Bagnères-de-Bigorre: des capteurs acoustiques pour lutter contre les fuites d'eau (65)
Afin de lutter contre les fuites dans le réseau d’eau potable, des capteurs acoustiques connectés ont été installés dans le centre-ville de Bagnères-de-Bigorre. En quelques mois, une baisse de quelque 50 % des pertes a déjà été enregistrée.
À l’heure du changement climatique, la lutte contre les fuites d’eau est devenue une priorité à l’échelle nationale. Elle constitue d’ailleurs l’un des volets majeurs du Plan eau, dévoilé par le gouvernement au printemps. En effet, les pertes sur le réseau de distribution d’eau potable du pays représentant 20 % des volumes, comme le pointe le rapport de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement, publié cet automne par l’Office Français de la Biodiversité.
Les collectivités locales traquent donc les fuites, à l’instar de Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées. « Depuis quelques années, le rendement intra-muros de notre réseau de distribution d'eau potable diminuait, et notamment celui issu de notre principale ressource, le réservoir de Médous qui alimente la commune ainsi que la communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées et le Syndicat intercommunal d’assainissement et d’eau potable du Haut-Adour. En 2022, ce rendement était descendu à 70 %. Nous avons donc déployé en avril dernier un système de surveillance dans le secteur du centre-ville, explique Marielle Laffitte, ingénieure en charge de l’eau, de l’assainissement et des eaux thermales, au sein des services techniques de la ville. Nous avons mis en place 50 capteurs acoustiques fixes pour détecter les fuites dans le centre-ville, de nuit. La ville en avait déjà 10, mais ils étaient déplacés régulièrement, et ne suffisaient pas à localiser précisément les fuites. »
112 piscines
Ces capteurs, équipés de cartes SIM, communiquent entre eux. Associés à des compteurs de sectorisation affinant l’analyse, ils permettent de localiser les fuites au plus vite. Des alertes sont alors transmises, via une plateforme logicielle, aux agents de Véolia – délégataire du service public d’eau potable de la commune - qui peuvent intervenir rapidement sur les canalisations.
Le fait d’être en délégation de service public – et non en régie directe – n’a aucunement été un obstacle, précise l’ingénieure, relevant que cette mesure faisait justement partie du plan d’action que Véolia a proposé à la municipalité pour traquer ces fuites.
Installé fin avril, le dispositif a permis de réduire de plus de 50 % les fuites observées. « Au début de l’été, on est passés d’un débit de fuite de nuit de 16 m3 par heure à 8 m3 par heure, ce qui correspondrait, à l’échelle d’une année, à une économie de 70 000 m3 soit 112 piscines sur le seul secteur du centre-ville. Et après une très légère hausse durant l’été, le débit de fuite est aujourd’hui de 7 m3 par heure », indique Marielle Laffitte.
Remplacement de 500 mètres de canalisation
La pose de ces capteurs s’inscrit, ajoute-t-elle, dans le cadre plus vaste du chantier lancé par la commune pour réhabiliter son réseau d’eau potable. C’est notamment un préalable à la réalisation prochaine d’un schéma directeur d’alimentation en eau potable (SDAEP) et d’un plan de gestion de sécurité sanitaire des eaux (PGSSE). Ces documents doivent permettre de « pointer les travaux prioritaires pour les prochaines années », notamment via « un état des lieux de la population raccordée ou non au réseau d’eau potable de la commune, de celle qui serait raccordable et dans quelles mesures, techniques et financières », souligne l’ingénieure. Un appel d’offres a été lancé, et un bureau d’études vient d’être sélectionné pour réaliser ce SDAEP et ce PGSSE.
Une nouvelle unité de production d’eau potable
Toujours dans une optique de lutte contre les fuites, la commune a aussi décidé de renouveler 500 mètres de conduites, dans un secteur collinaire connu pour le risque de casse. Les travaux devraient durer un mois et demi.
La commune s’est parallèlement engagée dans un vaste chantier : celui de la construction d’une nouvelle usine de production d’eau potable sur le site de Médous, sa principale ressource. « Sur le territoire, zone de montagne, nous avons globalement une eau de bonne qualité - pas de problème de pesticides ou de nitrates. Mais lors des épisodes pluvieux nous souffrons d’un problème de turbidité de l’eau que l’usine actuelle, qui date de 1928, ne permet pas de résoudre », explique Marielle Laffitte.
Vu l’ampleur du projet, un syndicat mixte de production d’eau potable, associant la commune et la communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées, a été constitué au 1er janvier 2023. À ce jour, il réalise les investissements relatifs aux deux captages alimentant la station et à la construction de la future usine, qui devrait débuter en 2024. L’usine actuelle reste sous gestion communale jusqu’à sa déconstruction.
Le financement du projet
En 2023, la commune de Bagnères-de-Bigorre a investi :
- Environ 38 000 euros hors taxes pour la mise en place des capteurs acoustiques fixes, et 18 000 euros hors taxes pour la pose de débitmètres de sectorisation (un en centre-ville et deux sur l’adduction de réservoirs d’eau potable)
- Et environ 78 000 euros pour la réalisation à venir du SDAEP et du PGSSE
L’ensemble de ces investissements devrait être financé à hauteur de 50 % par l’Agence de l’eau Adour-Garonne lors d’un prochain passage en commission des aides.
Elle a aussi investi 182 000 euros hors taxes pour le renouvellement, en cours, des 500 mètres linéaires de réseau d’eau potable.
Les investissements annuels de la commune pour le budget annexe de l'eau potable oscillent entre 550 000 et 750 000 € HT, indique la municipalité.
La construction de la nouvelle usine sur le site de Médous, dont le coût avoisine les 5,7 millions d’euros, devrait être subventionnée à 40 % par l’Agence de l’eau Adour Garonne, et par le Conseil départemental à hauteur de 7,5 à 10 %.
Commune de Bagnères-de-Bigorre
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