Faux-la-Montagne et ses habitants transforment deux maisons du cœur de bourg (23)
La municipalité de Faux-la-Montagne est impliquée depuis des années dans une réflexion sur son offre de logements. Elle vient d’achever la transformation de deux maisons insalubres du centre du village en logements adaptés aux personnes âgées, avec l’intermédiaire d’une Société coopérative d'intérêt collectif aux méthodes de travail participatives et citoyennes. Les deux occupantes disposent désormais de tous les services et commerces de proximité à quelques minutes à pied.
Cela fait déjà de nombreuses années que le village de Faux-la-Montagne, dans la Creuse, se penche sur la question du logement. « C’est devenu difficile de se loger pour les habitants. Plus de 50 % des maisons sont des résidences secondaires, dont certaines occupées une seule semaine par an. Peu de biens sont loués ou mis à la vente, ou alors avec des travaux importants, d’isolation par exemple, à mener. C’est pour cela que, interpellés par des habitants, les élus travaillent sur cette question depuis 2005 », témoigne Catherine Moulin, maire de la commune. Ensemble, habitants et élus constituent un groupe de réflexion consacré à ces questions pour se documenter et voir ce qui se fait ailleurs. Jusqu’à ce que la vente en 2006-2007 d’un terrain de deux hectares, proche du bourg, permette à la municipalité de lancer un projet d’écoquartier. Aujourd’hui, sur les douze lots qui le composent, neuf habitations ont été construites par des particuliers. Une parcelle est aussi réservée pour du locatif, une autre pour l’arrivée future d’un médecin.
Créer des conditions au maintien des personnes âgées
Néanmoins, la question de se loger au cœur du village, près des commerces et des services quotidiens, demeure une nécessité pour les personnes âgées. « Il faut monter 750 mètres pour rallier l’écoquartier au centre du village. C’est pourquoi, nous avons engagé une réflexion plus globale sur l’aménagement du bourg et l’offre de logements peu occupés ou vacants, qui pourraient être mis en vente », poursuit l’édile. Cela se traduit par une vaste étude, lancée en 2016 à l’échelle intercommunale. D’un coût total de 100 000 euros, elle a été financée à 80 % par la Caisse des Dépôts. Réalisée avec l’aide d’un paysagiste et d’un urbaniste, l’étude porte sur la revitalisation des centres bourgs ruraux du Plateau de Millevaches, et vise notamment à créer les conditions nécessaires au maintien des personnes âgées sur ces territoires. Avec l’aide des habitants, les propriétaires de logements peu ou pas utilisés sont contactés. Deux maisons insalubres mais situées au cœur de Faux-la-Montagne sont ainsi mises à la vente.
La mairie délègue l’ingénierie à une Scic
« Ces projets demandent de l’ingénierie et du temps. Comme la municipalité porte déjà beaucoup de services comme une station-service, une agence postale ou encore des hébergements touristiques, nous avons demandé à la Scic de l’Arban d’acheter les deux maisons, de mener le projet et de gérer les locations. » À la fois atelier d’urbanisme rural et agence locale d’ingénierie immobilière, cette Scic, a vu le jour en 2010, à l’initiative d’habitants et d’élus du plateau de Millevaches. Elle vise à répondre au manque de logements et au mal logement et, ainsi, contribuer à revitaliser bourgs et villages. Elle s’efforce toujours d’explorer des pistes alternatives et adaptées aux besoins et atouts des territoires en associant toutes les parties prenantes. 187 sociétaires la composent aujourd’hui, répartis en quatre catégories : particuliers, collectivités locales, entreprises, associations et acteurs de la société civile.
Huit années de concertation, études et travaux
C’est donc un vaste chantier que débute la Scic à Faux-la-Montagne. Durant huit années, se succèdent études, enquêtes de terrain, réunions publiques avec les habitants et les partenaires, un séminaire de réflexion en présence d’universitaires, de médecins, de travailleurs sociaux et de citoyens, puis la recherche de financements, les travaux de désamiantage, de démolition, puis de réhabilitation avec, pour certaines tâches la participation de bénévoles sociétaires de la Scic. « Réhabiliter l’existant est généralement plus coûteux que de construire du neuf, souligne le directeur général de la Scic, Stéphane Grasser. Il faut désamianter, parfois se résigner à démolir une petite partie, comme ça a été le cas à Faux et aussi l’adapter à la mobilité réduite des futurs occupants. Mais cela permet d’offrir un habitat de qualité en cœur de bourg. » Les matériaux utilisés sont sains et renouvelables (laine, bois, liège…) et ce qui a été démoli a permis d’apporter de la lumière et de l’espace à l’ensemble, qui ne disposait pas même d’un jardin.
Collectivités, fondations et même citoyens financent le projet
Les travaux du projet, baptisé l’Archaban (en occitan, fauteuil en bois qui faisait office de coffre à sel), s’élèvent à 323 486 euros. Ils sont soutenus à hauteur de 170 150 euros par des aides de la Région, du Département, de la mairie et de caisses de retraite. Des fondations sont intervenues pour 55 000 euros et un prêt de 12 ans couvre 60 000 euros. Un appel aux dons auprès de sociétaires de la Scic a aussi permis de collecter 10 000 euros. Les deux T2 sont inaugurés lors d’une journée portes ouvertes, le 25 novembre 2022. Une commission de sélection des occupants est constituée et choisit les dossiers de deux femmes, de 66 et 72 ans, qui répondent à des critères établis prenant en compte les fragilités sociales, économiques et de mobilité ainsi que de lien avec le territoire (être issu ou avoir des proches sur le bassin de vie). De leur habitation, les nouvelles occupantes peuvent désormais accéder en quelques minutes à de nombreux services : pharmacie, épicerie, maison médicale, mairie, bibliothèque, maison des jeux, église, salle des fêtes et des associations…
Un budget participatif
Les travaux de réhabilitation des deux maisons se sont élevés à 323 486 euros, soutenus à hauteur de 170 150 euros par la Région, le Département, la mairie et des caisses de retraite. Des fondations sont aussi intervenues pour 55 000 euros et un prêt de 12 ans couvre 60 000 euros. Les travaux de démolition n’ont par contre pas été financés. Les sociétaires de la Scic de l’Arban ont participé à hauteur de 10 000 euros suite à un appel aux dons. Bien que ces maisons ne soient pas des logements sociaux, le montant des loyers a été voulu modéré (300 euros mensuels) et donne droit aux aides de la Caf.
Commune de Faux-la-Montagne
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