Échillais investit un local commercial pour y installer des médecins (17)

Trouver des médecins pour ne pas devenir un désert médical, l’enjeu est national. Le maire d'Échillais avait des candidats, mais pas de local. Il devait faire vite. Il a trouvé une solution à moindre frais et plus rapide que la construction d'une maison médicale.

La zone commerciale de Pimale est posée à l'ombre du pont Transbordeur qui relie la commune d'Échillais à Rochefort. Cette zone très fréquentée présente en point d’entrée une grande surface. C'est ici qu'un cabinet médical d'un nouveau genre a ouvert ses portes, en février 2023. 

Règle n° 1 : entretenir les contacts

Tous les six mois, des maires de la communauté d'agglomération de Rochefort Océan participent à la journée d'accueil pour les nouveaux internes des centres hospitaliers de Rochefort et de Marennes. Claude Maugan, maire d'Échillais ne manque pas ce rendez-vous, au cours duquel les élus présentent leur territoire, et se retrouvent avec les internes pour un moment convivial. « On échange les numéros de téléphone et on essaye de rester en contact », explique-t-il. C'est par ce biais qu'il rencontre une médecin qui faisait des remplacements sur différentes communes de l'agglomération. Avec l'envie de s'installer. En janvier 2022, elle annonce au maire qu'elle a trouvé deux consœurs qui l'accompagneraient bien dans ce projet. « C'était mon cadeau de Noël ! » raconte le maire. D'autant qu'un médecin de la commune annonçait son départ en retraite.

Règle n° 2 : être réactif

Les jeunes femmes demandent à rencontrer les professionnels paramédicaux exerçant sur la commune, pour envisager les synergies possibles. « Elles ne voulaient pas exercer de façon isolée », souligne le maire qui, dans la foulée, se met en branle pour organiser une réunion entre tous ces professionnels de santé. Le résultat est à la hauteur des espérances. Et conforte les jeunes médecins dans leur projet. « Nous voilà avec des candidates dans les starting-blocks, mais qui avaient besoin de locaux. Or il n'y avait pas d'immobilier disponible répondant aux conditions exigées : accessible, avec des stationnements, etc. Nous n'avions pas le temps d'attendre trois ans qu'un projet mené par la collectivité aboutisse, et nous n'avions rien budgété, raconte le maire. Je savais qu'il restait une cellule commerciale vide dans la zone commerciale, propriété du Super U, j'ai tenté. »

Règle n° 3 : oser le partenariat

Le maire négocie auprès du supermarché la location par la municipalité d'une cellule commerciale sous-louée aux professionnels de santé. Il négocie également le partage de l'investissement pour l'aménagement du local. Il fallait créer quatre cabinets, une salle d'attente, un local de réunion, un autre pour les pauses et un pour les rangements. « Je voulais la formule la plus simple possible, que les médecins n'aient pas forcément à créer une société, ce qu'elles ne voulaient pas, et je ne voulais pas qu'on soit retardé par l'obligation de passer un marché public, donc nous avons négocié pour que l'investissement de la commune soit au maximum de 39 999 euros », explique le maire. Le magasin a financé le reste.

Règle n° 4 : savoir rebondir !

Tout semblait parfait. Simplicité pour les médecins, moindre risque financier pour la commune… mais deux des trois candidates se désistent. Soucieux de ne « pas perdre » la troisième candidate – celle à l'origine du projet – le maire recontacte, avec succès, un ostéopathe qui l'avait contacté deux mois plus tôt pour lui proposer de rejoindre le projet. Le pôle ouvre donc, en février 2023. Quelques mois plus tard, en janvier 2024, la remplaçante que la médecin avait rencontrée s'installe à son tour. Une nouvelle remplaçante intervient 2,5 jours par semaine. « Résultat nous avons quasiment 2,5 médecins, se réjouit le maire. Sur les deux médecins qui exerçaient déjà sur la commune, un reste en activité. La situation est donc plutôt satisfaisante, même si la pression est forte », explique le maire. Les deux jeunes médecins avaient commencé par accepter en priorité les patients sans médecins référents, « aujourd'hui elles ont réussi aussi à intégrer des patients qui habitent Échillais mais qui avaient été obligés d'aller trouver un médecin sur une autre commune. Mais elles font le plein pour leurs consultations », assure-t-il.

39 999 euros d'investissement

L'opération se monte à 39 999 euros d’investissement pour la commune. Elle a bénéficié également d'une subvention de la communauté d'agglomération, de 10 000 euros. Le partenaire privé à qui la commune loue le local commercial a pris en charge une partie des investissements pour l'aménagement du local.

La municipalité est locataire, mais n'est pas redevable du loyer des locaux vides. C'est elle qui gère l'administratif et les fluides. Elle refacture « au centime près » le coût de la location et de charges aux médecins et autres professionnels de santé (infirmières, etc.) sous-locataires.

 

Commune d'Échillais

Nombre d'habitants :

3567
2 rue de l'Église
17 620 Échillais

Claude Maugan

Maire

Voir aussi

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters