité tenait beaucoup à ce que les instigateurs des projets s’investissent également dans leur réalisation. « La commune a financé les containers, mais ce sont les habitants qui ont tout organisé, loué le matériel et les engins. Nous voulions qu’ils réalisent combien il est difficile de réserver une grue, de mener des travaux, d’organiser un planning. Nous voulions surtout qu’ils soient acteurs du projet et pas simples consommateurs », ajoute le maire.

Une nouvelle édition programmée pour 2024

C’est ainsi que l’une des trois associations instigatrice du projet, MouenTenBike, est portée par un jeune de 16 ans, passionné de BMX : « il est venu sur le terrain avec pioches et pelles pour créer des buttes de 5 mètres, s’est rapproché d’une autre association de VTT-BMX pour mettre en place un protocole de sécurité… Et aujourd’hui ils passent autant de temps à construire les buttes qu’à rouler dessus », sourit le maire… 

Aujourd’hui, lorsqu’il est interpellé par des habitants qui réclament ceci ou cela, Benoît Lerévérend leur propose de postuler lors du prochain appel à projet. Un nouveau critère a été ajouté au cahier des charges : le projet devra être porté par des particuliers plutôt que par des associations.