Le Syndicat mixte de Thann Cernay collecte les biodéchets depuis 2010 (68)
Articulant collecte en porte-à-porte, fourniture de contenants en cuisine et bacs de collecte, et redevance incitative, le Syndicat mixte de Thann Cernay a mis en place dès 2010, et avec un succès immédiat, la collecte de tous les déchets organiques.
Au début des années 2000, le Syndicat intercommunal à vocation unique (Sivu) de Thann- Cernay, qui deviendra en 2011 le Syndicat mixte de Thann Cernay (SMTC), fait face à une mobilisation citoyenne dénonçant la pollution aux toxines par l’incinérateur vieillissant du territoire. Les élus locaux décident alors de modifier en profondeur leur politique de gestion des déchets : ils ferment l’incinérateur en 2004 et décident de la construction d’une plateforme de compostage. Concomitamment, le Sivu met en place la collecte des biodéchets, afin de réduire le volume des ordures ménagères résiduelles (OMR), dont le coût de traitement est plus élevé que celui des déchets organiques.
Lors des réunions publiques organisées en amont, c’est plutôt la récurrence des inquiétudes dont se souvient la présidente du SMTC, Marie-Paule Morin (qui n’occupait pas ce poste au sein du Sivu) : « beaucoup d’habitants craignaient que les bacs à biodéchets n’attirent les rats et créent des nuisances olfactives ». Le tri des biodéchets s’accompagnant dans le projet de la mise en place d’une redevance incitative pour la collecte des OMR, « afin d’optimiser le tri des déchets organiques », d’aucuns s’inquiétaient par ailleurs d’une charge trop lourde à supporter pour les habitants.
Bio seaux
Finalement, dès les premières semaines de ramassage des biodéchets, c’est une satisfaction générale qui s’exprime chez les habitants ainsi qu’une baisse très significative du volume des OMR à traiter, concomitante avec le succès de la collecte des biodéchets qui s’opère une fois par semaine. Quelles modalités le SMTC a-t-il choisies ? « Le conseil départemental du Haut-Rhin nous a d’emblée soutenus en nous proposant la fourniture de bio seaux pour chaque foyer, à disposer dans la cuisine et dans lesquels les habitants mettent leurs déchets organiques. Ils peuvent ensuite les jeter dans un bac de collecte en porte-à-porte spécifique, individuel ou collectif selon les cas, poursuit Marie-Paule Morin. C’est l’option que nous avons retenue plutôt que l’apport volontaire. » Cela était d’autant plus envisageable « que le territoire étant plutôt rural, l’ajout d’un bac dans chaque foyer ne posait pas de problèmes d’encombrement pour la plupart d’entre eux », ajoute la directrice du SMTC Stéphanie Wursthorn.
« Quelques points d’apport volontaire des biodéchets ont été prévus à proximité d’immeubles. Des habitants y ayant jeté des OMR afin de réduire leur redevance, nous avons supprimé le contrôle sur les OMR pour le faire sur les biodéchets, améliorant ainsi la qualité », signale Marie-Paule Morin.
Spectre large
La collecte de biodéchets concerne tous les types de déchets organiques : fruits et légumes pourris, pain rassis, restes de repas, viandes et os, poissons et fruits de mer, plantes fanées, cartons souillés, filtres à café et sachets de thé, etc. 20 % de déchets verts, au maximum, sont tolérés dans les biodéchets, le bac étant refusé au-delà. Transmis gratuitement aux habitants, le bio seau en plastique dispose d’aérations qui permettent l’évacuation de l’humidité des déchets et évite ainsi les odeurs et les liquides.
Les biodéchets sont déposés dans le bio seau dans un sac compostable, qui sera ensuite jeté dans le bac de collecte. « Nous avons utilisé des sacs en plastique biosourcé jusqu’à présent, mais ils ont l’inconvénient de se dégrader si on les stocke plus d’un an. Les usagers en mettent donc parfois deux… poursuit la présidente du SMTC, leur équivalent en papier kraft, plus résistant, semble en plus donner de meilleurs résultats en termes de réduction des odeurs notamment. Leur coût est toutefois deux fois plus élevé. »
Compost
Les biodéchets sont compostés au sein d’une plateforme située à Cernay et gérée par le SM4 (Syndicat mixte à vocation multiple pour le traitement des déchets ménagers du secteur IV). Si auparavant, lorsque les déchets organiques mélangés aux autres déchets étaient triés de façon mécano biologique (TMB), le compost « avait mauvaise réputation, le tri s’avérant peu efficace, à tel point qu’il nous fallait payer les agriculteurs pour qu’ils le prennent », se souvient Marie-Paule Morin, aujourd’hui, le compost du SMTC a beaucoup de succès, chez les agriculteurs comme les paysagistes. Le produit est certifié pour l’agriculture biologique.
La collecte des biodéchets en chiffres
- Biodéchets collectés en 2022 par le SMTC : 2 100 tonnes (10 % du tonnage collecté, y compris apports en déchèterie par le SMTC), soit une moyenne de 50 kg/habitant/an.
- 13 500 bacs individuels et collectifs – 3 millions de sacs/an
- Dépenses (euros HT, 2022, biodéchets uniquement, source Comptacout) : 1 167 218 €, ainsi répartis:
- dépenses fonctionnelles et de prévention : 86 584 €
- précollecte : 106 450 €
- transport : 764 274 €
- transfert traitement : 209 910 €
Syndicat mixte de Thann Cernay
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Marie-Paule Morin
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