Mérignac économise l'eau depuis plus de 20 ans, avec succès (33)
Mérignac, près de Bordeaux, est engagée depuis plus de 20 ans dans la réduction de sa consommation d'eau. En agissant sur son patrimoine bâti et ses espaces verts, la ville a diminué sa consommation de près de 35 % et chaque euro investi a permis d'éviter une dépense de 7 €. Soucieuse de conserver ses acquis, Mérignac s'apprête à enclencher une nouvelle étape, en interrogeant de nouveau ses politiques consacrées aux espaces verts et aux bâtiments communaux.
« Ce qui a été fait en matière d’économies d'eau est aujourd'hui acquis et notre démarche peut être reproduite dans n'importe quelle collectivité », indique Gérard Chausset, adjoint au maire de Mérignac, en charge du domaine public, des espaces verts et des travaux, initiateur il y a 20 ans de la politique de réduction de la consommation d'eau potable de la ville. « C'est même plus simple aujourd'hui, car les citoyens sont sensibilisés et qu'il y a bien plus de solutions techniques que nous n'en avions à l'époque. » En 2002, on parlait peu d'eau, « l'eau, ça n'avait pas d'importance, ce n'était pas grave. Une facture d'eau subitement élevée, du fait de fuites que nous ne repérions pas, a chez nous été l'élément déclencheur. » L'élu membre de la Commission locale de l'eau (CLE) était aussi au fait de la surexploitation de la ressource locale, puisée dans les nappes profondes de Gironde. Pour économiser sur le budget communal et amorcer un changement de comportement global, il décide d'engager Mérignac dans une politique exemplaire de réduction de sa consommation d'eau potable, au titre de son Agenda 21 local. Une démarche en conformité avec les attentes définies par le SAGE Nappes profondes de Gironde, acté en 2003.
Un technicien pilote, qui fédère autour de la démarche
Première étape indispensable selon Gérard Chausset : missionner un agent municipal sur le sujet. « C'est essentiel d'avoir quelqu'un de responsabilisé, qui fasse le job sur le terrain et ait une autorité pour faire bouger les choses. » À Mérignac, il trouve la personne idoine au sein des services municipaux : formée dans le domaine de l'eau, elle est alors en charge du recyclage des déchets. Une fois cette « économe de flux » repositionnée sur la fiche de poste attendue avec un financement de l'Agence de l'eau, elle fédère autour d'elle deux services clés au regard de la gestion de l'eau : le service technique-bâtiments et les espaces verts. « C'est une petite révolution qu'il faut engager en changeant des habitudes ancrées, souligne l'élu. Il faut donc avoir tout le monde autour de la table. Nous avons aussi engagé une politique de formation des agents concernés. »
Connaître et maîtriser son réseau d'eau
L'étape suivante a consisté à faire l'inventaire de tous les compteurs, comprendre ce qu'ils alimentaient pour permettre un suivi précis des consommations d’eau des équipements de la municipalité. « Avant, la gestion des compteurs d'eau et les factures était réalisée par des services différents. Il s'est agi de rapprocher et connecter le côté opérationnel de terrain de la gestion financière », souligne l'élu. La surveillance mensuelle manuelle de ces compteurs a ensuite été instituée. Ces suivis, doublés d'études de consommation (analyses de la consommation instantanée d'eau sur un site de forte consommation et sur une durée de quelques jours grâce à un dispositif ambulant), ont permis d'identifier plusieurs dysfonctionnements et fuites d'eau : des sanitaires qui fuyaient, des vannes mal fermées à la piscine… Le relevé manuel est ensuite passé en automatique en 2014 par télé relève.
La ville a également lancé une politique de modernisation des équipements sanitaires de ses bâtiments les plus consommateurs : Hôtel de ville, groupes scolaires, vestiaires des stades et gymnases. « Nous avons progressivement investi dans des équipements hydro économes : mousseurs pour les douches, WC doubles chasses alors qu'il n'y en avait quasiment aucun à l'époque », précise l'élu. Cette politique s'est effectuée sans surcommuniquer : « On communiquait après, une fois les résultats obtenus, pour éviter les inquiétudes infondées. » Les économies sur les consommations d’eau mais aussi d’énergie, ont alors permis un retour sur investissement très rapide. Chaque année, le budget a ainsi priorisé les équipements à moderniser. À partir de 2006, les bâtiments neufs ont aussi été systématiquement équipés de matériel hydro-économe.
Moins d'eau pour les espaces verts
Côté espaces verts, la ville a systématisé un « juste arrosage » : pluviomètres, arrosage de nuit pour limiter l'évaporation, programmation automatique ajustée aux besoins des végétaux : « Nous n'arrosons plus les végétaux suffisamment matures par exemple, ni les espaces verts des écoles l'été ou les pelouses ». Les plus gros espaces verts, notamment en centre-ville, bénéficient d'une télégestion centralisée de l'arrosage depuis 2010, ajustée au jour le jour selon la météo. Plusieurs réserves d'eau de pluie ont aussi été créées, pour l'arrosage des espaces verts ou le nettoyage des matériels : 30 m3 sur une église, 40 m3 sur les serres municipales... « 5 000 à 10 000 m3 d'eau de pluie sont ainsi récupérés chaque année », précise l'élu. Les nouveaux espaces verts sont également conçus pour être économes en eau. « Il y a eu une très forte baisse de la consommation d'eau sur les espaces verts depuis 2016, liée à la forte diminution de l'arrosage des pelouses l'été. Des pelouses jaunies, c'est aujourd'hui accepté par les habitants : ça compte beaucoup pour la baisse des consommations d'eau. »
Près de 35 % de baisse des consommations
En 20 ans, la consommation globale des services municipaux a ainsi baissé de près de 35 %, (45 % pour les espaces verts et 20 % pour les bâtiments), alors même que de nouveaux espaces verts ont été créés et que la surface des bâtiments a augmenté (+10 000 m2). En cumulé, ce sont environ 1 million de m3 qui ont été économisés. Et si la facture n'a pas baissé autant, en raison de la hausse du prix de l'eau, le programme a quand même permis d'éviter des dépenses conséquentes. « On estime que chaque euro investi a permis une économie de 7 euros », indique l'élu. S'il est difficile de baisser encore plus la consommation, la ville s'applique aujourd'hui à maintenir ses acquis. La prochaine étape, prévue avec Bordeaux Métropole désormais compétente en matière d'eau, est une réponse à un appel à projet de l'Agence de l'Eau : « Nous allons renforcer le nombre d’espaces verts en télégestion, s'adapter encore plus au changement climatique en prévoyant de nouvelles citernes de récupération d'eau de pluie, concevoir des espaces verts encore plus résilients et également engager le service des sports dans cette politique d'économies d'eau ».
Les économies d’eau à Mérignac en chiffres
- 35 % de réduction de la consommation d’eau potable en 20 ans, soit une économie d’eau cumulée d'environ 1 million de m3 : 45 % de baisse pour les espaces verts, 20 % de baisse sur les bâtiments municipaux
- 5 000 à 10 000 m3 d'eau récupérés par an dans les réserves d'eau de pluie
- La ville estime que chaque euro dépensé sur le programme a permis d'en économiser sept
Commune de Mérignac
Nombre d'habitants :
Gérard Chausset
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