Le Pays de la Déodatie accompagne l’adaptation de ses forêts au changement climatique (88)
L’association Sylv'ACCTES, à laquelle adhère le Pays de la Déodatie, finance les travaux sylvicoles, pour mieux adapter les forêts au changement climatique. Après deux ans d'expérimentation et une année de fonctionnement, 120 hectares de forêts communales ou privées ont été travaillés en ce sens, sur le territoire du Pays de la Déodatie. La dynamique devrait s'amplifier, afin d'asseoir cette gestion vertueuse de la forêt.

© PETR Déodatie
Gratter le sol pour mettre au jour les graines de feuillus, couper certains sapins pour apporter de la lumière aux plants de feuillus, ouvrir des clairières, battre les fougères qui empêchent la poussée d'autres essences… « Ces travaux de régénération de la forêt sont très efficaces pour mieux adapter nos forêts vosgiennes au réchauffement climatique, explique Pauline Barrier, chargée de mission trame verte et bleue au Pays de la Déodatie. Ce sont ces travaux d'entretien réguliers que nous finançons désormais avec le programme Sylv'ACCTES. »
Soutenir l'entretien sur des itinéraires sylvicoles précis
L'association Sylv'ACCTES est née en Rhône-Alpes : elle mobilise des mécènes et des citoyens pour financer l'entretien et la gestion forestière vertueuse. Durant deux ans, la région Grand Est a payé l’adhésion du Pays de la Déodatie à l'association. Sylv'ACCTES a missionné un salarié pour aider à rédiger le projet sylvicole de territoire, qui identifie quatre itinéraires précis d'évolution. Par exemple : pour une parcelle composée à 80 % de pins sylvestres, l'objectif est de revenir à terme à une proportion de 60 %, avec des travaux d'entretien spécifiques. La période expérimentale s'est clôturée par des travaux sur trois forêts communales fin 2023. En 2024, le Pays de la Déodatie a pris le relais, en adhérant à Sylv'ACCTES pour couvrir son territoire dans une démarche partagée avec son voisin, le Pays de Remiremont et de ses vallées.
La forêt des Vosges : un massif en danger
Naturellement présents ou plantés dans l'après-guerre, les sapins, épicéas et hêtres, sur des sols plus ou moins drainant (grès et granit), subissent les effets du changement climatique. « Historiquement, c’était très pluvieux et neigeux. Désormais, les années de sécheresse se succèdent, note la chargée de mission. Ces dernières années, quelques dizaines de communes du massif ont même dû alimenter la population avec des camions-citernes ou des bouteilles d’eau. Les sapins et les hêtres dépérissent et le scolyte, un parasite, décime les Épicéas depuis 2018 ». Sur certains secteurs, on constate aussi un déséquilibre majeur : les cervidés consomment davantage de végétaux, menaçant la régénération de la forêt.
La régénération naturelle pour mieux s'adapter
De 2020 à 2022, le Pays a donc mené une étude de vulnérabilité de sa forêt. « Nous avons travaillé sur la projection de nos massifs dans le futur, leurs usages, leurs peuplements et l’adaptation de la filière de transformation du bois : quid du stockage en cas de crise, quel arrosage des troncs... » Des ateliers de concertation ont permis de dessiner une trajectoire d'adaptation. Ils ont rassemblé l’ensemble des acteurs du secteur : l’Office National de la Forêt (ONF), le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) Grand Est, la Chambre d'agriculture des Vosges, le Club vosgien (animateur de randonnées), les associations naturalistes, les hébergeurs touristiques... Parmi huit axes d’actions, le Pays avait identifié le besoin de soutenir financièrement et humainement les travaux sylvicoles au-delà des plantations, notamment ceux favorisant la diversification d’essences : il s’agit d’aider les essences les plus adaptées à se développer, leurs graines étant généralement déjà présentes dans le sol. « C'est une méthode efficace pour adapter nos massifs au réchauffement, en les rendant plus résilients », indique la chargée de mission.
Un bilan positif
En 2024, à l’échelle des deux Pays, vingt propriétaires forestiers ont déposé leur dossier Sylv'ACCTES, pour un total de 120 hectares de travaux : seulement quatre pages à remplir, un diagnostic et une surface minimale de 2 hectares pour être éligible. À la clé : 50 % d'aide financière en forêt communale et 70 % en forêt privée. « C'est un bilan très positif pour un démarrage : l'aide répond à un besoin réel avec un dossier simple », note la chargée de mission. Faute d'aide financière, certaines communes enregistraient des années blanches, sans investissement. Les aides versées en une année ont déjà couvert le montant de l’adhésion pour trois ans. « Il faut beaucoup communiquer pour faire connaître le dispositif : dans les conseils communautaires, par des informations-formations sur le terrain. Le plus dur, c'est le premier dossier : ensuite, le propriétaire poursuit son engagement. » Le Pays a pu compter sur la mobilisation de la régie de l'ONF (forêts communales), du CRPF et de la Chambre d'Agriculture des Vosges (forêts privées) pour les dépôts de dossiers. Le Pays a aussi ciblé les cabinets forestiers qui gèrent les forêts de certains propriétaires : associés à l'expérimentation, ils déposent maintenant des dossiers.
Quelques ajustements attendus
« Ici, la forêt est très morcelée, le seuil de deux hectares, fixé sur le plan national par Sylv'ACCTES reste parfois bloquant, reconnaît la chargée de mission. Nous aimerions aussi que le taux d'aide aux forêts communales s'aligne sur celui des forêts privées : nos forêts sont publiques à 60 %, à l'inverse des autres massifs forestiers en France. » Enfin, le Pays imagine également modifier certains des quatre itinéraires sylvicoles identifiés, notamment pour les forêts incendiées ou pour intégrer des itinéraires irréguliers dans le pin sylvestre. Au-delà de ces ajustements, le Pays plébiscite l'action : « Elle a le grand atout d'être animée en local, avec un vrai partenariat : Sylv'Acctes apporte les fonds et instruit les dossiers, mais nous portons le dispositif ensemble, notamment la communication sur le terrain », conclut Pauline Barrier.
Les chiffres clefs de Sylv’ACCTES pour la déodatie
- 4 000 à 8 000 euros : le coût d'adhésion théorique à Sylv'ACCTES par communauté, en fonction de sa taille, pour trois ans
- 120 hectares entretenus entre le 1er janvier 2024 et février 2025, soit 20 dossiers
- 140 000 euros de travaux réalisés, avec 70 000 euros d'aide obtenus
- 14 dossiers communaux, 6 dossiers privés
- 10 ans : la durée durant laquelle le propriétaire s'engage à entretenir sa parcelle dans l’itinéraire financé, le temps d'asseoir le nouveau peuplement visé
Pays de la Déodatie
Nombre d'habitants :
Nombre de communes :
Aurélien Bansept
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Pour aller plus loin
Sylv’ACCTES, présenté sur le site du pays de déodatie
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