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Compétitivité - Etude COE-Rexecode : l'Allemagne, c'est bien ; la France, c'est mal

Dans une étude commandée par le ministère de l'Economie, COE-Rexecode compare la compétitivité de la France et de l'Allemagne et explique les principaux décalages, en faveur de l'Allemagne...

L'écart de compétitivité industrielle, entre la France et l'Allemagne, ne cesserait de se creuser depuis 2000. C'est le constat réalisé par COE-Rexecode, institut français d'études économiques, dans une étude sur la différence de compétitivité entre la France et l'Allemagne réalisée à la demande du ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. A l'appui de cette assertion, l'étude cite notamment le commerce extérieur. "En 2000, les exportations françaises étaient proches de 55% des exportations allemandes. Elles n’en représentent plus aujourd’hui que 40%." Les 35 heures, dont Nicolas Sarkozy a dit récemment, lors de ses vœux aux partenaires sociaux, qu'elles n'existaient plus, seraient la cause principale de cet affaissement compétitif estimé. "La France a imposé une réduction forte et uniforme de la durée du travail par la loi ce qui a considérablement et brutalement réduit le nombre moyen d’heures de travail effectivement réalisées par semaine, engendré une hausse des coûts horaires et des coûts unitaires de production." Aussi convient-il de laisser les entreprises fixer elles-mêmes la durée du travail. "Il nous semble aujourd’hui nécessaire de rouvrir le dossier de la durée du travail en privilégiant la négociation dans l’entreprise et en limitant à ce qui est nécessaire dans le champ des obligations légales." Autre point souligné par l'étude : les coûts salariaux seraient supérieurs en France... du moins c'est probable. "Le point essentiel (...) est que selon les enquêtes disponibles le coût moyen de l’heure de travail dans l’industrie a augmenté en France plus rapidement qu’en Allemagne d’environ 10% dans la première partie des années 2000, l’écart de tendance se prolongeant depuis et s’amplifiant probablement." En tout état de cause, les salariés français seraient trop payés... et pas assez précarisés. "L’Allemagne est très peu interventionniste en termes de fixation du salaire minimum (...) La politique de fidélisation du marché du travail a permis le recours massif à l’intérim dans l’industrie qui a fait concurrence à l’emploi conventionné." En outre, les entreprises françaises n'ont pas assez délocalisé. "On relèvera qu’à côté des efforts de modération salariale, les entreprises industrielles allemandes ont développé au cours des décennies 90 et 2000 une stratégie d’outsourcing d'une partie de la chaine de valeur intensive en main d’œuvre vers les pays d’Europe centrale puis d’autres pays émergents. Cette politique a participé à l’amélioration de la compétitivité coût allemande."

L'Etat français ne subventionne pas assez la recherche des entreprises privées

L'étude souligne aussi le manque d'entreprises familiales en France, alors que l'Allemagne en est remplie. Conclusion : il faut alléger, sinon supprimer, l'impôt sur la fortune (ISF) et les droits de succession. "En France, l’ISF et les droits de succession ont découragé la possession et les transmissions patrimoniales d’entreprises." Et plus loin dans le rapport : "Les droits de succession et l’ISF sont dramatiques et créent des incitations défavorables." Autre point faible de la France : la formation des ingénieurs français qui serait trop théorique, alors que les Allemands sont des personnes pragmatiques. "En Allemagne, on bénéficie d’une formation très orientée vers la pratique avec des missions en entreprise pour travailler sur les process. A l’issue de leur formation universitaire, les ingénieurs allemands sont fiers d’exercer leur métier dans le secteur industriel et de travailler dans le process. En France, on apprend plutôt à être ingénieur "théoricien". Par ailleurs, l'Etat ne subventionne pas assez la recherche des entreprises privées. "Un effort de recherche plus important en France (…) constituerait à coup sûr un facteur de compétitivité. Nos enquêtes qualitatives montent que cet effort devrait porter prioritairement sur la recherche en entreprises." A contrario l'Etat subventionnerait trop la recherche publique. "Le monde de la recherche en France a toujours considéré que les partenariats industriels n’étaient pas prioritaires, même si c’est un peu moins vrai qu’il y a dix ans. Nous avons de ce point de vue un retard considérable par rapport aux Allemands qui sont beaucoup plus pragmatiques car ils incitent les chercheurs à trouver des contrats auprès des industries pour financer leurs laboratoires. En France, l’organisation de la recherche est assimilée à une action régalienne qui doit être financée par les subsides nationaux."

Des pôles de compétitivité trop régionaux

Enfin, les pôles de compétitivité, mis en place par le gouvernement Raffarin, en 2005, seraient trop... régionaux. "En France, ces pôles sont beaucoup trop régionalisés car l’on souhaite à tout prix associer des entreprises régionales y compris celles qui sont moins qualifiées plutôt que de rechercher le véritable leader en la matière qui permettra de créer un pôle d’excellence." La solution préconisée par COE-Rexecode ? Installer ces pôles dans des grandes villes, et mettre à leur tête des entreprises d'envergure nationale. "Les pôles de compétitivité devraient davantage s’articuler autour de la compétence dans un domaine particulier en essayant de créer un centre d’excellence qui sera implanté dans une grande ville et dans lequel seront regroupés les meilleurs représentants de la discipline." Conclusion du rapport : l'Allemagne est un pays libéral, alors que la France ne l'est pas, et c'est pourquoi l'Allemagne est plus compétitive que la France. "Le modèle social allemand est peu interventionniste. Il reste profondément libéral (…) En revanche, les Allemands savent mettre en oeuvre des consensus et hiérarchiser les priorités. Ils ont le sens du jeu des contreparties : le patron 'sauve l’emploi' et reçoit quelque chose en échange."
Il est vrai que, lorsque les banques et gestionnaires d'actifs, qui représentent un tiers des adhérents de COE-Rexecode, ont reçu de l'Etat des prêts et garanties massifs, en échange de leur spéculation, l'interventionnisme public était cette fois le bienvenu.