Mézeriat soigne l’accueil des médecins (01)

Salariat, création d’un centre de santé, la commune de Mézériat multiplie les initiatives pour faire venir des médecins. Dernière piste en cours : accueillir des internes, et miser sur leur installation future, grâce au concours du médecin de la commune, devenu maître de stage.

« Il aura fallu plusieurs années de travail pour boucler le projet, émaillé de nombreux rebondissements, mais seul le résultat compte », souffle Philippe Chambouvet, conseiller municipal de Mézeriat, en charge de la santé publique. Le second cabinet médical de la maison médicale de la commune devrait bientôt être de nouveau occupé. Il ne sera donc plus vacant comme il l'était depuis un an. « Un médecin ne nous suffit pas, d'autant que la population de la commune augmente. Il nous fallait trouver une solution qui soit tenable sur la durée », explique l'élu. Une tâche titanesque dans un département, celui de l'Ain, classé au troisième rang des déserts médicaux.

La première piste du centre de santé

Il faut remonter à 2020 pour comprendre toute l'histoire. À cette époque, l'un des deux médecins de la maison médicale prend sa retraite. Sans trouver de successeur. La commune décide de miser sur le recrutement d'un médecin salarié pour le remplacer. Elle lui rachète son cabinet médical. Et se met en quête d'obtenir de l'agence régionale de santé (ARS) qu'il soit agréé comme maison de santé pluriprofessionnelle (MSP)« Un vrai parcours du combattant juridique et administratif d'une année », glisse l'élu pour résumer cette période. Il bénéficie de l'aide précieuse de ses pairs, en l'occurrence d'une commune de l'Yonne. « J'avais vu leur histoire dans un reportage, je les ai contactés et ils m'ont bien aidé », reprend l'élu. Autre soutien, celui de l'ARS de Bourg-en-Bresse et du conseil de l'ordre des médecins. In fine, en 2021, la commune obtient le sésame et peut donc partir en quête d'un médecin à salarier. « Le hasard a voulu que huit jours à peine après avoir reçu l'agrément, nous soyons contactés par un médecin intéressé pour s'installer en libéral », raconte l'élu. La commune, ravie, lui loue donc simplement le cabinet. Tout va donc bien jusqu'en juin 2023. Pour des raisons de santé, le médecin qui s'était installé doit cesser son activité. Le cabinet médical redevient vide.

La commune se lance de nouveau dans la recherche d'un médecin, en revenant à son idée initiale d'en salarier un dans la MSP. La coquille juridique étant toujours valide. Des mois de recherches, des « sommes importantes » dépensées dans des annonces (journaux nationaux, régionaux, locaux…), en vain. « Toutes les communes recherchent, donc la concurrence est énorme », glisse l'élu.

L'alternative du médecin maître de stage

Et puis Philippe Chambouvet a décidé de changer son fusil d'épaule en avril 2024. L'idée lui vient lors d'un atelier de travail, à l’occasion d'une conférence de santé organisée par le conseil départemental. L'atelier, animé par la faculté de médecine, présente les nouveaux cursus (avec notamment les 4e année de médecine, soit des « médecins juniors »). « Je comprends qu'il faut développer le nombre de maîtres de stages. Or on sait que l'accueil de stagiaires donne davantage de chances que l'un d'eux choisisse de revenir là où il a déjà exercé », pose l'élu.

De retour dans sa commune, il propose au médecin de devenir maître de stage. En lui mettant à disposition – gratuitement - le cabinet vacant pour que les internes puissent y faire les consultations. Et en assurant le logement de l'interne, dans un appartement également mis à disposition. Un autre argument pèse dans la balance : du fait du départ de l'un des deux médecins généralistes, la maison de santé, en place depuis 2006, a perdu son statut de MSP et les financements liés. « Or pour qu'elle regagne ces financements, il faut un médecin généraliste qui ne soit pas salarié », ajoute l'élu. 

Le médecin a accepté, « ravi » assure l'élu « car en fait il ne pouvait se lancer seul dans l'accueil d'un interne, compte tenu de l'exiguïté de son cabinet. L'interne va permettre de soulager aussi les consultations », conclut l'élu. Il va falloir encore patienter quelques mois pour accueillir les premiers internes, le temps que le médecin boucle sa formation de maître de stage. Mais l'horizon s'éclaircit sur la maison médicale de Mézériat.

100 000 euros

C'est le coût du rachat par la commune de l'un des deux cabinets de la maison médicale, gérée sous forme de SCI entre les différents professionnels de santé libéraux. Un investissement financé sur ses fonds propres. 

Commune de Mézeriat

Nombre d'habitants :

2192
6 place du Marché
01 660 Mézeriat
accueil@mezeriat.fr

Philippe Chambouvet

Conseiller municipal, en charge de la santé publique

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