Grand-Figeac, une stratégie culturelle participative (46)

« Pour nous, la culture est l’oxygène de la dynamique économique. Elle constitue un levier essentiel de l’équilibre de notre territoire et nous devons rester vigilants à préserver cet équilibre. Pour cela, il s’agit de répondre aux attentes des différents acteurs et aux besoins de la population dans toutes les tranches d’âges et dans tous les pays, y compris les plus ruraux », expose Vincent Labarthe, président de la communauté de communes du Grand Figeac. Une vision partagée par Hélène Lacipière, vice-présidente en charge de la culture : « Notre territoire a un lien particulier avec la culture. J’ai souhaité à la fois, une sorte de diagnostic de notre pratique culturelle et l’identification des attentes de la population, alors même que la sociologie du territoire a beaucoup changé. »

Damien Catcel, directeur des affaires culturelles du Grand-Figeac, confirme : « Après la crise sanitaire et l’arrivée de nouvelles populations, nous avons souhaité réinterroger notre manière de faire culture. Comment faire évoluer notre relation au public, aux partenaires, au territoire ? C’est le cœur du questionnement qui a présidé à ces assises. »

Première étape, une consultation publique, en ligne et sur papier dans les lieux publics, via un questionnaire diffusé pendant l’été 2021. En deux mois, un peu plus de 1 000 réponses, soit 1 000 familles investies : « les 92 maires de notre communauté ont été très actifs. De plus, notre outil de cartographie nous informe avec précision sur l’origine géographique du public qui a répondu », précise Vincent Labarthe. Les assises se sont ouvertes en octobre 2021, avec un séminaire ouvert au public réunissant près de 170 personnes : les agents du service culturel et tous les élus, ainsi que deux témoins invités à partager leur expertise, Patrice Joly, ancien sénateur de la Nièvre et Jean-Louis Bonin, ex-président de l’observatoire des politiques culturelles. Ce travail a été accompagné par un expert extérieur, l’ancien directeur des Affaires culturelles de Toulouse Métropole, François Lajuzan.

Une réflexion transversale

Seconde étape, la tenue de neuf ateliers thématiques, qui se sont déroulés en plusieurs lieux du territoire (Assier, Cajarc, Capdenac-Gare, Figeac, Lacapelle-Marival, Latronquière et Théminettes). Les thèmes, sous forme de questions interrogent les élus et leurs équipes sur leur pratique. Par exemple, « Intéresser la jeunesse, oui mais comment ? », ou bien encore « Quelle identité culturelle pour l’attractivité touristique du territoire ? ». La transversalité était à l’honneur et chaque atelier était copiloté par deux élus. « L’enjeu est que la culture puisse s’approprier les questions liées à la jeunesse, au tourisme ou à l’environnement par exemple, et inversement », précise Damien Catcel. Autre spécificité de cette consultation très complète, des séminaires professionnels destinés aux agents de la ville et de la communauté de communes concernés par la culture, « parce qu’il n’est pas toujours aisé de s’exprimer en public, nous leur avons proposé cet espace d’expression propre ». D’autres ateliers dédiés aux acteurs de la culture publics et privés ont permis d’entendre le point de vue des directeurs de festivals, de lieux culturels multiples ainsi que des artistes eux-mêmes. Au total, près de 1 500 personnes ont pris part à la consultation, qui s’est déroulée sur un an, avant la restitution publique en octobre 2022. « De fait, nous avons dialogué avec les personnes concernées dans leur diversité, précise Hélène Lacipière, depuis les adhérents jusqu’aux agents de nos services en passant par les lecteurs, les acteurs culturels, les professionnels de la culture… »

Guider l’action culturelle pour demain

Quant aux fruits des assises de la culture, ils se recueillent sous deux formes : consolidation du travail engagé, et reliance attendue entre les acteurs et entre les différents lieux du territoire. Vincent Labarthe : « À ma grande satisfaction, est apparu un enjeu collectif. La préoccupation majeure des personnes est de faire les choses ensemble, de nouer des partenariats ». De nouveaux modes de travail collaboratif ont ainsi pris forme. Par exemple, durant l’été 2022, de nombreuses volontés publiques et privées se sont associées, rassemblant 30 partenaires différents, pour organiser Euréka ! Champollion 2022, qui célébrait le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par l’égyptologue figeacois (32 000 visiteurs). Plus récemment, Graines de moutards a proposé une « quinzaine culturelle à énergie positive », soit 70 offres culturelles (musique, art contemporain, cinéma, théâtre, patrimoine, jeux d’écriture ou de lecture, culture scientifique) associant des acteurs privés et publics sur l’ensemble du territoire (une dizaine de communes participantes) pendant les congés scolaires d’hiver. Une façon là encore de veiller à l’adéquation entre la réalité du territoire et les changements du monde.