Une réflexion collective pour réhabiliter l’école (29)

La commune de Saint-Martin-des-Champs a ancré dans sa méthodologie le principe d’associer la maîtrise d’usage, c’est-à-dire les utilisateurs, à la conception et à la réalisation de ses projets. « C’est même devenu une habitude », explique Marc Rousic, maire adjoint en charge des bâtiments et de l’environnement. Autre réflexe : « s’appuyer sur des partenaires, tels que le conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement – le CAUE — ou l’association Bruded, pour bénéficier d’un regard extérieur. »

En 2016, cette commune mitoyenne de Morlaix s’attelle à la réhabilitation de l’école Jules Ferry, un établissement construit dans les années soixante, qui accueille environ 250 élèves. Objectif : permettre à l’école de s’adapter aux besoins des utilisateurs, aux exigences énergétiques actuelles et aux règles d’accessibilité. En tout premier lieu la municipalité s’adresse au CAUE 29, pour réfléchir à une préprogrammation. Sont également associées une cinquantaine de personnes : enseignants, parents d’élèves, délégués départementaux de l’Éducation nationale (DDEN), représentant de l’Amicale laïque, agents techniques et de maintenance, ainsi que les personnes chargées de l’entretien. Et bien sûr des représentants des élèves. À partir de ces échanges, le CAUE a réalisé un préprogramme, qui a ensuite été « resserré » dans le cadre d’un comité de pilotage, constitué cette fois d’une quinzaine de personnes issues des premières rencontres. Et qui ont suivi le projet de A à Z.

Une vraie liste au Père Noël !

Le diagnostic initial ayant été établi lors du préprogramme, il s’est ensuite agi de lister les attentes : « une vraie liste au Père Noël ! », sourit Marc Rousic. Une salle de musique, une salle d’activités, des espaces pour la lecture… « Le fait d’avoir tout le monde autour de la table permet d’expliquer les contraintes budgétaires et techniques, d’être transparents, mais aussi et surtout de chercher des solutions. » C’est ainsi que la concertation a permis de réinterroger collectivement le programme initial ; plutôt que de réaliser une extension conséquente de l’école, il a été décidé de réinventer les espaces existants et de ne construire que… 20m² supplémentaires. Ainsi, le préau existant a été légèrement agrandi, mais surtout isolé, insonorisé au plafond et clos, afin de pouvoir servir à la fois de salle d’activités chauffée, de salle de musique, de salle de sport ou… de simple préau pour la récréation. Les fenêtres sont en triple vitrage (comme toute l’école d’ailleurs), ce qui les rend tout à fait résistantes à un ballon, même bien lancé… Autre transformation : l’entrée de l’école, autrefois invisible, est désormais ouverte sur un vaste parvis, offrant ainsi plus de prestance à l’établissement.

Maître d’ouvrage et maître d’œuvre à l’écoute

Pour sélectionner la maîtrise d’œuvre, la mairie a d’abord lancé un appel à candidatures (15 réponses), puis choisi trois équipes, invitées à présenter un oral. Lauréate, l’agence Calc Architecture & Patrimoine (sise à Morlaix) a continué à travailler en étroite coopération avec le comité de pilotage et les enseignants. Sur les recommandations de ces derniers, les « alvéoles de lecture », d’abord positionnées au premier étage, ont été déplacées au rez-de-chaussée, afin d’être accessibles pour les enfants pendant le temps de la récréation. Idem pour les équipements dans les classes : ce sont les enseignants, premiers usagers, qui ont décidé du placement des prises électriques… « Pour le maître d’ouvrage comme pour l’architecte, cela ne coûte pas plus cher de placer ceci ou cela ici ou là. Mais pour les usagers, cela compte beaucoup ! » explique l’élu.

L’ensemble du bâtiment a été réisolé par l’extérieur et équipé de brise-soleil. Mais tout n’a pas été changé ! « Notre principe est de conserver l’existant quand il est en bon état. Nous avons donc gardé les radiateurs, ainsi que les carrelages et les linos inusables… »

Pendant l’année qu’a duré le chantier, l’école a continué pour six classes dans des modules préfabriqués installés sur le parking, et pour les quatre classes de CM1 et de CM2, dans des salles du collège tout proche. L’école a été livrée pour la rentrée 2019.

Visite du chantier, découverte des métiers

Enfin, pour associer les futurs usagers au chantier, des visites publiques ont été organisées. Cerise sur le gâteau, au cours de deux journées « Ramène tes bottes », les élèves ont pu eux aussi visiter les lieux, dûment équipés et casqués, pour découvrir leur futur lieu d’apprentissage mais aussi les techniques et les métiers de la construction. On leur a même confié des pinceaux pour qu’ils participent à l’aménagement de la base vie du chantier (cf vidéo ci-dessous : Les journées chantier de l’école Jules Ferry en vidéo).