À Quéven, élèves et professeure testent l’aménagement idéal (56)

Près de Lorient, les 24 élèves d’une classe de CE1/CE2 de l'école Anatole France, ont expérimenté d’autres façons de réaménager une classe. Le résultat aboutit à une classe innovante, dans tous les sens du terme, où les tables ont des roulettes et les enfants peuvent travailler debout, sur des tables basses, type salon, standard et hautes, seuls ou en groupes.

« La disposition des classes en autobus face à un tableau, que ce soit un tableau noir ou même numérique, cela ne fonctionne plus. La modularité des espaces est devenue nécessaire », assure Joëlle Rolland, chargée de projets à la mairie de Quéven. Ce constat a été posé lors du bilan des « classes mobiles Apple », achetées grâce au concours national « Collège numérique », dont Quéven a été lauréate en 2017. « Le bilan a permis de mesurer à quel point l’utilisation d’outils numériques permettait d’expérimenter de nouvelles pratiques pédagogiques, mais que l’agencement de l’espace classe était un frein : le travail en ateliers, le décloisonnement restent limités car l’agencement est figé et l’espace très encombré ».

Un parti pris : réfléchir autrement

Au titre de sa compétence concernant l'entretien des bâtiments scolaires et leur équipement, mobilier et informatique, la mairie a eu l'idée de proposer une expérimentation en conseil d'école. Une enseignante de l'école Anatole France, l'une des cinq écoles de la ville, a accepté de s’investir dans le projet.

Trois années de réflexion

Entre septembre 2018 et juin 2019, différents mobiliers ont été testés : tables, chaises, bureaux, étagères. Autant les produits que leur agencement. C'est l'institutrice qui avait la main sur l’expérience, avec l'avis des élèves. Le comité de pilotage a fait le point toutes les six semaines, avant chaque vacances scolaires. Les achats de mobilier n'ont été validés qu'à l'issue de cette première année, et les travaux effectués l'été suivant. L'année scolaire 2019-2020 a porté la deuxième phase de test de la nouvelle configuration, avec une classe totalement réagencée et dotée de son nouveau mobilier.

Le bilan final a été reporté à la rentrée 2021 en raison des complications liées à la crise sanitaire pendant l'année écoulée.

La modularité au service de l'innovation pédagogique…

La classe en question a été refaite « du sol au plafond ». Des murs ont été cassés. L'enseignante en a profité pour revoir ses pratiques, décloisonner la façon de travailler des élèves, « ce qui permet de les rendre plus autonomes », par exemple au travers d'ateliers organisés « pour fonctionner en mode projet ».

… et du mieux-être des élèves

Les enfants ont testé des tables à hauteur, leur permettant de travailler debout, des chaises tournantes, pratiques pour les enfants qui ont du mal à rester en place et concentrés. « Il s'avère que la chaise qui tourne mais sans bruit, ce n'est pas pire qu'un enfant qui n'est plus attentif ! », précise l’adjointe au maire. Les enfants peuvent maintenant aussi se lever, aller s'asseoir sur un pouf et prendre « un peu de recul » avec un livre par exemple, et ainsi « se concentrer de nouveau ». Cela permet « des différenciations dans les apprentissages ». Ces aménagements ont tout simplement « autorisé les déplacements », ce qui n'occasionne pas plus de chahut ou de bruit. « Cela bouge mais ce n'est pas agité ni bruyant » reprend l'élue, convaincue que « les enfants ont gagné en autonomie, et en cohésion ».

Une condition de réussite : l'engagement d'un prestataire

La chargée de projets a sollicité deux fournisseurs, au début du projet, pour du prêt de mobilier. L'un a accepté : l'Union des Groupements d'Achats Publics (Ugap), la centrale d'achat de mobilier scolaire pour les collectivités. Sans son engagement, l'expérience aurait été impossible. L’Ugap a également mis au service de l'expérimentation ses architectes d'intérieur. « Ils nous ont notamment aidés sur le travail des couleurs », explique la chargée de projets. La mairie s'était, elle, engagée « à servir de vitrine », « ce que nous avons fait de bon cœur d'autant qu'ils n'en ont pas abusé », précise l'élue.

Léger surcoût

« Il a fallu passer quelques réunions municipales à convaincre les collègues sur l'utilité de changer le mobilier, de mettre des roulettes aux tables etc. Mais ils l'ont été au fur et à mesure des retours de l'expérimentation », raconte l'élue. C'était une classe qui devait être entièrement refaite, donc forcément le budget a été élevé mais « sans être astronomique », car l'enseignante a aussi choisi de conserver du mobilier ancien. Le surcoût est surtout lié au mur qu'il a fallu percer pour créer un atelier, visible depuis la classe grâce à un hublot.

Un travail de groupe

« Ce qui nous a plu c'est que nous avons travaillé en complémentarité entre la commune et l'Éducation nationale », apprécie l'élue. C'est aussi le résultat d'un travail de groupe. Un comité de pilotage a construit ces liens. Il a réuni l'élue, l'enseignante, la chargée de projets, la direction de l'école, l'inspection de l'Éducation nationale et l'Ugap. Les services techniques de la ville ont bien sûr été associés, car ils ont été sollicités tout au long de l'expérimentation, pour déplacer des câbles, casser des murs, etc.

La suite ?

La crise sanitaire et son impact sur la vie des écoles a compliqué la réalisation d'un bilan prévu cette année. Il a été reporté à la rentrée 2021. L'expérimentation va se poursuivre, cette fois avec une classe de maternelle.

Le projet résumé en quelques chiffres

  • 2018-2019 : expérimentation de divers mobiliers et de l'agencement
  • Été 2019 : travaux et achats de mobilier
  • 2019-2020 : test en grandeur nature
  • Coût total du mobilier : 6.244 € TTC
  • Coût total des travaux : 25.745 € TTC

Commune de Quéven

Nombre d'habitants :

8963
place Pierre Quinio CS 30010
56531 Quéven Cedex

Joëlle Rolland

Chargée de projets

Hélène Lanternier

Adjointe au maire, déléguée aux affaires scolaires, périscolaires et petite enfance

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