Le Guibra, taverne agriculturelle, poumon de Saint-Sulpice-la-Forêt (35)
La taverne est aujourd’hui un lieu incontournable au service de Saint-Sulpice-la-Forêt, commune d'à peine 1 500 habitants, dans la périphérie de Rennes. Tour à tour bar, épicerie de producteurs locaux, restaurant, boulangerie, point de retrait de liquide, relais colis, espace culturel, le lieu est également devenu le quartier général de certaines associations.
Cette « taverne agriculturelle » comme ses concepteurs l'ont baptisée est un projet associatif né à la suite d’un appel à projet municipal lancé en 2014. La commune perdait des habitants. Une classe de l'école avait fermé. Le bar du village venait de subir coup sur coup deux dépôts de bilan en l'espace de six ans… Les murs appartenaient à la municipalité qui avaient espéré ainsi préserver le dernier commerce, en le proposant en gérance. « Mais le modèle économique était trop fragile », reconnaît le maire Yann Huaumé.
La nouvelle équipe municipale prend l'option de « changer de système ». Les élus créent un groupe de travail pour écrire un « appel à projet » pour la création d'un lieu à vocation multiple, « à la fois outil commercial mais aussi de développement social », résume le maire. « Nous voulions conserver un bar, mais pouvoir en profiter pour avoir une petite épicerie, voire un restaurant et faire en sorte que ce lieu participe à la vie locale et sociale ».
Sur les trois candidatures reçues, une séduit les élus et les élues. Celle d'un groupe de cinq personnes, ayant déjà l'expérience d'un bistro associatif. « Leur projet prévoyait une gouvernance ouverte aux habitants de la commune, cela nous a plu », explique le maire.
Soutiens et subvenions au démarrage
La commune prend à sa charge la rénovation du bar avec l'aménagement d'une cuisine semi-professionnelle. L'année suivante, elle refait la terrasse dans l'arrière-cour. Enfin, elle fixe un loyer d’un montant suffisamment faible pour assurer le modèle économique du projet associatif, mais assez élevé pour amortir progressivement l'investissement.
La municipalité a également épaulé l'association pour aller chercher des soutiens et subventions auprès du conseil départemental (au titre de la création du dernier commerce), de la communauté d'agglomération Rennes Métropole (pour l'équipement du bar) et de l’État pour obtenir l'autorisation de créer cinq emplois aidés. L'addition de ces aides permet de lancer le projet.
Sept ans plus tard, l'association continue d'assurer l'exploitation de la taverne. En revanche, les cinq créateurs du projet sont partis vers d'autres aventures, passant le relais à cinq nouvelles recrues, à leur tour séduites par la philosophie de l'établissement. L'association ne peut plus compter sur des emplois aidés mais l'activité s'est développée, permettant l'embauche de ces cinq salariées, toutes à temps partiel. La taverne a trouvé son public. Le modèle reste malgré tout fragile. L'activité du bar est continue, celle du restaurant fluctuante. L'impact de l'inflation sur l'activité ces derniers mois se fait ressentir.
Une activité qui en entraîne d'autres
« Dès le départ, on a fait passer le message à la population que cette tentative de conserver un commerce au cœur de bourg ne marcherait qu'à condition que les habitants jouent le jeu. Le message est passé », salue le maire. Il fallait que la municipalité continue également à jouer le sien. Depuis deux ans, elle accorde une subvention annuelle à l'association pour la partie « activités culturelles ». « Car ils font un vrai travail de programmation, avec l'organisation du festival En-chantez, en alternance avec des activités diverses, de l'atelier couture au café philo, des animations en anglais ou en gallo, etc. Il était donc logique qu'on les soutienne », justifie le maire.
La municipalité est également allée démarcher des producteurs locaux pour créer un marché du vendredi, juste en face du Guibra, et ainsi « ramener de la vie autour de la taverne » une fois par semaine. De deux commerçants, ce petit marché est aujourd'hui passé à 12 (boulanger, boucher, primeurs, fromager, brasseur, etc.). La commune y a mis des arguments, en offrant les emplacements et en ne réclamant pas de droit de marché. « Ce qui compte c'est d'avoir ainsi pu développer l'offre, car il y a des gens qui ne voudront jamais aller à l'épicerie acheter du bio ou qui ne veulent pas entrer dans un bar pour cela » ajoute le maire.
L'association compte près de 70 adhérents dont une bonne partie – près de 25 – participent régulièrement à la vie de la taverne. Chacune des cinq salariées a sa spécialité (le bar, la cuisine, l'épicerie, les activités…) et son groupe de bénévoles. Une alchimie qui fonctionne bien, assure Louise Brilloit, l'une des salariées. Et qui a fait tache d'huile. « Le Guibra a également permis de créer des synergies avec des associations », explique-t-elle. De même qu'il aide sans doute à l'intégration des nouveaux habitants (80 logements ont été construits depuis 2015 dans de nouveaux lotissements). Pour le maire, c'est une évidence, le Guibra est devenu « un élément essentiel » du futur cœur de bourg sur lequel la municipalité travaille à horizon de 10 ans.
45 000 euros d'investissement
Les 25 000 euros de travaux pour la rénovation du bar et les 20 000 euros pour la réfection de la terrasse ont été financés par la commune. Le loyer perçu pour la gérance est d'environ 450 euros par mois.
Commune de Saint-Sulpice-la-Forêt
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